Quels sont les enjeux actuels de la gouvernance économique mondiale ?
Quel mouvement critique la gouvernance économique mondiale ?
Quelles sont les deux principales critiques adressées à la gouvernance économique mondiale ?
En quelle année débute la crise des subprimes ?
La gouvernance économique actuelle doit faire face à une série d'enjeux majeurs liés à la nouvelle donne instituée par le creusement des inégalités, la perspective d'un développement plus durable. La gestion de la gouvernance économique actuelle doit également faire face à des critiques portant sur son efficacité et son bilan après des années de fonctionnement.
Malgré le discours tenu dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, quant à la réduction des inégalités face à une croissance et un développement généralisés, les écarts de revenus et de richesses continuent de se creuser depuis le milieu des années 1980 dans de nombreux pays, pendant les années fastes et pendant les crises. Le revenu des 10 % les plus riches est aujourd'hui 9,6 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. Dans les années 1980, ce multiplicateur était de 7. Toutefois, les écarts de revenus et de richesses se sont réduits dans plusieurs pays émergents, notamment en Amérique latine, même s'ils restent bien supérieurs à ce qu'ils sont dans les pays développés. Les inégalités ne sont pas seulement dommageables à la cohésion sociale. Elles nuisent à la croissance : leur augmentation entre 1985 et 2005 a coûté en moyenne près de 4,7 points de croissance cumulée dans les pays avancés. Dans ce domaine, c'est moins l'envolée des revenus et de la richesse des 1 % les plus fortunés qui importe que le sort réservé aux quatre premiers déciles de revenu, les 40 % les plus défavorisés, dont la mobilité sociale et professionnelle se trouve réduite. Réduire le fossé entre riches et pauvres et offrir à tous des possibilités de développement supposent que les responsables de la gouvernance économique mondiale agissent dans quatre directions : accroître la participation des femmes au marché du travail, promouvoir l'emploi et un emploi de qualité, développer l'éducation et les compétences, mettre en place une politique de redistribution efficace visant notamment à ce que les personnes plus riches et les firmes multinationales assument leur part de fiscalité.
Face aux crises et au creusement de ces inégalités, les critiques portées à la gouvernance économique mondiale se multiplient. En effet, les institutions financières internationales n'ont pas eu les moyens de prévenir la crise. Leur efficacité à produire de la coordination s'est révélée insuffisante, leur légitimité à agir reste contestée dans de larges parties du monde, et les contraintes que fait peser une plus grande interdépendance sur la définition et la mise en œuvre des politiques nationales de relance impliquent des espaces et des mécanismes de coopération internationale renouvelés. Les États restent les unités de base du système international mais, qu'ils soient grands ou petits, riches ou pauvres, puissants ou émergents, ils ne peuvent échapper aux effets de la crise qui débordent leurs frontières. Parce que des institutions comme les Nations unies, le FMI, la Banque mondiale et même l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont inclusives et quasi universelles, elles peuvent a priori agir dans leur domaine de compétence avec toute la légitimité requise, parce que la communauté des nations aura été associée au processus de décision. Mais cette légitimité doit également être assise sur une représentation adéquate du monde, c'est-à-dire prenant en compte le poids, l'influence et la contribution de chaque pays dans la vie économique et financière mondiale. Ainsi le système de pondération des voix selon un mécanisme d'allocation de quotas au FMI et à la Banque mondiale continue-t-il de refléter le poids économique relatif des États membres lors de la création de ces organisations, en dépit d'ajustements modestes au cours du temps.
Enfin, la question du développement durable et de la gouvernance mondiale de l'environnement est récurrente depuis une dizaine d'années. En ce sens, la mise en place d'une nouvelle institution internationale en charge de la question de l'environnement apparaît comme impérative face à la faiblesse de la gouvernance internationale de l'environnement. L'idée avancée par le groupe des 77 (pays en développement) et la Chine d'une responsabilité collective mais différenciée se heurte nécessairement à des intérêts économiques fortement divergents dans un monde aussi concurrentiel que globalisé. L'environnement doit pouvoir bénéficier à ce titre d'une tribune internationale au pouvoir uniformément contraignant. Le droit qu'elle émettra se doit d'être digne du caractère fondamental de ses enjeux, à l'instar des questions sociales ou commerciales dont le traitement est supervisé respectivement par l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'OMC. À l'heure où les questions environnementales et économiques n'ont jamais été aussi liées, l'OMC est ainsi capable de régler de nombreux conflits strictement commerciaux, mais ne peut en aucun cas offrir une instance neutre de règlement des différends liés à la fois au commerce et à l'environnement. De l'avis de nombreux experts, le risque d'une "marchandisation" de la sphère environnementale est aujourd'hui de ce fait avéré. Beaucoup réclament ainsi une OME (Organisation mondiale de l'environnement) créée sur le modèle de l'OMC. Mais d'autres vont plus loin et réclament la mise en place d'une instance internationale qui ne se limiterait pas à la sphère environnementale, mais intégrerait les trois volets du développement durable : économique, social et environnemental. Les relations entre les questions commerciales, environnementales et sociales sont en effet de plus en plus étroites. Dès lors, il apparaît nécessaire, voire indispensable, de s'aventurer sur le chemin de la création d'une structure supérieure permettant d'apporter une solution définitive aux conflits traitant concurremment des trois volets du développement durable. En effet, si l'interface commerce-environnement est déjà largement apparue au cœur des différends réglés par l'OMC, il est illusoire d'imaginer que la libéralisation des échanges internationaux n'aura aucune répercussion sur les normes sociales.
- L'enjeu majeur de la gouvernance économique mondiale réside en la réduction des inégalités croissantes.
- L'impuissance et le manque de solutions fiables sont les principales critiques adressées aux instances de la gouvernance économique mondiale.
- La prise en compte du développement durable est une perspective majeure de l'économie mondiale.