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  4. Dissertation type bac : La laideur comme source d'inspiration

La laideur comme source d'inspiration Dissertation type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2018-2019

Pondichéry, 2008, voie S

Vous répondrez dans un développement organisé, en vous appuyant sur les textes du corpus, les poèmes étudiés en classe et vos lectures personnelles.

La laideur peut-elle être une source d'inspiration pour un poète au même titre que la beauté ?

Document 1

Texte A : Victor Hugo, "J'aime l'araignée", Les Contemplations, Livre III, "Les Luttes et les rêves", XXVII

1856

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;
O sort ! fatals nœuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux ;

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,

Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe1,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

1 Ici : méprisant.

Document 2

Texte B : Lautréamont, "Le Pou", Les Chants de Maldoror, chant II, strophe 9

1869

Le Pou

[...] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang. Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force. Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait. Comme une goutte d'eau. Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, avec un microscope, un pou qui travaille ; vous m'en donnerez des nouvelles. Malheureusement ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. Ils ne seraient pas bons pour être conscrits1 ; car, ils n'ont pas la taille nécessaire exigée par la loi. Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courte cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits. Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou. Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa taille. Il ne resterait pas la queue pour aller annoncer la nouvelle. L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non. Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux. Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair.
C'en est fait de vos doigts. Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture. La peau disparaît par un étrange enchantement. Les poux sont incapables de commettre autant de mal que leur imagination en médite. Si vous trouvez un pou dans votre route, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue. Il vous arriverait quelque accident. Cela s'est vu. N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu'il t'en fît davantage. [...]

1 Recrue faisant son service militaire.
2 Microscopique.

Document 3

Texte C : Tristan Corbière, "Le Crapaud", Les Amours jaunes

1873

Le Crapaud

Un chant dans une nuit sans air...
- La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

... Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif...
- Ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...

- Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... - Horreur ! –

... Il chante. - Horreur !! - Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière...
Non : il s'en va, froid, sous sa pierre.
.........................................................................
Bonsoir - ce crapaud-là c'est moi.
(Ce soir, 20 juillet)

Document 4

Texte D : Germain Nouveau, "Le Peigne", Valentines

1887

Le Peigne

La serviette est une servante,
Le savon est un serviteur,
Et l'éponge est une savante ;
Mais le peigne est un grand seigneur.

Oui, c'est un grand seigneur, Madame,
Des plus nobles par la hauteur
Et par la propreté de l'âme.
Oui, le peigne est un grand seigneur !

Quoi ? l'on ose dire à voix haute
Sale comme un... Du fond du cœur
Que l'on réponde ! À qui la faute ?
Mais le peigne est un grand seigneur !

Oui, s'il n'est pas propre, le peigne,
À qui la faute ? À son auteur ?
N'est-ce pas plutôt à la teigne !
Car... le peigne est un grand seigneur.

La faute, elle est à qui le laisse
S'épanouir dans sa hideur.
C'est la faute... à notre paresse.
Lui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, notre main est sa vassale,
Et s'il est sale, par malheur,
Il se f...iche un peu d'être sale,
Car le peigne est un grand seigneur.

Il ne veut nettoyer la tête,
Que si la main de son brosseur
Lui fait les dents ; je le répète,
Oui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, c'est un grand seigneur, le peigne ;
Sans être rogue ou persifleur,
Sa devise serait : "Ne daigne."
Car le peigne est un grand seigneur.

Grand seigneur, son dédain nous cingle,
Porteur d'épée, il est railleur,
Or, cette épée est une épingle,
Si le peigne est un grand seigneur.

Cette épingle, adroite et gentille,
Le rend propre comme une fleur,
Aux doigts de la petite fille
Dont le peigne est un grand seigneur.

Donc que je dise ou que tu dises
Qu'il est sale, mon beau parleur,
Il laisse tomber les bêtises,
Car le peigne est un grand seigneur.

Pour moi, je ne veux pas le dire :
Cela manquerait... de saveur,
Et puis cela ferait sourire ;
Non..., le peigne est un grand seigneur.

Sur vos dents fines et sans crasse,
Chaque matin j'ai cet honneur,
Mon beau peigne, je vous embrasse,
Et je suis votre serviteur.

Quel plan permet de répondre à cette problématique ?

Document 1

Texte A : Victor Hugo, "J'aime l'araignée", Les Contemplations, Livre III, "Les Luttes et les rêves", XXVII

1856

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;
O sort ! fatals nœuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux ;

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,

Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe1,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

1 Ici : méprisant.

Document 2

Texte B : Lautréamont, "Le Pou", Les Chants de Maldoror, chant II, strophe 9

1869

Le Pou

[...] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang. Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force. Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait. Comme une goutte d'eau. Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, avec un microscope, un pou qui travaille ; vous m'en donnerez des nouvelles. Malheureusement ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. Ils ne seraient pas bons pour être conscrits1 ; car, ils n'ont pas la taille nécessaire exigée par la loi. Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courte cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits. Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou. Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa taille. Il ne resterait pas la queue pour aller annoncer la nouvelle. L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non. Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux. Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair.
C'en est fait de vos doigts. Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture. La peau disparaît par un étrange enchantement. Les poux sont incapables de commettre autant de mal que leur imagination en médite. Si vous trouvez un pou dans votre route, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue. Il vous arriverait quelque accident. Cela s'est vu. N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu'il t'en fît davantage. [...]

1 Recrue faisant son service militaire.
2 Microscopique.

Document 3

Texte C : Tristan Corbière, "Le Crapaud", Les Amours jaunes

1873

Le Crapaud

Un chant dans une nuit sans air...
- La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

... Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif...
- Ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...

- Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... - Horreur ! –

... Il chante. - Horreur !! - Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière...
Non : il s'en va, froid, sous sa pierre.
.........................................................................
Bonsoir - ce crapaud-là c'est moi.
(Ce soir, 20 juillet)

Document 4

Texte D : Germain Nouveau, "Le Peigne", Valentines

1887

Le Peigne

La serviette est une servante,
Le savon est un serviteur,
Et l'éponge est une savante ;
Mais le peigne est un grand seigneur.

Oui, c'est un grand seigneur, Madame,
Des plus nobles par la hauteur
Et par la propreté de l'âme.
Oui, le peigne est un grand seigneur !

Quoi ? l'on ose dire à voix haute
Sale comme un... Du fond du cœur
Que l'on réponde ! À qui la faute ?
Mais le peigne est un grand seigneur !

Oui, s'il n'est pas propre, le peigne,
À qui la faute ? À son auteur ?
N'est-ce pas plutôt à la teigne !
Car... le peigne est un grand seigneur.

La faute, elle est à qui le laisse
S'épanouir dans sa hideur.
C'est la faute... à notre paresse.
Lui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, notre main est sa vassale,
Et s'il est sale, par malheur,
Il se f...iche un peu d'être sale,
Car le peigne est un grand seigneur.

Il ne veut nettoyer la tête,
Que si la main de son brosseur
Lui fait les dents ; je le répète,
Oui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, c'est un grand seigneur, le peigne ;
Sans être rogue ou persifleur,
Sa devise serait : "Ne daigne."
Car le peigne est un grand seigneur.

Grand seigneur, son dédain nous cingle,
Porteur d'épée, il est railleur,
Or, cette épée est une épingle,
Si le peigne est un grand seigneur.

Cette épingle, adroite et gentille,
Le rend propre comme une fleur,
Aux doigts de la petite fille
Dont le peigne est un grand seigneur.

Donc que je dise ou que tu dises
Qu'il est sale, mon beau parleur,
Il laisse tomber les bêtises,
Car le peigne est un grand seigneur.

Pour moi, je ne veux pas le dire :
Cela manquerait... de saveur,
Et puis cela ferait sourire ;
Non..., le peigne est un grand seigneur.

Sur vos dents fines et sans crasse,
Chaque matin j'ai cet honneur,
Mon beau peigne, je vous embrasse,
Et je suis votre serviteur.

En quoi le poème suivant est-il surprenant ?

Texte B : Lautréamont, "Le Pou", Les Chants de Maldoror, chant II, strophe 9

1869

Le Pou

[...] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang. Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force. Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait. Comme une goutte d'eau. Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, avec un microscope, un pou qui travaille ; vous m'en donnerez des nouvelles. Malheureusement ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. Ils ne seraient pas bons pour être conscrits1 ; car, ils n'ont pas la taille nécessaire exigée par la loi. Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courte cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits. Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou. Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa taille. Il ne resterait pas la queue pour aller annoncer la nouvelle. L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non. Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux. Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair.
C'en est fait de vos doigts. Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture. La peau disparaît par un étrange enchantement. Les poux sont incapables de commettre autant de mal que leur imagination en médite. Si vous trouvez un pou dans votre route, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue. Il vous arriverait quelque accident. Cela s'est vu. N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu'il t'en fît davantage. [...]

1 Recrue faisant son service militaire.
2 Microscopique.

Que représente le crapaud dans le poème suivant ?

Texte C : Tristan Corbière, "Le Crapaud", Les Amours jaunes

1873

Le Crapaud

Un chant dans une nuit sans air...
- La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

... Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif...
- Ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...

- Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... - Horreur ! –

... Il chante. - Horreur !! - Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière...
Non : il s'en va, froid, sous sa pierre.
.........................................................................
Bonsoir - ce crapaud-là c'est moi.
(Ce soir, 20 juillet)

Quel registre poétique permet d'exprimer des sentiments ?

En quoi le poème suivant est-il un éloge ?

Texte D : Germain Nouveau, "Le Peigne", Valentines

1887

Le Peigne

La serviette est une servante,
Le savon est un serviteur,
Et l'éponge est une savante ;
Mais le peigne est un grand seigneur.

Oui, c'est un grand seigneur, Madame,
Des plus nobles par la hauteur
Et par la propreté de l'âme.
Oui, le peigne est un grand seigneur !

Quoi ? l'on ose dire à voix haute
Sale comme un... Du fond du cœur
Que l'on réponde ! À qui la faute ?
Mais le peigne est un grand seigneur !

Oui, s'il n'est pas propre, le peigne,
À qui la faute ? À son auteur ?
N'est-ce pas plutôt à la teigne !
Car... le peigne est un grand seigneur.

La faute, elle est à qui le laisse
S'épanouir dans sa hideur.
C'est la faute... à notre paresse.
Lui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, notre main est sa vassale,
Et s'il est sale, par malheur,
Il se f...iche un peu d'être sale,
Car le peigne est un grand seigneur.

Il ne veut nettoyer la tête,
Que si la main de son brosseur
Lui fait les dents ; je le répète,
Oui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, c'est un grand seigneur, le peigne ;
Sans être rogue ou persifleur,
Sa devise serait : "Ne daigne."
Car le peigne est un grand seigneur.

Grand seigneur, son dédain nous cingle,
Porteur d'épée, il est railleur,
Or, cette épée est une épingle,
Si le peigne est un grand seigneur.

Cette épingle, adroite et gentille,
Le rend propre comme une fleur,
Aux doigts de la petite fille
Dont le peigne est un grand seigneur.

Donc que je dise ou que tu dises
Qu'il est sale, mon beau parleur,
Il laisse tomber les bêtises,
Car le peigne est un grand seigneur.

Pour moi, je ne veux pas le dire :
Cela manquerait... de saveur,
Et puis cela ferait sourire ;
Non..., le peigne est un grand seigneur.

Sur vos dents fines et sans crasse,
Chaque matin j'ai cet honneur,
Mon beau peigne, je vous embrasse,
Et je suis votre serviteur.

Quels sujets poétiques associe-t-on en général à la beauté ?

Pourquoi peut-on dire que Victor Hugo s'inspire de la laideur pour écrire le poème suivant ?

Texte A : Victor Hugo, "J'aime l'araignée", Les Contemplations, Livre III, "Les Luttes et les rêves", XXVII

1856

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;
O sort ! fatals nœuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux ;

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,

Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe1,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

1 Ici : méprisant.

À quelle époque la poésie naît-elle ?

La poésie a d'abord eu pour inspiration l'exaltation de la beauté, sous toutes ses formes. Les hommes considèrent comme beau non seulement l'apparence (de la nature, des êtres humains, des animaux), mais aussi la morale, la vertu, certaines grandes valeurs. Tout ce qui est positif est déclaré beau. À l'opposé de cette beauté, il y a la laideur, qui a également de nombreuses formes. Si la beauté est subjective, il est évident que certains sujets sont considérés presque unanimement comme beaux, alors que d'autres sont considérés comme laids. Le poète et critique Jean-Michel Espitallier semble penser que la poésie ne devrait pas s'inspirer uniquement du beau, puisqu'il écrit : "Si la poésie peut parler de fleurs, il lui arrive aussi de parler de tractopelle, du journal de vingt heures ou de Shrek. Il lui arrive même de parler de poésie. […] Au fond, le poète peut parler de tout (et de rien) mais là n'est pas vraiment le propos. Car le sujet n'est pas le sujet. Ce qui compte, c'est la façon qu'il a de parler, de faire parler, d'en parler."
Ainsi, la laideur ne peut-elle être un sujet poétique, et inspirer le poète autant que la beauté ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi la beauté est le sujet d'inspiration poétique premier, en abordant ses origines et ses sujets de prédilection. Dans une seconde partie, nous verrons en quoi la laideur inspire fortement le poète, lui permettant de transfigurer le monde.

I

La beauté : source première d'inspiration poétique

A

Les origines antiques

  • La poésie naît dans l'Antiquité et a pour vocation de célébrer la beauté du monde.
  • La poésie lyrique repose sur l'exaltation des sentiments. Des poètes comme Sapho ou Anacréon ont célébré la nature, l'amour, deux sujets souvent associés à la beauté. Virgile, dans Les Géorgiques, écrit sur l'union de l'Homme et de l'Univers. Devant la beauté du monde, le poète s'extasie. Il rapporte avec exagération et emphase son exaltation.
  • La poésie épique rapporte de façon hyperbolique des exploits guerriers. Les poètes célèbrent les grands hommes, leur force, leur héroïsme, leur courage, autant de valeurs positives. L'Iliade et L'Odyssée sont des récits poétiques épiques, qui glorifient des figures héroïques telles que Hercule ou Ulysse.
  • Ainsi, à l'origine, la poésie s'intéresse à la beauté des sentiments, du monde et des vertus humaines. La beauté est la source d'inspiration première du genre poétique.
B

La célébration de l'amour et de la femme

  • Deux thèmes sont très souvent repris en poésie et associés à la beauté : l'amour et la femme. La poésie se veut alors célébration du corps féminin et du sentiment amoureux.
  • Il existe de nombreux blasons féminins. Les blasons sont des poèmes qui se concentrent sur un détail de la physionomie des femmes, et en font l'éloge. C'est un genre à la mode au XVIe siècle. Ronsard en consacre plusieurs à Marie dans Continuation des amours. Le blason se retrouve à plusieurs époques. "L'Union libre" est un poème du XXe siècle dans lequel André Breton célèbre de nombreuses parties du corps de la femme qu'il aime. Paul Éluard fait de même dans "La Courbe de tes yeux", se focalisant sur les yeux de sa bien-aimée.
  • Les poèmes d'amour sont fort nombreux en poésie. Ronsard en a écrit une grande quantité, "Mignonne, allons voir si la rose" étant un des plus célèbres. Victor Hugo a consacré des vers à l'amour, on peut citer "Je respire où tu palpites" où il écrit : "L'amour fait comprendre à l'âme / L'univers, salubre et béni ; / Et cette petite flamme / Seule éclaire l'infini".
  • Les poètes rêvent d'amour, et écrivent notamment sur la femme rêvée et parfaite. C'est ce que fait Verlaine dans "Mon rêve familier" : "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant / D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, / Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend."
  • Les femmes sont toujours belles, et l'amour est un sentiment positif qui est exalté. Ces deux sujets, rattachés à la beauté, inspirent grandement les poètes.
C

L'exaltation de vertus et valeurs positives

  • La beauté, c'est également les vertus humaines, les valeurs positives. Ce sont des sujets d'inspiration récurrents en poésie.
  • La poésie épique a pour but d'exalter des situations héroïques, notamment guerrières. Dans son poème "L'Expiation", Victor Hugo célèbre le courage et l'héroïsme des hommes lors de la retraite de Russie.
  • La poésie engagée défend les hommes morts injustement. C'est ce que fait Aragon dans "Strophes pour se souvenir". Il rappelle le courage de Manouchian et de ses compagnons, des résistants qui ont été tués par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • La poésie engagée célèbre également des idéaux. Paul Éluard, dans le poème "Liberté", exalte la liberté, répétant de façon anaphorique : "J'écris ton nom". Écrit pendant l'Occupation allemande, ce poème appelle à la résistance contre l'ennemi.
  • La poésie s'inspire donc souvent de la beauté, dans le sens où elle s'inspire de tout ce qui est positif, de tout ce qui est grand, de l'amour à l'héroïsme, de la beauté physique à la beauté morale.

Cependant, les poètes ne sont pas uniquement inspirés par la beauté. Le poète s'intéresse au monde, et la laideur fait partie du monde. En choisissant des sujets moins conventionnels, le poète peut exprimer toute sa créativité poétique et transformer le monde.

II

Poésie et laideur : transformer le monde

A

Fuir la beauté : un devoir poétique

  • Certains poètes assurent qu'il n'y a aucun mérite à s'inspirer de la beauté, qui est évidente. Ils en appellent au contraire à s'inspirer de ce qui n'est pas unanimement admis comme beau.
  • Des poètes soulignent qu'il faut fuir la beauté et se concentrer sur d'autres sujets. Ainsi, dans Lettres à un jeune poète, Rilke écrit : "Fuyez les grands sujets pour ceux que votre quotidien vous offre [...]. Pour le créateur, rien n'est pauvre, il n'est pas de lieux pauvres, indifférents."
  • Le poète doit voir la beauté dans ce qui est ordinaire. Dans Le Rappel à l'ordre, Cocteau écrit que le rôle du poète est d'enchanter le monde. Il est celui qui redécouvre l'ordinaire et le transfigure.
  • Plusieurs poètes s'intéressent à des objets anodins, ordinaires, neutres. Ainsi, Raymond Queneau écrit dans La Main à la plume : "J'écrirai des poèmes / sur le lait, le beurre, la crème." Francis Ponge consacre son recueil Le Parti pris des choses à des sujets comme le pain, la cigarette, ou un cageot.
  • Le poète cherche donc à faire de n'importe quel objet un objet poétique. La laideur devient alors un véritable challenge pour lui.
B

Dénoncer ou réhabiliter la laideur

  • Le poète s'inspire de la laideur, soit pour la dénoncer, soit pour la réhabiliter.
  • La laideur peut être la violence, l'horreur, tout ce qui est négatif dans le monde. Plusieurs poètes dénoncent cette laideur. C'est le cas d'Agrippa d'Aubigné qui, dans Les Tragiques, fait une peinture terrible des dégâts des guerres de religion. De même, dans Le Roman inachevé, Aragon décrit les blessures terrifiantes qu'il a vues en étant médecin sur le front. Il parle des "gangrènes" et du "pourrissement" sur les corps des blessés.
  • Mais la laideur peut également être défendue. Les poètes s'en servent pour attaquer les préjugés et en appeler à la compassion humaine. C'est le but recherché par Victor Hugo lorsqu'il écrit "J'aime l'araignée". Il associe l'araignée et l'ortie à des "gueux". Il déplore les préjugés contre ces deux êtres et appelle le lecteur à éprouver compassion et amour pour des créatures "chétives" et "maudites".
  • Le poète peut également chercher à provoquer en utilisant la laideur comme sujet d'inspiration. Ainsi, dans "Le Pou", Lautréamont choisit de faire du pou un objet poétique. Loin de le représenter comme un être laid, il l'imagine en fléau puissant, plus fort encore qu'un "cachalot". Le poète regrette que le pou n'ait pas cette puissance, car il pourrait alors faire plus de mal à la "race humaine", que Lautréamont semble exécrer bien plus que le pou. Germain Nouveau fait de même dans "Le Peigne", défendant l'objet et accusant l'homme d'être responsable de sa "crasse".
  • Le poète peut également surprendre en choisissant pour sujet la laideur. Ainsi, dans "Le Crapaud", Tristan Corbière met en scène un animal généralement associé à la laideur et même à la sorcellerie. Il rend poétique un être grotesque. Il surprend le lecteur en déclarant que le crapaud, c'est lui. Tristan Corbière était un homme laid. C'est sa propre laideur dont il parle. Cependant, il associe également le crapaud au poète. Il laisse entendre que le poète, comme le crapaud, est rejeté et incompris.
  • Le laid peut inspirer le poète, qui peut dénoncer la laideur, mais également la réhabiliter, rappelant que ce n'est pas toujours ce qu'on croit qui est laid.
C

Transfigurer la laideur

  • La laideur est le sujet qui permet au poète de transfigurer le monde. En effet, il est plus aisé de voir la beauté dans le beau.
  • Les poètes proposent une redéfinition de la beauté. Baudelaire écrit ainsi : "Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie." Le poète associe alors la beauté au monstrueux et au bizarre, donc à la laideur.
  • Le véritable travail du poète se trouve dans le fait de transfigurer le monde, et de faire de la laideur un objet poétique. C'est ce qu'exprime Baudelaire dans Les Fleurs du Mal : "Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or." Le poète est celui qui transforme le laid en objet poétique. Il applique d'ailleurs cette idée dans de nombreux poèmes, particulièrement dans "Une charogne", où il fait d'une carcasse morte un objet "superbe".
  • Le poète amène le lecteur à reconsidérer la laideur. Victor Hugo, dans "J'aime l'araignée", fait de l'araignée et de l'ortie des êtres qui "murmurent : Amour". Germain Nouveau affirme que le peigne est un "grand seigneur". Les deux poètes humanisent la laideur, Victor Hugo faisant murmurer un animal et une plante, Germain Nouveau parlant au peigne comme s'il était une personne : "Mon beau peigne, je vous embrasse."
  • Ainsi, le grand poète est celui qui peut faire d'un objet neutre, banal, et surtout laid, un sujet poétique.

Le choix du sujet poétique se porte souvent sur la beauté. Cela s'explique surtout par le fait qu'à l'origine, la poésie célèbre la beauté du monde, des sentiments, ou fait l'éloge des exploits guerriers et des vertus humaines. Cependant, si l'amour et la beauté des corps sont des sujets poétiques récurrents, nombreux sont les poètes qui ont décidé de s'intéresser à la laideur. Baudelaire en fait partie, affirmant que le poète se doit de transfigurer le monde et de faire de la poésie à partir de tout ce qui l'entoure. Le poète est celui qui dénonce la laideur lorsqu'il s'agit de la guerre, de la violence, mais le poète est également celui qui réhabilite la laideur et rappelle à l'Homme que les apparences sont trompeuses. Il pousse l'Homme à redécouvrir son environnement. Ainsi, la laideur est un sujet d'inspiration poétique, et ce au même titre que la beauté. Elle permet de révéler les grands poètes, et pousse le lecteur à poser un nouveau regard sur le monde.

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