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Mobilités, flux et réseaux de la mondialisation Composition type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 07/08/2019 - Conforme au programme 2019-2020

Centres étrangers, 2015, voie ES

La mondialisation : mobilités, flux et réseaux

Quel plan aurait pu permettre de traiter le sujet ?

À combien évalue-t-on le nombre de migrants dans le monde en 2015 ?

Par combien la valeur des exportations de marchandises a-t-elle été multipliée entre 1980 et 2011 ?

Comment appelle-t-on les flux financiers émis par les émigrés ?

Que signifie NTIC ?

Quelle est la proportion de migrants dans le monde en 2015 ?

Que signifie AMM ?

"250 millions de migrants dans le monde en 2015, un record" titrait Le Parisien en décembre de cette même année. Si ce "record" s'explique bien évidemment en partie par la déstabilisation du Moyen-Orient qui a entraîné sur les routes de l'exil des millions de personnes désireuses de trouver un asile, il n'en reste pas moins que le développement des migrations internationales est une constante depuis plusieurs décennies, et ce au point de susciter de vifs débats au sein des sociétés d'accueil comme les dernières campagnes électorales américaine, britannique ou française ont pu en témoigner.
Cette tendance croissante des hommes à quitter leur pays de naissance s'inscrit dans un contexte plus large d'intensification des échanges à l'heure de la mondialisation dont on peut rappeler qu'elle consiste précisément à favoriser les échanges entre les territoires de la planète. Si ces échanges sont d'abord et avant tout économiques et financiers, ils sont aussi humains et culturels. Quelle que soit leur nature (humain, matériel ou immatériel), ces flux mettent en relation des territoires situés de part et d'autre de la planète et créent une relation d'interdépendance forte. Ils structurent le monde et l'organisent mais cette mise en réseau reste cependant largement inégalitaire.
Il nous appartiendra donc ici de nous interroger sur la mise en réseau du monde et sur la nature des échanges qui caractérisent le monde contemporain. Pour ce faire, nous aborderons dans un premier temps l'explosion des flux matériels et immatériels qui sont au cœur de la mondialisation économique avant d'envisager, dans un deuxième temps, les mobilités humaines. Enfin, nous évoquerons la question de la mise en réseau du monde dont on verra qu'elle s'avère largement inégalitaire.

I

L'explosion des flux matériels et immatériels : un marqueur de la mondialisation contemporaine

A

L'explosion du commerce international de marchandises

Il est à noter que depuis les années 1950, le commerce international n'a cessé de croître, profitant de la révolution du transport maritime et la conteneurisation. Ces échanges commerciaux se sont encore intensifiés depuis les réformes libérales menées à partir des années 1980. Pour mémoire, rappelons ainsi que la valeur des exportations mondiales de marchandises est passée de 2030 milliards de dollars en 1980 à 18 260 milliards de dollars en 2011, soit une multiplication pour 9 en trente ans.

L'explosion des échanges commerciaux résulte en partie de celle des échanges de biens manufacturés, c'est-à-dire des produits transformés dans des usines qui représentent au seuil des années 2010 près de 65% des biens matériels échangés à l'échelle mondiale contre seulement 35% en 1955. Ceci s'explique par la NDIT (Nouvelle division internationale du travail) dont on peut rappeler ici les principes. Les pays se spécialisent dans les secteurs d'activité qui leur permettent de faire valoir leurs avantages comparatifs. Ainsi, les pays d'Asie dont la main-d'œuvre est nombreuse, peu qualifiée et peu onéreuse sont devenus les "ateliers du monde" - la Chine post-maoïste en est l'exemple type. Dès lors, les pays en voie de développement produisent ce que les pays du Nord conçoivent et consomment. On comprend dès lors aisément que les flux de marchandises ne puissent qu'exploser.

Outre les biens manufacturés, les échanges de marchandises comprennent les produits agricoles, les produits miniers et les hydrocarbures. Là encore, il faut remettre les choses en perspectives. Le Brésil a par exemple fait le choix de se spécialiser dans les produits agricoles. Il est ainsi le premier producteur mondial de café ou de sucre et ces productions sont exportées dans le monde entier, et notamment dans les pays du Nord. Il est ainsi le premier exportateur mondial de jus d'orange, de café, de sucre ou de soja mais également de viande bovine ou de volaille. En ce sens, il est bien la "ferme du monde" que beaucoup évoquent. Les pays disposant de ressources pétrolières, comme l'Arabie saoudite, ou gazières, comme la Russie, exportent naturellement massivement ces ressources vers les pays consommateurs que sont les pays du Nord et, de plus en plus, vers les pays émergents comme la Chine qui en sont dépendants pour faire fonctionner leur secteur industriel. On peut aussi évoquer les minerais, notamment l'uranium, qui est indispensable aux centrales nucléaires françaises ou américaines, ou encore les terres rares, produites à 95% par la Chine et essentielles dans les productions de haute technologie .

B

Une intensification des flux financiers

Les échanges immatériels sont en très forte croissance depuis plusieurs décennies et ils révèlent l'aspect financier de la mondialisation contemporaine. En effet, si l'on a souligné plus haut le dynamisme de certains pays asiatiques, et notamment de la Chine qui est devenue l'"atelier du monde", il faut à présent montrer que ces transformations sont liées à des investissements dont beaucoup sont étrangers. Les IDE (Investissements directs à l'étranger) sont en effet au cœur de la mondialisation dans la mesure où ces flux financiers permettent aux firmes transnationales (FTN) de racheter des entreprises, de créer des filiales ou d'implanter des unités de production dans les pays présentant des atouts spécifiques. Ainsi, lorsqu'Areva rachète des mines d'extraction d'uranium au Niger ou lorsque Renault s'implante au Maroc ou en Turquie, ce sont des millions d'euros qui transitent et qui vont nourrir la croissance des pays concernés autant que celle des groupes industriels qui font ces investissements. Ces IDE participent donc de la mise en connexion du monde.

À ces IDE qui font vivre l'"économie réelle" et reflètent une stratégie de développement des grands groupes mondiaux, il faut ajouter les transactions purement financières dans le cadre des opérations boursières. L'émission d'actions, la prise de participation, le rachat d'entreprises immatriculées à l'étranger ou les ordres boursiers sont autant d'opérations qui font transiter chaque jour des milliards d'euros d'un continent à un autre. Les grandes places boursières mondiales, qu'elles soient à Londres, Shanghai, Francfort, New York ou Sao Paulo, sont autant de pôles qui structurent les flux financiers liés à la mondialisation. Enfin, il faut souligner le poids important des "remises" que les migrants envoient à leurs familles restées au pays par le biais d'entreprises spécialisées dans ce genre de transactions. Pour mémoire, rappelons que les remises des émigrés marocains représentent l'équivalent de 10% du PIB du royaume. En octobre 2014, Le Figaro rappelait par ailleurs que le total de ces remises représentait plus de trois fois l'APD (Aide publique au développement) pour un montant évalué à 435 milliards de dollars par an. L'intensification des flux financiers est donc une donnée importante de la mondialisation contemporaine dans la mesure où elle irrigue l'économie et participe de sa mise en réseau.

C

Des flux de communication en forte croissance à l'heure des NTIC

Lorsque l'on parle de la mondialisation en tant que mise en connexion des territoires et des hommes, on ne peut omettre l'importance des flux d'informations qui sillonnent la planète. Il est peu de dire que le monde des communications a été révolutionné ces dernières décennies. On parle dorénavant de NTIC : Nouvelles technologies de l'information et de la communication. Si les premiers câbles transcontinentaux ont été installés dès le XIXe siècle à l'heure de la télégraphie – on peut penser au câble trans-Manche installé en 1851 – il faut attendre le XXe siècle pour que les fonds marins soient quadrillés par ces câbles. On estime qu'il y avait 263 câbles sous-marins en 2014 et qu'ils permettaient d'assurer 99% du trafic intercontinental de données, notamment téléphoniques. À cela, on peut ajouter le rôle croissant joué par les satellites qui permettent de connecter des territoires peu accessibles par ailleurs. En d'autres termes, les informations sont en mesure de parcourir le monde en quelques secondes, c'est-à-dire en quasi temps-réel, ce qui n'est pas sans révolutionner les communications.

Nous avons évoqué la télégraphie mais il faut rappeler que cette technique a été supplantée par la téléphonie avant que l'Internet ne fasse son entrée triomphale à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle. Les communications humaines en sont donc rendues plus aisées, de même que les transferts financiers, comme les ordres boursiers. On peut ainsi vendre et acheter des produits agricoles à la bourse de Chicago depuis les campagnes les plus reculées des États-Unis ou d'Asie. Par ailleurs, les informations transitent mieux : les médias comme les télévisions, les sites d'information ou les réseaux sociaux sont en mesure de relayer et diffuser toute information en temps réel, participant évidemment à la mise en réseau du monde et modifiant sensiblement les habitudes. On peut à cet égard rappeler le rôle fondamental qu'Internet et le téléphone portable ont pu jouer lors des mouvements de protestations survenus au Maghreb en 2011 – les "Printemps arabes". Cette mondialisation de l'information laisse entrevoir l'émergence d'une société civile mondialisée qui s'apparente de près ou de loin à ce "village global" qu'avait théorisé Marshall MacLuhan en 1967 dans son maître ouvrage intitulé The Medium is the message.

Les territoires et les hommes qui les habitent sont donc aujourd'hui très largement connectés et mis en réseau, que ce soit via les échanges commerciaux, par les échanges financiers ou par les échanges d'informations. Ils sont aussi mis en relation via les mobilités.

II

Le monde à l'heure de la mobilité

A

Les migrations internationales de travail au cœur de la mondialisation

Si la mondialisation est économique et financière, elle est aussi humaine et les brassages de population induits par les mobilités, quelles qu'elles soient, en témoignent. Parmi ces mobilités, on peut insister sur les migrations internationales : on considère qu'en 2015, 250 millions de personnes avaient migré dans le monde, c'est-à-dire changé de pays, ce qui représenterait, selon l'ONU, près de 3,3% de la population mondiale - contre seulement 2,8% en 2000. Cette propension des hommes à migrer a pour cause de nombreux facteurs : la recherche d'un travail et de meilleures conditions de vie mais aussi la nécessité de fuir des zones de combats ou des régimes autoritaires, sans compter les régions victimes de catastrophes naturelles liées, peu ou prou, au changement climatique. Ces migrations sont par ailleurs permises par la révolution et la démocratisation relative des transports internationaux : prendre l'avion aujourd'hui est moins coûteux qu'il y a 40 ans et les connexions sont par ailleurs plus nombreuses. Cependant, on ne peut que souligner la diversité des situations et donc des conditions de la migration comme les catastrophes humanitaires en Méditerranée nous le rappellent trop souvent.

Migrer pour le travail est l'une des motivations premières des migrants, notamment ceux issus des pays pauvres ou en développement. Il s'agit pour eux de chercher ailleurs les emplois que leur pays d'origine s'avère incapable de leur fournir et d'assurer, à distance, la survie de leurs familles. Souvent, ce sont les hommes qui migrent, laissant, provisoirement, femmes et enfants au pays ; ils leur enverront une partie du fruit de leur travail, ce sont les "remises" déjà évoquées. Ces migrations mettent en relation les pays du Sud et les pays du Nord considérés comme des eldorados même si les conditions d'accueil s'avèrent finalement décevantes à bien des égards. Ces migrants sont en effet généralement confinés dans des emplois peu qualifiés et mal rémunérés, ceux que les natifs se refusent souvent à occuper. Mais, on aurait tort de ne voir les migrations de travail qu'au prisme de la misère et de la pauvreté. Les diplômés migrent aussi : ils cherchent des opportunités de carrière et des rémunérations conformes à leurs attentes. Certains pays s'avèrent particulièrement attractifs : les États-Unis bien sûr, mais aussi l'Europe. Ce "brain drain" n'est pas sans poser de problèmes aux pays de départ qui voient partir les "cadres" qui leur auraient permis d'assurer leur développement. Quoi qu'il en soit, ces migrations reflètent les inégalités de richesses et de développement sur lesquelles la mondialisation prospère autant qu'elle vise à les réduire.

B

L'exil ou quand les routes de la mondialisation permettent d'échapper à l'oppression et aux fléaux

À l'heure où l'Europe doit faire face à la "crise des migrants", la question des réfugiés se pose avec acuité. Le HCR (Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU) estime qu'en 2015, le nombre de réfugiés s'est élevé à près de 65 millions, un record historique qu'il faut mettre en perspective : on estimait que ce nombre s'élevait à 2 millions en 1951 et à 20 millions en 2000. Il y a donc une véritable explosion du nombre de réfugiés.

Si l'on se concentre sur les réfugiés de guerre, on peut signaler que le Proche et le Moyen-Orient sont les principaux pourvoyeurs de réfugiés avec l'Afrique. Ainsi, parmi les premiers pays pourvoyeurs de réfugiés selon le HCR, on signale la Syrie avec près de 12 millions, l'Irak avec 4 millions, l'Afghanistan avec 3,6 millions, la RDC avec 3,4 millions, etc. Il faut cependant noter que ces demandeurs d'asile tentent autant que possible de rester à proximité de leurs lieux d'habitation où ils espèrent pouvoir revenir une fois le conflit terminé. Ceci explique donc qu'ils ne soient qu'une minorité à tenter le grand voyage vers l'Europe ou les États-Unis. Ces migrants particuliers que sont les réfugiés sont pris en charge par des organisations internationales comme le HCR ou la Croix Rouge qui participent à l'accueil et à la gestion des camps de réfugiés. Ils sont aussi soumis aux réseaux de passeurs qui empruntent les routes de la mondialisation. À ces réfugiés de guerre, il faut ajouter les réfugiés politiques qui fuient la répression menée par des régimes autoritaires peu soucieux des droits de l'Homme. Les flux sont moins massifs et plus individuels et ces exilés cherchent à s'établir dans des pays démocratiques depuis lesquels ils pourront assurer leur sécurité et poursuivre, le cas échéant, leur lutte.

Enfin, il faut évoquer une catégorie de réfugiés, celles des réfugiés climatiques - bien que cette catégorie ne soit pas encore reconnue officiellement par les institutions internationales. Les dérèglements climatiques engendrent en effet des catastrophes dont les conséquences poussent des millions de personnes sur les routes. La disparition, à moyen terme, de certaines petites îles en raison de la montée du niveau de la mer, ne peut que laisser entrevoir l'ampleur du phénomène à venir. On estime d'ailleurs que le nombre de réfugiés climatiques est supérieur à celui des réfugiés de guerre : ainsi en 2013, selon un article du Figaro de septembre 2014, on comptait 22 millions de réfugiés climatiques.

Si les migrations ont explosé ces dernières années, on ne saurait sous-estimer la place du tourisme international dans la question des mobilités mondiales.

C

Une mobilité : le tourisme international

La mobilité, on l'a dit, c'est aussi le tourisme. À la différence du migrant, le touriste quitte son domicile dans l'intention d'y revenir et ne s'en absente pas plus d'un an. Ce tourisme peut être national ou international dès lors qu'il y a franchissement d'une ou plusieurs frontières. L'accroissement du niveau de vie des individus, le développement de ce que certains ont appelé la "civilisation des loisirs" dans les pays occidentaux et la démocratisation des moyens de transport et d'accueil expliquent évidemment l'explosion du tourisme au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Selon certaines estimations, on estime que le nombre de touristes s'élevait à 1,2 milliards en 2015 contre 439 millions seulement en 1990, soit une augmentation par près de 2,5 du nombre de touristes.

Le tourisme peut prendre plusieurs formes qui, toutes, ont des impacts en termes de flux et d'aménagement du territoire à l'échelle mondiale. Le tourisme de croisière semble de loin le plus dynamique et le magazine Challenges d'avril 2015 prévoyait ainsi que 23 millions de croisiéristes allaient sillonner les mers du monde cette année là, un chiffre en forte progression. Le développement de ce tourisme nourrit la croissance économique du secteur de la construction navale et nécessite des aménagements portuaires nouveaux afin de permettre aux géants des mers d'accoster. Cela suscite aussi quelques débats comme à Venise où on accuse les paquebots de nuire à la Sérénissime et de boucher la vue sur la lagune.

Le tourisme international, c'est aussi les clubs et autres complexes hôteliers qui se développent, notamment sur les côtes les plus paradisiaques du monde. La Méditerranée est l'une des régions touristiques les plus développées du monde. Le Maroc, la Tunisie ou l'Égypte ont développé le secteur afin d'accueillir les Européens en quête de soleil, de plage et d'exotisme. Mais l'Asie ou les Caraïbes ne sont pas en reste. Ce sont des dizaines de millions de nuitées qui sont vendues chaque année dans ces régions. Ce tourisme participe de la mondialisation de plusieurs manières : d'une part en créant des flux, d'autre part en favorisant une "baléarisation", c'est-à-dire une uniformisation des régions touristiques quand cela ne s'apparente pas à une "disneylandisation". Le style international ou faussement typique tend à gommer les différences et à créer une sorte de culture mondialisée. Quoi qu'il en soit, le tourisme apparaît donc au cœur des problématiques liées à la mondialisation. Il en est une manifestation et un facteur.

Si les échanges caractérisent la planète à l'heure de la mondialisation, il faut souligner néanmoins qu'ils ne concernent pas tous les territoires de la même manière ; cette mise en réseau du monde est à bien des égards inégale.

III

Une mise en réseau inégale

A

Des pôles dominants

Il apparaît que les flux sont sélectifs et se concentrent sur les territoires les plus dynamiques de la planète que sont les pays de la Triade comprenant l'Amérique du Nord, l'Europe de l'Ouest et le Japon. Ces territoires concentrent ainsi 75% du PIB mondial. Leur niveau de richesse et de développement en fait des marchés de premier ordre qui polarisent les flux de marchandises notamment mais également les flux financiers puisque l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale concentrent l'essentiel des stocks d'IDE. De même, ces territoires sont de véritables aimants à immigration en raison précisément de la richesse qui les caractérise.

Il faut souligner en outre la place particulière qu'occupe l'AMM (Archipel mégalopolitain mondial) tel qu'analysé par Olivier Dollfus. La mégalopolis américaine (ou « BosWash »), la dorsale européenne ou la mégalopole japonaise sont les centres d'impulsion majeurs et, en conséquence, concentrent les flux. Les principales bourses mondiales s'y trouvent : Wall Street à New York, la bourse de Londres ou celle de Tokyo sont des places boursières de premier ordre qui concentrent une bonne part de la capitalisation boursière mondiale. Les façades maritimes de ces territoires s'avèrent par ailleurs très dynamiques : il suffit de penser à la Northern Range européenne. La façade maritime du Nord-Est de l'Amérique apparaît elle aussi comme une façade majeure au même titre que les ports de la façade maritime japonaise organisée autour d'Osaka-Kobe.

Quant aux flux d'informations, là encore, on ne peut que constater qu'ils sont concentrés sur ces territoires. Les flux d'informations transatlantiques sont d'une rare intensité et dépassent de très loin tous les autres. À cet égard on peut d'ailleurs noter que le cœur du réseau internet se situe aux États-Unis et que ce pays s'affirme de très loin comme le premier détenteur de serveurs à l'échelle mondiale. Outre l'aspect technique, on peut noter que le contenu de ces flux d'information émane pour l'essentiel de ces territoires. Les États-Unis par exemple, grâce à la puissance de leurs médias dont CNN est l'illustration parfaite, s'imposent comme des "fabricants" d'information de première importance à l'échelle mondiale. Les Britanniques et la BBC ne sont pas en reste.

Enfin, il faut préciser que dans cette lecture multiscalaire, il faut faire une place aux métropoles et notamment aux métropoles mondiales telles que Saskia Sassen les a étudiées. New York, Tokyo, Londres ou Paris sont de véritables "Global cities" dont le rayonnement s'étend à l'ensemble de la planète. Leurs fonctions de commandement les constituent de fait en pôles concentrant les flux. On pourrait encore affiner en centrant le propos sur les CBD (Central business district) qui, à l'image de Manhattan à New York, de la City de Londres ou de La Défense à Paris-Nanterre, ont un rôle d'impulsion majeur. C'est là que la mondialisation prend corps, c'est en grande partie de là qu'elle est impulsée car ces CBD concentrent les sièges sociaux des grandes entreprises et les bourses dont on a vu l'importance dans la structuration et l'orientation des flux à l'échelle mondiale.

B

Des pôles en voie d'affirmation : les émergents

Les pays d'Asie de l'Est, au premier rang desquels on peut compter la Chine, tendent à s'imposer comme des acteurs majeurs. Ils sont devenus les "ateliers du monde" et exportent donc massivement des biens manufacturés dans le cadre de la NDIT comme on l'a vu plus haut. Aussi sont-ils devenus d'importants pôles émetteurs de flux de marchandises. On ne s'étonnera pas de voir qu'en 2013, selon Questions internationales de novembre-décembre 2014, Shanghai était le premier port mondial avec un trafic évalué à 33,6 EVP (Équivalent vingt pieds), suivi de Singapour (32,2 EVP), Shenzhen (23,3 EVP) et Hong Kong (22,4 EVP). Très clairement donc, la façade maritime d'Asie de l'Est est devenue la première au monde, ce qui reflète bien l'émergence des pays de la région. Plus largement, on pourrait souligner le rôle croissant des BRICS.

Il en va de même pour ce qui concerne la finance : Singapour ou Hong Kong s'affirment comme des places boursières de premier plan et Shanghai ou Sao Paulo rivalisent avec panache avec leurs concurrentes, signe d'un rééquilibrage progressif à l'échelle mondial. Les flux d'IDE témoignent eux aussi de la dynamique à l'œuvre. Si les flux Nord-Nord sont largement dominants, les flux Nord-Sud mais également Sud-Sud prennent de l'ampleur. Aux investissements occidentaux en Asie dans le cadre des délocalisations s'ajoutent les investissements chinois en Afrique : achats de terres, investissements dans les infrastructures de transports, etc. Autant d'éléments qui montrent que la structuration des flux financiers mondiaux est en mutation. Cela va de pair avec les flux d'informations. Les pays émergents tendent à développer leur niveau d'équipement : les connexions à Internet et aux réseaux téléphoniques sont en progression et ces territoires participent de plus en plus aux échanges.

Enfin, on peut rappeler que la mobilité des hommes témoigne de ces modifications. Ainsi, si le nombre de touristes occidentaux est encore très nettement supérieur à celui des touristes issus des pays dits du Sud, il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui la Chine est le premier pays émetteur de touristes en raison de la croissance économique que le pays a connu ces dernières décennies. Par ailleurs, on peut noter que les pays émergents attirent aussi de plus en plus de touristes : on estime ainsi qu'ils comptent pour 46% des arrivées touristiques, ce qui témoigne bien de leur attractivité. Enfin, il faut évoquer les flux migratoires. Les flux Sud-Nord sont certes importants mais les flux Sud-Sud les ont dépassés. Plusieurs raisons à cela : d'une part, une partie des migrants économiques se dirigent vers les pays émergents dont l'économie s'avère dynamique et procure des emplois. D'autre part, les migrants en quête de refuge s'éloignent le moins possible de leur pays d'origine afin de pouvoir y revenir le plus tôt possible ; en conséquence, les flux de réfugiés sont largement absorbés par les pays du Sud.

C

Les "angles morts" de la mondialisation

Dans ce monde en recomposition, il semble que certains territoires soient délaissés par les routes de la mondialisation. Les flux qui structurent le monde les évitent et les marginalisent. Ces territoires, qu'à bien des égards on peut considérer comme des "angles morts" de la mondialisation, sont pour partie enclavés, loin des littoraux dont on aura compris le rôle qu'ils jouaient dans les échanges commerciaux mondiaux. Ils sont, pour beaucoup, dépourvus des ressources naturelles indispensables au fonctionnement de la mondialisation comme les hydrocarbures ou les minerais. On peut rappeler que ces territoires sont par ailleurs marqués par une grande pauvreté et qu'ils ne constituent donc pas des marchés économiques à conquérir. Les FTN n'ont en conséquence aucun intérêt à y investir, ce qui explique qu'ils n'apparaissent pas comme des récepteurs de flux financiers, pas plus qu'ils n'apparaissent comme des récepteurs de flux commerciaux. La Chine intérieure est l'exemple type de ces territoires, de même que le cœur de l'Amazonie, les territoires australes ou les steppes d'Asie centrale. Mais, a contrario, nombre d'îles sont aussi marginalisées et sont victimes de leur insularité – à moins qu'elles n'aient su capter les flots de touristes à la recherche de l'exotisme.

Ces territoires sont pour beaucoup rassemblés dans une catégorie de pays qu'on appelle les PMA (les Pays les moins avancés). Au nombre de 49, ils se répartissent de manière tout à fait inégale sur les différents continents : 34 en Afrique subsaharienne, 9 en Asie, 5 dans le Pacifique et 1 dans les Caraïbes. Si tous ne sont pas enclavés ou dépourvus de ressources, ils sont pour l'essentiel marqués par l'instabilité politique et la corruption, ce qui nuit gravement à leur intégration au processus de mondialisation. Les FTN ne goûtent guère les risques inconsidérés et auront tendance à éviter d'investir dans des pays à risque.

Enfin, il faut souligner une fois encore la pertinence de l'analyse par échelle. Les pays qui semblent les mieux intégrés à la mondialisation et qui concentrent les flux ont aussi des territoires marginalisés. Le grand Nord canadien, les Rocheuses américaines, le Larzac français sont à bien des égards des territoires en marge des flux de la mondialisation. On pourrait pousser jusqu'aux banlieues pauvres des grandes métropoles mondiales, voire jusqu'aux quartiers les plus populaires des villes-centres. Mais, dans ce cas, il serait exagéré de parler d'"angles morts" car ils ne sont pas oubliés mais victimes de la mondialisation telle qu'elle fonctionne, c'est-à-dire de la sélection et de la hiérarchisation qu'elle induit.

La mondialisation vit des flux qu'elle génère : qu'il s'agisse de flux matériels, immatériels ou humains, ces flux relient des pôles et forment un réseau. Ce réseau mondialisé est largement dominé par la Triade bien que celle-ci soit aujourd'hui concurrencée par les pays émergents du Sud. Dès lors les flux de marchandises, de capitaux, d'informations ou d'hommes voient leurs orientations évoluer progressivement. Les mouvements Sud-Sud se développent, témoignant de l'émergence de pôles secondaires autant qu'ils l'encouragent et l'accélèrent.
Dans ce paysage mondial, il apparaît que des territoires sont largement délaissés par les flux. Ils constituent des "angles morts". Ils illustrent à eux seuls la logique de hiérarchisation qui préside à la mondialisation économique et financière qui s'est développée depuis le milieu du XXe siècle.

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