Expliquer la fracture énergétique Exercice fondamental

Alors que la demande en énergie augmente de façon continue, de nombreuses populations connaissent des difficultés d'accès à l'énergie qui ont de lourdes conséquences sur le plan sanitaire, écologique et environnemental. On parle alors de fracture énergétique pour caractériser ces inégalités d'approvisionnement en ressources, qui concernent surtout les pays en développement, et qui sont présentes à toutes les échelles.

La consommation d'énergie a presque doublé depuis les années 70. Cette consommation concerne principalement les pays développés, mais ces derniers occupent une place moins importante depuis le développement économique de certains pays comme la Chine. Entre 1973 et 2010, les pays développés sont ainsi passés d'une part de 60,3% à 42,5% de la consommation finale mondiale, alors que la Chine passait de 7,9% à 17,5%. Cette croissance globale cache une réalité plus contrastée avec de fortes disparités selon les régions du monde, révélant une véritable "fracture énergétique" : aujourd'hui encore, 2 milliards de personnes n'ont toujours pas accès à une énergie suffisante pour vivre dignement. La situation est ainsi très violemment contrastée. Concernant la consommation de pétrole par exemple, les disparités sont flagrantes : les États-Unis consomment 25 barils de pétrole par personne et par an, les Européens en consomment 12, les Chinois 2 et les Indiens un seul. Pour de nombreux habitants de la planète, la biomasse (bois et déchets organiques) est la seule source d'énergie. 1,6 milliard d'habitants n'ont encore aujourd'hui pas accès à l'électricité, pourtant source d'énergie majeure pour assurer le développement sanitaire et économique d'un pays. En Afrique notamment, 80% de la population rurale n'a pas accès à l'électricité. Cette inégalité constitue un grave obstacle au développement de ces pays ainsi qu'à la santé de leurs habitants. Selon la Banque mondiale, 2 millions de personnes meurent ainsi chaque année de pollution liée à la mauvaise qualité de l'énergie de cuisson. Le manque de moyens de réfrigération freine également le développement des vaccins qui ne peuvent être conservés qu'au frais. L'utilisation massive de la biomasse a de son côté des conséquences lourdes sur l'environnement. Les besoins de feu et de combustible entraînant une déforestation de grande envergure, sans compter le temps passé à ramasser du bois et de la biomasse qui pourrait être utilisé à des fins productives.

Cette fracture énergétique se retrouve à d'autres échelles. Au sein des États développés, certains ménages sont vulnérables par la faiblesse de leurs revenus. Ils ne peuvent donc pas toujours avoir les moyens d'avoir accès à de l'énergie, qu'elle serve à l'éclairage ou au chauffage. La fracture énergétique s'explique dans ce cas par la fracture économique. Dans les pays en voie de développement, cette fracture est encore plus marquée spatialement. C'est dans les campagnes de ces pays que le manque d'énergie se fait le plus ressentir. Les États n'ont pas toujours les moyens de construire les aménagements nécessaires d'approvisionnement pour des espaces situés en périphérie et très éloignés des centres de production ou de stockage. De plus, même si les villes sont les espaces privilégiés pour l'accès à l'énergie, la fracture énergétique se retrouve dans l'espace urbain des pays en développement. Si les centres économiques (quartiers des affaires et centres commerciaux) sont privilégiés, ce n'est pas toujours le cas des banlieues situées en périphérie. La fracture la plus visible reste les bidonvilles dans lesquels les raccordements notamment électriques sont illégaux voire inexistants.