Dans les extraits suivants, l'élément noté en rouge est-il une analepse ou une prolepse ?
« C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui déjà s'était déclaré, et qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents, par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur, ni dédain. »
Antoine François Prévost, L'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, 1731
L'extrait noté en rouge est une prolepse qui renseigne le lecteur sur l'avenir. Le narrateur évoque ici les conséquences funestes de la rencontre du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut.
« Pourtant, il s'efforçait de se calmer, il aurait voulu comprendre. Qu'avait-il donc de différent, lorsqu'il se comparait aux autres ? Là-bas, à Plassans, dans sa jeunesse, souvent déjà il s'était questionné. »
Émile Zola, La Bête humaine, 1890
Il s'agit d'une analepse qui revient sur le passé. On évoque ici la jeunesse du héros pour comprendre l'origine de ses pulsions meurtrières.
« Eh bien ! Que le père Goriot vous induise près de madame Delphine de Nucingen. La belle madame de Nucingen sera pour vous une enseigne. Soyez l'homme qu'elle distingue, les femmes raffoleront de vous. Ses rivales, ses amies, ses meilleures amies voudront vous enlever à elle. »
Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835
L'extrait noté en rouge est une prolepse qui renseigne le lecteur sur l'avenir, mais également sur les intentions du locuteur. Le locuteur tente ainsi de convaincre son interlocuteur de faire ce qu'il lui dit.
« Le vieillard que je suis devenu a peine à se représenter le furieux malade que j'étais naguère et qui passait des nuits, non plus à combiner sa vengeance (cette bombe à retardement était déjà montée avec une minutie dont j'étais fier), mais à chercher le moyen de pouvoir en jouir. »
François Mauriac, Le Nœud de vipères, 1932
L'extrait noté en rouge est une analepse, qui revient sur le passé. Le vieil homme fait un parallèle entre ce qu'il était et ce qu'il est devenu.
« Neuf heures trois quarts venaient de sonner à l'horloge du château, sans qu'il eût encore rien osé. Julien, indigné de sa lâcheté, se dit : Au moment précis où dix heures sonneront, j'exécuterai ce que, pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle. »
Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830
L'extrait noté en rouge est une prolepse anticipant un futur proche. Le héros, Julien Sorel, se prépare à ce qu'il va faire dans les minutes à venir en se le représentant.