Expliquer le Soft power des Etats-Unis et du Brésil Exercice fondamental

On appelle "Soft power" la capacité d'un Etat d'influencer d'autres états à travers des moyens non violents comme la culture. Il s'oppose au "Hard power", qui lui utilise des moyens violents comme l'armée. Territoires et sociétés attractifs, Brésil et États-Unis usent d'un Soft power très différent.

Brésil et États-Unis sont deux territoires marqués par une forte attractivité. En effet, la poursuite de l'augmentation de leur population est liée à un fort solde migratoire. Ces deux pays attirent les migrants du monde entier. Les États-Unis sont le premier espace d'immigration au monde. Ce phénomène est constitutif de l'identité de la nation américaine. Depuis le début du XIXe siècle, on estime à plus de 75 millions le nombre de personnes ayant immigré. Sur les 315 millions d'habitants en 2015, 13% sont des immigrés et c'est au rythme d'un million chaque année que les immigrants légaux entrent sur le territoire de l'oncle Sam. Le nombre d'illégaux qui viennent en majorité d'Amérique du Sud par le Mexique est estimé à environ 12 millions. L'immigrant américain a différentes facettes : il peut être un pauvre cubain fuyant pauvreté et dictature ou un diplômé européen attiré par les universités et les centres de recherche les plus réputés au monde (Harvard, Princeton, Yale). Ce "brain drain" attire les élites du monde entier. Le Brésil est lui aussi un pays d'immigration alors qu'il a d'abord été un pays de départ. Longtemps dominée par des Européens, l'immigration brésilienne est marquée aujourd'hui par l'arrivée massive de Sud-Américains et d'Asiatiques. Attirés par la croissance et l'émergence de la première puissance d'Amérique Latine, les immigrants sont d'abord des Portugais et des Boliviens. Le pays manque d'environ 200 000 à 400 000 travailleurs qualifiés.

Malgré cette attractivité commune, le Soft power américain reste inégalable. La culture et le mode de vie américain s'étendent au monde entier grâce au cinéma et aux séries télévisés. Tournée vers l'exportation, l'industrie cinématographique représente selon les années entre 50% et 80% des parts de marché mondiales. Les firmes transnationales et leur publicité, ou encore l'utilisation de l'anglais, sont d'autres facteurs de ce Soft power. Outre la culture, l'idéologie américaine est attractive et modèle le monde : les valeurs de liberté, de démocratie et de recherche de bonheur en font un modèle à suivre. En définitive, le Soft power américain est la diffusion et l'adoption par des millions de gens sur la planète de l'American Way of Life.

C'est avec le président Lula (2003 - 2011) que le Soft power brésilien entame sa construction internationale. En effet, la diffusion de la culture brésilienne s'est d'abord faite à travers les séries télévisées ou télénovelas tournées en espagnol ou portugais s'exportant d'abord sur le continent, au Portugal et l'Espagne puis dans le monde entier aujourd'hui. Le sport (le Brésil a gagné 5 fois la coupe du monde) et la samba en ont été les plus anciens vecteurs. Avec Lula, le Soft power s'accélère : organisation de la coupe du monde de football en 2014 et JO d'été en 2016. Le président profitait alors d'une croissance exceptionnelle et de bons résultats politiques. Il en a profité pour faire du Brésil un acteur crédible sur la scène internationale, en participant à un maximum de conférences internationales et en faisant entendre ses choix sur les principales questions géopolitiques. L'actuelle présidente Dilma Roussef, certes confrontée à un ralentissement de la croissance, veut consolider et affermir ce Soft power.