Les techniques qui permettent de rendre un discours convaincant Exercice fondamental

Contrairement à la démarche de persuasion, le discours qui cherche à convaincre doit faire appel à la raison du destinataire : l'enjeu est de faire adhérer le destinataire à une thèse, à une opinion affirmée et que l'on défend mais qui n'est pas forcément une vérité universelle, prouvée scientifiquement et admise par tous. Contrairement à une démonstration scientifique, le discours convaincant n'est donc pas irréfutable. Pour cela, l'auteur peut utiliser plusieurs techniques, dans la structure tout d'abord, puis dans les procédés rhétoriques du raisonnement en lui-même.

Tout d'abord, le discours convaincant cherche à faire apparaître la thèse qu'il défend comme la seule acceptable, la plus logique et recevable aux yeux de la raison. Pour cela, il doit se structurer de manière à conduire le destinataire vers une conclusion qui apparaît comme la seule possible à l'issue d'un raisonnement logique et bien articulé. Pour cela, le discours convaincant suit une démarche rhétorique qui articule l'exposition de la thèse, la production d'arguments les plus objectifs et rationnels possibles et d'exemples vérifiables qui viennent les illustrer et prouver leur vérité. Généralement, le discours convaincant part de l'argument le plus évident, le plus commun pour terminer sur des idées plus approfondies. L'objectif est de permettre à l'interlocuteur de suivre et comprendre le cheminement de la pensée, la progression logique du raisonnement. Parmi les arguments auxquels il peut avoir recours, l'auteur peut utiliser des arguments d'autorité, comme la citation d'un auteur connu ou un proverbe de la sagesse populaire, qui lui permettent de prouver que son opinion est partagée. Par exemple, dans La Controverse de Valladolid, le personnage du philosophe, Sepúlveda, recourt souvent à des arguments d'autorité, en citant notamment Aristote et Saint-Augustin. L'ensemble du discours est rendu plus fluide par l'utilisation des connecteurs logiques qui permettent de montrer l'articulation des arguments entre eux. Dans cet extrait de la lettre ouverte de Zola intitulée "J'accuse", les liens de cause à conséquence permettent à l'auteur d'articuler soigneusement son raisonnement : "Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure."

Dans un second temps, l'auteur a recourt à des procédés rhétoriques qui permettent de rendre son opinion plus convaincante. Tout d'abord, contrairement à la démonstration, qui se présente comme une vérité irréfutable où l'énonciateur s'efface pour laisser parler une vérité aussi universelle qu'impersonnelle, le discours convaincant propose une opinion qui doit être défendue : pour cela, l'énonciateur fait sentir sa présence afin d'affirmer sa thèse. Il utilise donc généralement la première personne du singulier pour s'exprimer. Ainsi, "J'accuse" de Zola affirme dès son titre la dimension personnelle de l'opinion formulée. Par ailleurs, afin de faire appel à la raison de son interlocuteur pour mieux le convaincre, l'auteur du discours utilise généralement le registre didactique qui lui permet de faire comprendre, de se mettre dans une posture de maître enseignant à son élève. Le registre polémique, qui peut être utilisé, reste trop émotionnel pour convaincre et on lui préfère généralement le registre didactique comme dans les morales d'une fable. Enfin, le discours peut utiliser plusieurs types de raisonnements : contrairement au raisonnement inductif, qui part du particulier pour arriver au général, ce que fait généralement la démonstration, il recourt souvent au raisonnement déductif qui part du général pour arriver au particulier. Il peut également recourir au raisonnement par analogie, qui compare deux éléments : c'est la démarche de beaucoup de penseurs humanistes et des Lumières qui étendent ce type de raisonnement à la démarche d'une œuvre entière pour convaincre. C'est par exemple le cas de Montesquieu dans Les Lettres persanes. Enfin, le discours convaincant peut admettre certains éléments d'une thèse adverse afin de mieux les réfuter pour soutenir l'opinion qu'il défend : c'est ce que l'on appelle la concession.