On donne le texte suivant extrait de La Chartreuse de Parme de Stendhal :
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois, la peur ne venait chez lui qu'en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles. L'escorte prit le galop ; on traversait une grande pièce de terre labourée, située au-delà du canal, et ce champ était jonché de cadavres.
- Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les hussards de l'escorte.
Et d'abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu'en effet presque tous les cadavres étaient vêtus de rouge. Une circonstance lui donna un frisson d'horreur ; il remarqua que beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore ; ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s'arrêtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habit rouge. L'escorte s'arrêta ; Fabrice qui ne faisait pas assez d'attention à son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureux blessé.
Quelle est la cible visée par le texte ? Justifier la réponse.
- L'auteur attaque ironiquement l'absurdité et le carnage d'un champ de bataille.
- Il montre également l'impossibilité d'être réellement héroïque dans le combat.
Les guerres violentes et absurdes sont la cible du texte.
Quelle est la thèse défendue par le texte ? Justifier la réponse.
- La thèse que défend l'auteur tourne autour de la nature des nouvelles batailles : ici l'auteur pointe que le combat est en réalité un massacre.
- La guerre ne peut plus être l'espace de l'héroïsme et de l'idéal : les nouveaux modes de combat sont de la pure violence.
Le texte défend la thèse selon laquelle la guerre est un massacre absurde sans gloire ni héroïsme.
Quels sont les procédés de l'ironie mis en œuvre ? Justifier la réponse.
- L'auteur utilise la focalisation interne. La scène est racontée du point de vue d'un personnage qui n'y comprend rien, ce qui souligne l'absurdité de la guerre.
- Le personnage, dont l'auteur adopte le point de vue, est tourné en dérision : "notre héros était fort peur héros ce moment".
- L'ironie repose sur les jeux de décalages qui se créent entre l'atrocité de la scène ("un champ était jonché de cadavres") et les réactions de sidération du personnage ("il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles").
- L'appellation "notre héros", répétée deux fois, est ironique car il ne fait en réalité preuve d'aucun héroïsme.
Les procédés de l'ironie reposent essentiellement sur l'alternance entre la focalisation interne et les interventions du narrateur, qui crée le décalage et souligne l'absurdité de la scène.