Polynésie, 2009, voies technologiques
Lors d'une rencontre littéraire, deux journalistes littéraires exposent leur conception de la poésie. L'un argumente en faveur d'une poésie célébrant le passé, tandis que l'autre préfère une poésie évoquant le présent. Écrivez leur dialogue.
Quel signe de ponctuation doit apparaître à chaque prise de parole d'un personnage ?
Quel type de dialogue est attendu ?
Quel registre de langue doit être utilisé dans la réponse rédigée ?
Qu'est-ce qu'un poète engagé ?
La poésie engagée célèbre-t-elle le passé ou évoque-t-elle le présent ?
- Il s'agit de rédiger un dialogue. Il faut donc respecter la forme. À chaque prise de parole d'un personnage, il faut un tiret.
- Les deux personnages sont des journalistes. On suppose donc qu'ils connaissent bien leur sujet. Des références littéraires précises doivent donc apparaître dans le développement du dialogue.
- Il s'agit d'un débat. En effet, il y a deux théories qui s'affrontent. Il faut des arguments accompagnés d'exemples pour les deux théories qui s'opposent.
- L'un des journalistes défend la poésie célébrant le passé, l'autre la poésie évoquant le présent. Il faut penser aux différents courants poétiques et à leurs spécificités pour pouvoir décider quel journaliste défend quel type de poésie.
- Le langage utilisé doit être courant.
- Les deux journalistes peuvent se tutoyer ou se vouvoyer, mais une fois le choix fait, il faut s'y tenir.
- On peut contextualiser le texte avec une ou deux phrases d'introduction.
Au cours d'une rencontre littéraire, deux journalistes débattent de leur vision de la poésie.
"- Mais pourquoi la poésie célébrant le passé ? Qu'entendez-vous par là ?
- Une poésie qui reviendrait sur les souvenirs du poète par exemple. Qui célébrerait le passé ! Avez-vous "La Vigne et la maison" de Lamartine en tête ?
- Oui, bien sûr.
- Ce magnifique dialogue entre l'homme et son âme, cette évocation lyrique du souvenir disparu, de l'enfance à jamais perdue... Voilà, il me semble, ce que peut la poésie. Nous replonger dans les souvenirs...
- Et risquer de nous plonger dans la mélancolie ? Le poème de Lamartine que vous citez est terriblement triste. Il nous rappelle surtout que la vie file entre nos doigts, que la mort attend toujours au bout du voyage. Se plonger dans le passé pour être plongé dans la nostalgie, je ne suis pas certaine que ce soit là le but de la poésie.
- Mais la poésie, c'est la beauté, la grandeur !
- La beauté et la grandeur peuvent être trouvées dans des sujets d'actualité, dans l'inscription dans le présent.
- Non, balivernes que tout cela ! Je ne peux supporter ces poètes qui se concentrent inutilement sur des sujets politiques, des sujets actuels... Est-ce cela la poésie ? Il me semble que les poètes de l'Art pour l'Art avaient bien raison. Un poète ne vend pas un produit. Il crée, invente, et on ne peut créer justement qu'en s'inspirant du passé.
- Vous faites de la poésie un produit en décidant aussi arbitrairement des sujets auxquels elle doit se consacrer. Pour moi, le poète peut, en effet, être celui qui défend. C'est Victor Hugo condamnant "Napoléon le Petit" dans Les Châtiments. C'est Agrippa d'Aubigné pourfendant les guerres de religion dans Les Tragiques. Il me semble qu'il est idiot de condamner cent ans plus tard des événements qui surviennent dans le présent. "Liberté" aurait-il le même impact si Paul Éluard ne l'avait pas écrit lors de l'Occupation allemande ?
- Mais la poésie doit parler à l'Homme, à tous les hommes ! Si je reconnais le talent de Victor Hugo, il m'impressionne davantage lorsqu'il revient sur les souvenirs qu'il a en commun avec Léopoldine dans Les Contemplations. Il parle alors de sujets universels. Il a le recul nécessaire pour ne pas faire de "l'art pharmaceutique" !
- Le recul nécessaire ? Il revient sur des événements passés, mais uniquement car l'instant présent le plonge dans une abominable tristesse ! Il vient de perdre sa fille, c'est cette douleur qui nourrit tout le recueil.
- Mais enfin, la poésie, dès sa naissance, se consacre à la célébration du passé ! C'est Homère revenant sur les exploits d'Ulysse et Hercule ! La poésie doit faire l'éloge des grands, donner l'exemple !
- Même une poésie qui reviendrait sur le passé s'inscrirait dans le présent. Dans "La Maison", Louis Mercier évoque le passé uniquement pour décrire le sentiment de nostalgie qui l'anime dans le présent. Lamartine également, dans le poème "La Vigne et la maison" que vous citiez !
- Là, vous n'avez pas tort.
- Et puis il me semble que vous oubliez un des rôles fondamentaux du poète : celui d'enchanter, voire même de réenchanter le monde. Le poète pousse l'Homme à jeter un regard neuf sur ce qui l'entoure. Il le fait douter, il le questionne. Francis Ponge ne traite guère du passé quand il écrit "La Cigarette", "Le Cageot", et Prévert décrit le Paris qu'il a sous les yeux et qui l'inspire, et non celui du siècle précédent ! Vous dites qu'il faut du recul pour écrire : je ne le crois pas. Mais le poète permet aux lecteurs de prendre du recul sur ce qu'ils vivent, de regarder différemment leur présent. La poésie qui s'intéresse au présent est une poésie qui s'intéresse à toutes les époques. Passé, présent, futur... Alors qu'en vous enfermant dans le passé, vous oubliez que l'Homme vit là, maintenant, tout de suite. Aujourd'hui.
- Je suis persuadé toutefois qu'il est nécessaire d'avoir une poésie qui célèbre ce que l'Homme a fait de beau par le passé. Une poésie lyrique qui s'inscrit dans une idée de mémoire collective. Rappeler que tous les hommes traversent les mêmes étapes de la vie, sont en proie aux mêmes doutes...
- C'est une poésie qui peut s'écrire au présent.
- Oui, sans doute avez-vous quelque peu raison..."