On donne un texte extrait de l'article "Le Philosophe" de Denis Diderot (Texte A) et un texte extrait de la pièce Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (Texte B).
Texte A
Philosopher, c'est donner la raison des choses, ou du moins la chercher ; car tant qu'on se borne à voir et à rapporter ce qu'on voit on n'est qu'historien. Quand on calcule et mesure les proportions des choses, leurs grandeurs, leurs valeurs, on est mathématicien ; mais celui qui s'arrête à découvrir la raison qui fait que les choses sont, et qu'elles sont plutôt ainsi que d'une autre manière, c'est le philosophe proprement dit.
Texte B
Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de je ne sais pas qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire ! Las d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche une comédie dans les mœurs du sérail. Auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l'instant un envoyé... de je ne sais où se plaint que j'offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu'île de l'Inde, toute l'Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l'omoplate, en nous disant : chiens de chrétiens. Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. Mes joues creusaient, mon terme était échu : je voyais de loin arriver l'affreux recors, la plume fichée dans sa perruque : en frémissant je m'évertue. Il s'élève une question sur la nature des richesses; et, comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sol, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net : sitôt je vois du fond d'un fiacre baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté.
Quelle est la thèse défendue par le texte A ?
- Le texte est une définition de la philosophie sous la forme d'une entrée de dictionnaire.
- Il a recours à des arguments logiques pour définir la fonction du philosophe, telle que la comparaison au mathématicien.
- L'auteur fait un parallèle entre l'étude des mesures et proportions de la physique et l'étude de la condition humaine.
- Cependant, le philosophe va plus loin dans ses observations puisqu'il s'intéresse aux causes.
La philosophie est une science raisonnée qui s'attache à comprendre les causes plutôt que les effets.
Quelle est la thèse défendue par le texte B ?
- Figaro propose un monologue attristant sur sa condition.
- Le personnage utilise le registre élégiaque (de la plainte) afin de dénoncer la maltraitance qu'il subit de la part de son maître.
- Le lecteur est amené à lire implicitement la violence des rapports entre maître et valet.
Le texte B défend la thèse selon laquelle l'asservissement entraîne une existence malheureuse.
Lequel de ces textes est convaincant ? Lequel est persuasif ?
- Le texte A développe deux arguments logiques pour définir le philosophe. Il s'agit de deux contre-exemples. Le premier est celui de l'historien : "tant qu'on se borne à voir et à rapporter ce qu'on voit on n'est qu'historien". Le deuxième est celui du mathématicien : "Quand on calcule et mesure les proportions des choses, leurs grandeurs, leurs valeurs, on est mathématicien".
- Le texte B cherche à émouvoir le lecteur concernant la condition sociale de Figaro. Pour ce faire, l'auteur utilise des formes exclamatives, avec des interjections empruntées à la tragédie afin de trahir l'émotion du personnage : "Las d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou !".
Le texte A cherche à convaincre et le texte B cherche à persuader.