Parmi les extraits de textes suivants, lesquels correspondent à un élément de résolution ?
(1) « C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés. Elle n'avait pas de dot, pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué ; et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l'Instruction publique.
Elle fut simple, ne pouvant être parée, mais malheureuse comme une déclassée ; car les femmes n'ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. Leur finesse native, leur instinct d'élégance, leur souplesse d'esprit sont leur seule hiérarchie, et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames. »
(2) « Mme Loisel semblait vieille, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude, des ménages pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s'asseyait auprès de la fenêtre, et elle songeait à cette soirée d'autrefois, à ce bal où elle avait été si belle et si fêtée.
Que serait-il arrivé si elle n'avait point perdu cette parure ? Qui sait ? Qui sait ? Comme la vie est singulière, changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver !
Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Elysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C'était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante.
Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler ? Oui, certes. Et maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. »
(3) « Tout à coup elle découvrit, dans une boîte de satin noir, une superbe rivière de diamants ; et son coeur se mit à battre d'un désir immodéré. Ses mains tremblaient en la prenant. Elle l'attacha autour de sa gorge, sur sa robe montante et demeura en extase devant elle-même. Puis, elle demanda, hésitante, pleine d'angoisse :
— Peux-tu me prêter cela, rien que cela ?
— Mais oui, certainement.
Elle sauta au cou de son amie, l'embrassa avec emportement, puis s'enfuit avec son trésor. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
L'élément de résolution permet de retrouver un équilibre. Ce dernier n'est pas le même que dans la situation initiale.
Le passage correspondant à un élément de résolution est le deuxième. Dans celui-ci, on remarque l'évolution des personnages. Le changement physique de Mme Loisel est souligné par l'adverbe « maintenant » et plusieurs adjectifs : « vieille », « forte ». L'absence de changement physique de Mme Forestier est, lui, souligné par la répétition de l'adverbe « toujours ».
(1) « Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint,
Et voilà la guerre allumée. »
(2) « Il alla se cacher au fond de sa retraite,
Pleura sa gloire et ses amours,
Ses amours qu'un rival tout fier de sa défaite
Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours
Cet objet rallumer sa haine et son courage.
Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs,
Et s'exerçant contre les vents
S'armait d'une jalouse rage. »
(3) « Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits
S'alla percher, et chanter sa victoire.
Un Vautour entendit sa voix :
Adieu les amours et la gloire.
Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour. »
Jean de La Fontaine, « Les Deux Coqs », Fables, 1678
L'élément de résolution permet de retrouver un équilibre. Ce dernier n'est pas le même que dans la situation initiale.
Le passage correspondant à un élément de résolution est le troisième. Dans celui-ci, on remarque l'arrivée d'un personnage. La revanche du Coq vaincu sur le Coq vainqueur est gagnée par l'intervention d'un vautour. Celui-ci, attiré par le chant du Coq fier, se charge de son sort : « Un Vautour entendit sa voix : Adieu les amours et la gloire ». Finalement l'inutilité de la préparation physique du Coq vaincu pour repartir au combat est soulignée par la négation : « Il n'en eut pas besoin ». L'élément de résolution est aussi souligné par la métonymie « sous l'ongle du Vautour ».
(1) « Le lendemain, il ne revint pas.
Après de longues heures d'attente, saisi par le froid, se sentant mourir, l'aveugle s'était mis à marcher. Ne pouvant reconnaître la route ensevelie sous cette écume de glace, il avait erré au hasard, tombant dans les fossés, se relevant, toujours muet, cherchant une maison.
Mais l'engourdissement des neiges l'avait peu à peu envahi, et, ses jambes faibles ne le pouvant plus porter, il s'était assis au milieu d'une plaine. Il ne se releva point.
Les blancs flocons qui tombaient toujours l'ensevelirent. Son corps raidi disparut sous l'incessante accumulation de leur foule infinie ; et rien n'indiquait plus la place où le cadavre était couché. »
(2) « La semaine suivante, ils étaient encore là, les oiseaux sombres. Le ciel en portait un nuage comme s'ils se fussent réunis de tous les coins de l'horizon ; et ils se laissaient tomber avec de grands cris dans la neige éclatante, qu'ils tachaient étrangement, et fouillaient avec obstination.
Un gars alla voir ce qu'ils faisaient, et découvrit le corps de l'aveugle, à moitié dévoré déjà, déchiqueté. Ses yeux pâles avaient disparu, piqués par les longs becs voraces. »
(3) « C'était un paysan, le fils d'un fermier normand. Tant que le père et la mère vécurent, on eut à peu près soin de lui ; il ne souffrit guère que de son horrible infirmité ; mais dès que les vieux furent partis, l'existence atroce commença. Recueilli par une sœur, tout le monde dans la ferme le traitait comme un gueux qui mange le pain des autres. À chaque repas, on lui reprochait la nourriture ; on l'appelait fainéant, manant ; et bien que son beau-frère se fût emparé de sa part d'héritage, on lui donnait à regret la soupe, juste assez pour qu'il ne mourût point. »
Guy de Maupassant, L'Aveugle, 1882
L'élément de résolution permet de retrouver un équilibre. Ce dernier n'est pas le même que dans la situation initiale.
Le passage correspondant à un élément de résolution est le deuxième. Dans celui-ci, on remarque l'évolution de corbeaux dans le ciel. Leur présence inhabituelle et leur masse impressionnante est soulignée par la métaphore et la comparaison hyperbolique : « Le ciel en portait un nuage comme s'ils se fussent réunis de tous les coins de l'horizon ». Leur comportement intrigant, souligné par l'emploi de l'adverbe « étrangement », permettra de résoudre le mystère de la disparition de l'aveugle : « Un gars alla voir ce qu'ils faisaient, et découvrit le corps de l'aveugle, à moitié dévoré déjà, déchiqueté ». L'emploi de la conjonction de coordination « et » souligne aussi la découverte, et donc l'élément de résolution.
(1) « La bête ouvrit les yeux, et dit à la Belle : « Vous avez oublié votre promesse ; le chagrin de vous avoir perdue m'a fait résoudre à me laisser mourir de faim ; mais je meurs content, puisque j'ai le plaisir de vous revoir encore une fois.
— Non, ma chère Bête, vous ne mourrez point, lui dit la Belle, vous vivrez pour devenir mon époux ; dès ce moment je vous donne ma main, et je jure que je ne serai qu'à vous. Hélas ! je croyais n'avoir que de l'amitié pour vous ; mais la douleur que je sens me fait voir que je ne pourrais vivre sans vous voir.
À peine la Belle eut-elle prononcé ces paroles qu'elle vit le château brillant de lumière ; les feux d'artifices, la musique, tout lui annonçait une fête [...]. »
(2) « Cependant Belle se reprochait le chagrin qu'elle allait donner à sa pauvre Bête, qu'elle aimait de tout son cœur, et elle s'ennuyait de ne plus la voir. La dixième nuit qu'elle passa chez son père, elle rêva qu'elle était dans le jardin du palais, et qu'elle voyait la Bête couchée sur l'herbe et près de mourir, qui lui reprochait son ingratitude. La Belle se réveilla en sursaut, et versa des larmes. »
(3) « Allons, il ne faut pas la rendre malheureuse : je me reprocherais toute ma vie mon ingratitude. À ces mots, Belle se lève, met sa bague sur la table, et revient se coucher. À peine fut-elle dans son lit, qu'elle s'endormit ; et, quand elle se réveilla le matin, elle vit avec joie qu'elle était dans le palais de la Bête. Elle s'habilla magnifiquement pour lui plaire, et s'ennuya à mourir toute la journée, en attendant neuf heures du soir ; mais l'horloge eut beau sonner, la Bête ne parut point. »
Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, La Belle et La Bête, 1740
L'élément de résolution permet de retrouver un équilibre. Ce dernier n'est pas le même que dans la situation initiale.
Le passage correspondant à un élément de résolution est le premier. Dans celui-ci, on remarque l'évolution des personnages, de leurs sentiments et de leur état. La transformation joyeuse du décor est soulignée par l'adjectif « brillant » et plusieurs autres termes comme « feux d'artifices », « musique » ou « fête ». Le miracle de la déclaration d'amour est lui souligné par la subordonnée circonstancielle de temps qui exprime la simultanéité : « À peine la Belle eut-elle prononcé ces paroles ».
(1) « [...] sa femme, devenant tous les jours plus laide, devint acariâtre et insupportable ; la vieille était infirme et fut encore de plus mauvaise humeur que Cunégonde. Cacambo, qui travaillait au jardin, et qui allait vendre des légumes à Constantinople, était excédé de travail et maudissait sa destinée. Pangloss était au désespoir de ne pas briller dans quelque université d'Allemagne. Pour Martin, il était fermement persuadé qu'on est également mal partout ; il prenait les choses en patience. »
(2) « "Je l'avais bien prévu, dit Martin à Candide, que vos présents seraient bientôt dissipés et ne les rendraient que plus misérables. Vous avez regorgé de millions de piastres, vous et Cacambo, et vous n'êtes pas plus heureux que frère Giroflée et Paquette.
— Ah, ah ! dit Pangloss à Paquette, le ciel vous ramène donc ici parmi nous, ma pauvre enfant ! Savez-vous bien que vous m'avez coûté le bout du nez, un œil et une oreille ? Comme vous voilà faite ! Et qu'est-ce que ce monde !"
Cette nouvelle aventure les engagea à philosopher plus que jamais. »
(3) « Vous savez...
— Je sais aussi, dit Candide, qu'il faut cultiver notre jardin.
— Vous avez raison, dit Pangloss : car, quand l'homme fut mis dans le jardin d'Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu'il travaillât, ce qui prouve que l'homme n'est pas né pour le repos.
— Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c'est le seul moyen de rendre la vie supportable.
Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas jusqu'à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme. »
Voltaire, Candide, 1759
L'élément de résolution permet de retrouver un équilibre. Ce dernier n'est pas le même que dans la situation initiale.
Le passage correspondant à un élément de résolution est le troisième. Dans celui-ci, on remarque l'évolution des personnages. La progression sociale de Cunégonde est soulignée par le verbe d'état et l'attribut du sujet comportant un adjectif mélioratif : « elle devint une excellente pâtissière ». Le changement positif ou le retour à l'équilibre est, lui, souligné par la répétition des verbes d'action suivants : « cultiver », « travaillons », « se mit à exercer », « broda », « eut soin », « rendît service ».