On considère le texte suivant :
« Je lui ai ouï dire plusieurs fois qu'elle était née le jour que Diane de Poitiers avait été mariée ; la haine le lui faisait dire, et non pas la vérité, car je suis bien trompée si la duchesse de Valentinois n'épousa M. de Brézé, grand sénéchal de Normandie, dans le même temps que le roi devint amoureux de Mme d'Étampes. Jamais il n'y a eu une si grande haine que l'a été celle de ces deux femmes. La duchesse de Valentinois ne pouvait pardonner à Mme d'Étampes de lui avoir ôté le titre de maîtresse du roi. Mme d'Étampes avait une jalousie violente contre Mme de Valentinois, parce que le roi conservait un commerce avec elle. Ce prince n'avait pas une fidélité exacte pour ses maîtresses ; il y en avait toujours une qui avait le titre et les honneurs, mais les dames que l'on appelait de la petite bande le partageaient tour à tour. La perte du dauphin, son fils, qui mourut à Tournon, et que l'on crut empoisonné, lui donna une sensible affliction. Il n'avait pas la même tendresse, ni le même goût, pour son second fils, qui règne présentement ; il ne lui trouvait pas assez de hardiesse, ni assez de vivacité. Il s'en plaignit un jour à Mme de Valentinois, et elle lui dit qu'elle voulait le faire devenir amoureux d'elle pour le rendre plus vif et plus agréable. Elle y réussit comme vous le voyez, il y a plus de vingt ans que cette passion dure sans qu'elle ait été altérée ni par le temps, ni par les obstacles. »
Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678
On considère les passages suivants :
- « Je lui ai ouï dire plusieurs fois »
- « Jamais il n'y a eu une si grande haine que l'a été celle de ces deux femmes. »
- « il y a plus de vingt ans que cette passion dure »
Comment appelle-t-on le processus temporel utilisé ici ?
Le récit est un retour en arrière sur des épisodes. Il raconte, par l'emploi des temps du passé, des événements antérieurs, ceux d'une histoire secondaire qui se sont déroulés avant l'action principale. On parle d'analepse. Ici, l'analepse est longue, on peut donc parler aussi de récit enchâssé.
On considère le passage suivant :
« La perte du dauphin, son fils, qui mourut à Tournon, et que l'on crut empoisonné, lui donna une sensible affliction. »
Comment appelle-t-on le processus temporel utilisé dans les propositions subordonnées relatives « qui mourut à Tournon, et que l'on crut empoisonné » ?
Le récit au passé simple résume des événements : « qui mourut à Tournon, et que l'on crut empoisonné ». On parle de sommaire. Ce processus temporel est utilisé ici dans les propositions subordonnées relatives introduites par « qui » et « que ».
On considère les passages suivants : « pour son second fils, qui règne présentement », « elle y réussit comme vous le voyez ».
Quel temps l'emploi du présent de l'indicatif permet-il de distinguer ?
L'emploi du présent de l'indicatif permet de distinguer le temps du récit principal. On emploie ici le présent d'énonciation pour une action en cours, qui a lieu au moment où l'on parle.
On considère le passage suivant :
« Elle y réussit comme vous le voyez, il y a plus de vingt ans que cette passion dure sans qu'elle ait été altérée ni par le temps, ni par les obstacles. »
Quel temps le repère temporel « il y a plus de vingt ans que » permet-il de distinguer ?
Le repère temporel « il y a plus de vingt ans que » permet de distinguer le temps de l'intrigue.
Le temps de l'intrigue est le temps global des événements racontés. Il suit une chronologie qui se mesure ici en vingt années.
On considère le passage suivant :
« Il s'en plaignit un jour à Mme de Valentinois, et elle lui dit qu'elle voulait le faire devenir amoureux d'elle pour le rendre plus vif et plus agréable. »
Quelle est la nature de chacun des deux discours rapportés coordonnés par « et » dans la phrase ?
Le premier discours rapporté est :
« Il s'en plaignit un jour à Mme de Valentinois ».
C'est un discours narrativisé. Le discours narrativisé résume les propos des personnages sans les citer précisément.
Les caractéristiques du discours narrativisé sont :
- les verbes de parole ;
- le résumé de propos : « Il s'en plaignit ».
Le deuxième discours rapporté est :
« elle lui dit qu'elle voulait le faire devenir amoureux d'elle pour le rendre plus vif et plus agréable. »
C'est un discours indirect. Le discours indirect rapporte les propos d'une personne en adaptant les temps, les adverbes et les pronoms utilisés.
Les caractéristiques du discours indirect sont :
- la présence d'un verbe de parole dans la proposition principale « elle lui dit » ;
- le discours « elle voulait le faire devenir amoureux d'elle pour le rendre plus vif et plus agréable », intégré à une proposition subordonnée introduite par « que » ;
- les temps (présent) et les personnes (je) du discours direct « je veux le faire devenir amoureux de moi pour le rendre plus vif et plus agréable », modifiés (je/elle) par concordance avec la narration (passé simple/imparfait).