On donne le texte suivant extrait des Lettres persanes de Montesquieu :
Le roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. Il n'a point de mines d'or comme le roi d'Espagne son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines. On lui a vu entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n'ayant d'autres fonds que des titres d'honneur à vendre, et, par un prodige de l'orgueil humain, ses troupes se trouvaient payées, ses places munies, et ses flottes équipées.
D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor, et qu'il en ait besoin de deux, il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et ils le croient. S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent, il n'a qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent, et ils en sont aussitôt convaincus. Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les esprits.
Quelle est la cible visée par le texte ? Justifier la réponse.
- L'auteur s'attaque ironiquement à la figure royale française pour dénoncer le mysticisme qu'il opère sur ses sujets.
- La cible n'est pas seulement la personne du roi mais aussi l'ensemble du pouvoir monarchique établi sous son règne.
Le roi de France et le pouvoir monarchique sont les cibles du texte.
Quelle est la thèse défendue par le texte ? Justifier la réponse.
- L'auteur cherche à dénoncer la manière dont le roi de France trompe ses sujets en les convainquant qu'il est surpuissant.
- Les "pouvoirs" monarchiques sont remis en question par le procédé d'ironie.
- Le mysticisme du roi est dénoncé ainsi que la croyance de ses sujets en la magie royale.
Le texte défend la thèse selon laquelle le roi abuserait ses sujets par un excès de mysticisme.
Quels sont les procédés de l'ironie mis en œuvre ? Justifier la réponse.
- Le narrateur de la lettre est faussement naïf, il porte un regard curieux sur une pratique qui lui semble absurde.
- La métaphore filée du "magicien" démontre l'ironie sous-jacente du récit.
- Le ton hyperbolique du narrateur désigne implicitement les abus de pouvoir du roi.
Les procédés de l'ironie sont la fausse naïveté, la métaphore filée du magicien et les hyperboles.