Quelles tensions les ressources et les flux d'énergie génèrent-ils ?
Envers quel pays la Russie utilise-t-elle le gaz comme moyen de pression ?
Quel est le pourcentage des réserves mondiales de pétrole qui se situent au Moyen-Orient ?
Quel pays est attaqué par l'Irak en 1990 pour ses ressources en pétrole ?
Dans vingt ans, avec 8 milliards d'habitants et la croissance économique de nouvelles puissances, la compétition pour l'accès aux ressources va s'intensifier et pourrait provoquer de nouveaux types de conflits. Sécuriser les flux énergétiques devient alors aussi une priorité pour les États importateurs.
En 2030, la demande énergétique mondiale aura progressé presque de moitié par rapport à 2007. Les énergies fossiles couvriront encore 75% des besoins énergétiques contre 81% aujourd'hui, et la répartition inégale de ces ressources pourrait être source de conflits. En 2030, on prévoit que deux tiers de la production mondiale de pétrole et de gaz resteront concentrés sur les États arabes du Golfe, l'Irak et l'Iran. Si les tensions liées aux questions énergétiques menacent prioritairement la sécurité interne des États, elles peuvent également conduire à des crises sur la scène internationale. L'énergie peut être utilisée comme moyen de pression, comme, par exemple, entre la Russie et l'Ukraine en matière de livraison de gaz, ou dégénérer en guerre ouverte, comme par exemple l'intervention irakienne au Koweït en 1990, correspondant à cette situation. En Irak et en Syrie, l'État Islamique du "Calife Ibrahim" a mis la main sur de vastes champs pétroliers et entend les exploiter tel un butin de guerre. En Afrique, la guerre du Mali n'est pas une guerre dénuée d'enjeux économiques. La proximité des sites d'uranium du Niger, exploités par Areva, comme les ressources exploitables dans le Nord du Mali, est au cœur de ce conflit.
L'accès sécurisé à ces zones de production et la sécurisation du transport constitueront des enjeux stratégiques centraux pour les pays dépendants. Le transport maritime est essentiel pour l'acheminement des hydrocarbures et permet d'assurer environ 50% des besoins des États-Unis, 70% de ceux de l'Europe et pratiquement la totalité de ceux de pays comme la France ou le Japon. Les canaux et les détroits sont, à ce titre, des voies de passages privilégiées voire incontournables pour les flux énergétiques. Globalement, il existe 4 détroits dans le monde dits "d'intérêt stratégique" pour le transit du pétrole : Ormuz, Malacca, Bab El-Mandab et le Bosphore. Deux canaux jouent également un rôle essentiel, il s'agit de Suez et de Panama. Trois détroits stratégiques entourent la péninsule Arabique, zone réputée plutôt instable (conflit Israël-Palestine, guerre du Golfe et guerre en Irak ont fortement perturbé le trafic maritime dans le détroit d'Ormuz) et des menaces pèsent sur ces espaces. Le blocus ou la fermeture du détroit d'Ormuz auraient des conséquences considérables sur le marché pétrolier. À la différence des autres détroits, celui-ci représente l'unique voie de sortie pour l'exportation par voie maritime du pétrole saoudien et iranien. Les moyens de transport terrestres ne suffiraient pas à l'évacuation totale de ces ressources. On peut alors s'inquiéter de l'éclatement d'un conflit en Iran, qui contrôle ce détroit et pourrait envisager de fermer ce passage stratégique pour faire pression sur les États-Unis. La piraterie maritime est une autre menace. Les tankers sont régulièrement pris pour cibles notamment aux abords des détroits où le trafic est intense (réquisition des marchandises et revente sur marché noir). À titre d'exemple, le détroit de Bab-El-Mandeb comptait 21 attaques en 2006, le détroit de Malacca en comptait 11. L'implication de moyens militaires des grandes puissances dans les détroits et les canaux montre bien le caractère stratégique de ces zones et rappelle que la sécurité de l'approvisionnement énergétique est une priorité.
- La raréfaction des énergies fossiles et l'accroissement de la demande expliquent les tensions qui s'intensifient autour des réserves actuelles.
- Les menaces pèsent également sur les flux énergétiques et les routes maritimes qu'empruntent ces derniers.