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  4. Exposé type bac : Madame Bovary, La lettre de rupture de Rodolphe

Madame Bovary, La lettre de rupture de Rodolphe Exposé type bac

Sommaire

ILa situation d'énonciationIILa difficulté à écrireIIIUn personnage médiocreIVLa lâcheté de RodolpheVUne parodie du romantisme

- Allons, se dit-il, commençons !
Il écrivit :
"Du courage, Emma ! du courage ! Je ne veux pas faire le malheur de votre existence…"
- Après tout, c'est vrai, pensa Rodolphe ; j'agis dans son intérêt ; je suis honnête.
"Avez-vous mûrement pesé votre détermination ? Savez-vous l'abîme où je vous entraînais, pauvre ange ? Non, n'est-ce pas ? Vous alliez confiante et folle, croyant au bonheur, à l'avenir… Ah ! malheureux que nous sommes ! insensés !"
Rodolphe s'arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse.
- Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ?… Ah ! non, et d'ailleurs, cela n'empêcherait rien. Ce serait à recommencer plus tard. Est-ce qu'on peut faire entendre raison à des femmes pareilles !
Il réfléchit, puis ajouta :
"Je ne vous oublierai pas, croyez-le bien, et j'aurai continuellement pour vous un dévouement profond ; mais, un jour, tôt ou tard, cette ardeur (c'est là le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute ! Il nous serait venu des lassitudes, et qui sait même si je n'aurais pas eu l'atroce douleur d'assister à vos remords et d'y participer moi-même, puisque je les aurais causés. L'idée seule des chagrins qui vous arrivent me torture, Emma ! Oubliez-moi ! Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ? Ô mon Dieu ! non, non, n'en accusez que la fatalité !"
- Voilà un mot qui fait toujours de l'effet, se dit-il.
"Ah ! si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit, certes, j'aurais pu, par égoïsme, tenter une expérience alors sans danger pour vous. Mais cette exaltation délicieuse, qui fait à la fois votre charme et votre tourment, vous a empêchée de comprendre, adorable femme que vous êtes, la fausseté de notre position future. Moi non plus, je n'y avais pas réfléchi d'abord, et je me reposais à l'ombre de ce bonheur idéal, comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences."
- Elle va peut-être croire que c'est par avarice que j'y renonce… Ah ! n'importe ! tant pis, il faut en finir !
"Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l'outrage peut-être. L'outrage à vous ! Oh !… Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône ! moi qui emporte votre pensée comme un talisman ! Car je me punis par l'exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars. Où ? Je n'en sais rien, je suis fou ! Adieu ! Soyez toujours bonne ! Conservez le souvenir du malheureux qui vous a perdue. Apprenez mon nom à votre enfant, qu'il le redise dans ses prières."
La mèche des deux bougies tremblait. Rodolphe se leva pour aller fermer la fenêtre, et, quand il se fut rassis :
- Il me semble que c'est tout. Ah ! encore ceci, de peur qu'elle ne vienne à me relancer.
"Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j'ai voulu m'enfuir au plus vite afin d'éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai ; et peut-être que, plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu !"
Et il y avait un dernier adieu, séparé en deux mots : À Dieu ! ce qu'il jugeait d'un excellent goût.
- Comment vais-je signer, maintenant ? se dit-il. Votre tout dévoué ?… Non. Votre ami ?… Oui, c'est cela.
"Votre ami."
Il relut sa lettre. Elle lui parut bonne.
- Pauvre petite femme ! pensa-t-il avec attendrissement. Elle va me croire plus insensible qu'un roc ; il eût fallu quelques larmes là-dessus ; mais, moi, je ne peux pas pleurer ; ce n'est pas ma faute.
Alors, s'étant versé de l'eau dans un verre, Rodolphe y trempa son doigt et il laissa tomber de haut une grosse goutte, qui fit une tache pâle sur l'encre ; puis, cherchant à cacheter la lettre, le cachet Amor nel cor se rencontra.
- Cela ne va guère à la circonstance… Ah bah ! n'importe !
Après quoi, il fuma trois pipes et s'alla coucher.

Gustave Flaubert

Madame Bovary

1856

I

La situation d'énonciation

  • Flaubert choisit de raconter comment Rodolphe écrit la lettre. Cela permet de créer une situation d'énonciation originale.
  • On trouve le contenu de la lettre, retranscrit entre guillemets.
  • On a aussi les pensées ou les paroles de Rodolphe au style direct : "Allons, se dit-il, commençons !", "Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ?".
  • Enfin, il y a la narration avec une focalisation omnisciente : "Et il y avait un dernier adieu, séparé en deux mots À Dieu ! ce qu'il jugeait d'un excellent goût."
  • On voit donc Rodolphe paraître sous trois aspects différents.
II

La difficulté à écrire

  • Rodolphe est présenté comme ayant des difficultés à écrire, idée renforcée par l'exhortation initiale : "Allons, commençons !"
  • Écrire est une corvée.
  • Rodolphe travaille lentement : "Rodolphe s'arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse", "Il réfléchit puis ajouta", "Rodolphe se leva pour aller fermer la fenêtre et quand il se fut rassis".
  • Les nombreuses questions de Rodolphe l'empêchent d'avancer : "Si je lui disais que ma fortune est perdue ?", "Elle va peut-être croire que c'est par avarice que j'y renonce", "Comment vais-je signer maintenant ?".
  • Les réponses à ces interrogations sont courtes : "Ah ! non, et d'ailleurs ça n'empêcherait rien", "Ah n'importe, tant pis il faut en finir", "Votre tout dévoué ? Non. Votre ami ? Oui, c'est cela".
  • On voit la difficulté pour Rodolphe d'écrire une lettre de rupture amoureuse alors qu'il n'est pas amoureux.
III

Un personnage médiocre

  • Flaubert présente Rodolphe comme un personnage médiocre.
  • Il s'auto-satisfait : "Après tout, c'est vrai…j'agis dans son intérêt, je suis honnête", "voilà un mot qui fait toujours de l'effet", "il me semble que c'est tout", "ce qu'il jugeait d'un excellent goût", "il relut la lettre. Elle lui parut bonne".
  • On peut souligner l'ironie de Flaubert avec l'utilisation du verbe "paraître".
  • C'est un personnage vulgaire qui ne pense qu'à l'argent : "si je lui disais que ma fortune est perdue", "elle va croire que c'est par avarice que j'y renonce".
IV

La lâcheté de Rodolphe

  • Rodolphe est un menteur. Il n'a pas le courage de dire clairement les choses à Emma. Il lui dit qu'il ne l'aime plus de façon détournée : "mais un jour, tôt ou tard, cette ardeur (c'est là le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute".
  • Il emploie des euphémismes. Il dit les choses très vaguement en utilisant de nombreuses marques temporelles indéfinies : "un jour", "tôt ou tard".
  • On note l'utilisation du conditionnel ainsi que du modalisateur "sans doute".
  • Il écrit également : "Il nous serait venu des lassitudes". En incluant Emma, il veut oublier qu'il est le seul responsable.
  • Rodolphe apparaît donc comme un être lâche qui rejette la faute sur les autres.
V

Une parodie du romantisme

  • Flaubert se moque ici du romantisme.
  • Rodolphe utilise des clichés. Il parle de la "fatalité". Il utilise également la religion : "apprenez mon nom à votre enfant, qu'il le redise dans ses prières". Il utilise des vérités générales : "le monde est cruel".
  • Les comparaisons de Rodolphe sont médiocres : "Je me reposais à l'ombre de ce bonheur idéal comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences".
  • Il utilise de nombreuses apostrophes pour montrer qu'il souffre : "Emma" trois fois ; "pauvre ange".
    Il utilise aussi des interjections : "Oh", "Ah", "Non, n'est-ce pas ?".
  • La surabondance de phrases exclamatives et interrogatives marque l'émoi ; elles sont pleines de clichés : "Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ?"
  • Rodolphe mime la souffrance avec un vocabulaire hyperbolique : "Ah malheureux que nous sommes ! Insensés !", "J'aurais eu l'atroce douleur d'assister à vos remords…!", "l'idée seule des chagrins qui vous arrivent me torturent, Emma !", "Je me punis par l'exil de tout le mal que je vous fais !", "Je suis fou !", "le souvenir du malheureux qui vous a perdue".
  • Il flatte Emma : "Ange", "si belle", "adorable femme que vous êtes".
  • Il fait des promesses qu'il ne tiendra pas : "je ne vous oublierai pas, croyez-le bien et j'aurai continuellement pour vous un dévouement profond", "je reviendrai".

Que dénonce Flaubert dans ce passage ?

I. La médiocrité du personnage
II. La lâcheté de Rodolphe
III. Les clichés romantiques

En quoi la situation d'énonciation est-elle originale ?

I. Les pensées et paroles de Rodolphe
II. L'écriture de la lettre
III. Le point de vue du narrateur

En quoi cet extrait est-il ironique ?

I. Le décalage entre les propos de Rodolphe et sa lettre
II. Un portrait négatif et ridicule de Rodolphe
III. La parodie du romantisme

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