Expliquer les crises du début de la IIIe République.
Quelles sont les valeurs de ceux qui soutiennent Dreyfus, appelés les dreyfusards ?
Qu'est-ce que le boulangisme ?
Quel courant politique organise l'assassinat du président de la République Sadi Carnot en 1894 ?
Quel écrivain soutient Dreyfus ?
De quoi Dreyfus est-il accusé ?
La IIIe République est marquée par de nombreuses crises.
La première crise de la IIIe République est institutionnelle : elle est liée à l'opposition entre le président Mac Mahon, monarchiste, et la Chambre républicaine. Elle s'ouvre le 16 mai 1877 lorsque Jules Simon, président du Conseil, démissionne suite à un désaveu prononcé par une lettre de Mac Mahon à son intention. Cependant, il n'a pas été mis en minorité par la Chambre. Ainsi, le président annonce qu'il refuse de collaborer avec une chambre de gauche, et nomme un chef de gouvernement fidèle à sa cause : Albert de Broglie. Cela débouchera sur une crise majeure, une opposition farouche de Gambetta et une dissolution de la Chambre en juin ; cet épisode demeure dans l'histoire de la IIIe République comme un événement si clivant que la chambre ne sera plus jamais dissoute de l'histoire du régime.
La deuxième affaire marquante est celle du général Boulanger. Celui-ci est un ministre de la guerre très populaire en raison de son opposition envers l'Allemagne qui a annexé l'Alsace-Lorraine après la défaite française lors de la guerre franco-prussienne de 1870 - 1871. Alors que les monarchistes disparaissent progressivement de la vie politique, Boulanger rallie une partie des conservateurs ainsi que des mécontents de gauche. Le boulangisme se caractérise par son antiparlementarisme, considérant le régime parlementaire comme corrompu, indécis et instable, mais aussi par sa volonté d'installer un régime autoritaire. Il provoque une crise de 1886 à 1889 en s'opposant au régime républicain. Élu triomphalement à Paris, Boulanger refuse néanmoins de prendre le pouvoir par la force. Mis en accusation par les républicains, il s'enfuit puis se suicide en 1891.
La grande affaire qui secoue la IIIe République (1870 - 1940) est celle de Dreyfus. Elle divise la société française de 1898 (parution de la lettre d'Émile Zola) jusqu'à 1906 (réhabilitation de Dreyfus). L'officier juif alsacien Alfred Dreyfus (1859 - 1935) est condamné pour haute trahison par un tribunal militaire à partir d'un faux document. Il aurait donné des informations aux ennemis Allemands pendant la guerre franco-prussienne de 1870 - 1871. L'écrivain Émile Zola, à partir de la publication de l'article "J'accuse" en 1898, mobilise les intellectuels en faveur de Dreyfus au nom des droits de l'Homme et de la justice. Les anti-dreyfusards justifient leur cause par leur nationalisme, la raison d'État et par un discours militariste et souvent antisémite. La grâce de Dreyfus par le président de la République Loubet en 1899 et sa réhabilitation en 1906 mettent fin à la crise. La victoire des dreyfusards renforce la république car elle montre que celle-ci a réussi à implanter ses valeurs dans l'esprit des citoyens.
Enfin, il faut rappeler que l'union des républicains demeure complexe. Les opportunistes sont favorables à des réformes qui tiennent compte des réalités et des opportunités et se contentent donc d'une république modérée. Cependant, les radicaux et les socialistes souhaitent plus de réformes dans le domaine social et laïc.
D'autres mouvements n'acceptent pas totalement la politique de la république. C'est le cas de l'anarchisme qui conteste la "république bourgeoise", favorable aux propriétaires, et veut détruire l'État. Une vague d'attentats multiplie les violences entre 1892 et 1894, en particulier à Paris. Le président de la République Sadi Carnot est assassiné à Lyon par des anarchistes en 1894.
- Trois grandes crises marquent le début de la IIIe République : le 16 mai 1877, l'affaire Boulanger et l'affaire Dreyfus.
- Ces crises montrent les nombreuses oppositions à la République mais aussi sa capacité résoudre ces crises.