L'influence des progrès scientifiques sur les écrivains du XIXe siècle Exercice fondamental

Le XIXe siècle est marqué par de nombreux progrès scientifiques et industriels qui ont un impact dans l'écriture romanesque. L'essor des sciences et techniques influence les modes d'écriture et la manière dont le roman se définit. Mais ces progrès s'accompagnent également d'inquiétudes qui trouvent une résonance chez les romanciers de l'époque.

Tout d'abord, les sciences connaissent un essor dans tous les domaines autour de figures majeures comme Louis Pasteur ou Pierre et Marie Curie. Ces progrès bouleversent les conceptions traditionnelles sur l'Homme et l'animal, notamment à travers les idées de Darwin. Émergent alors des grandes théories comme le scientisme qui accorde à la science la capacité d'élucider toutes les grandes questions sur le monde. On retrouve cette fascination pour cet essor dans les fictions du savoir comme Bouvard et Pécuchet de Flaubert qui interroge précisément ce rapport aux nouveaux domaines de connaissances. Au cœur de cette dynamique, la critique et l'histoire se revendiquent sciences humaines et le roman lui-même commence à affirmer des prétentions scientifiques. Dans la droite lignée des moralistes du XVIIe siècle, des romanciers réalistes comme Balzac souhaitent dresser un tableau des mœurs : l'auteur de La Comédie humaine propose une théorie des milieux proches de la sociologie et qui s'inspire des recherches zoologiques de Geoffroy-Saint-Hilaire. Balzac, dans sa méthode, fait preuve d'une forte ambition scientifique car il présente tous les traits de caractère de ses personnages, qui incarnent des types humains, comme le résultat de lois générales sur l'Homme. Plus fortement encore, le naturalisme et sa doctrine affichent également des aspirations scientifiques dans l'idée que le romancier est un expérimentateur qui utilise ses personnages pour vérifier des théories scientifiques. Zola imite ainsi la méthode du biologiste Claude Bernard et définit son écriture comme une autopsie de l'être humain : son cycle des Rougon-Macquart, qui se veut une application du Traité de l'hérédité du Dr Lucas, tente de montrer que la psychologie est soumise à la physiologie et que l'influence des milieux et des circonstances détermine l'individu, ses choix, et sa personnalité. Chaque roman est préparé en amont par un travail de recherche et d'enquête considérables, qui rappelle en cela la démarche de Flaubert.

Cependant, cet essor rapide des sciences et techniques n'est pas perçu sans inquiétude. La Bête humaine de Zola est à cet égard emblématique : récit d'amour et de mort qui multiplie les crimes sordides, le roman met en scène le monde du rail et s'achève avec la perte de contrôle du train qui transporte les soldats sur le front de Prusse. Le regard porté par les romanciers réalistes et naturalistes sur leur société et leurs pairs est ainsi fortement pessimiste. Par ailleurs, cette forte industrialisation permet l'enrichissement rapide de certains bourgeois, ce qui met l'argent au cœur des problématiques littéraires de l'époque : Balzac ou Zola, qui intitule même un de ses romans L'Argent, tentent de montrer l'écart qui se creuse entre les privilégiés et les victimes du progrès technique. Germinal de Zola, sur le monde des mineurs, dénonce avec violence la misère du peuple.