Expliquer les conflits d'intérêts entre les différents acteurs du monde arctique.
De quelles ressources énergétiques l'Arctique contiendrait d'importantes réserves ?
Quel nom porte l'espace limitant la souveraineté d'un État à 200 milles marins au large de ses côtes ?
Quel État a commencé à militariser l'Arctique ?
Quel espace de l'Arctique abrite des bases de lancement de missiles américains ?
L'intégration croissante des mondes arctiques va intensifier les conflits d'intérêts entre les acteurs de ces espaces. La possibilité de découvrir de nouvelles ressources, le partage des eaux internationales et une présence militaire de plus en plus nette en sont les caractéristiques majeures.
Actuellement, même si les réserves halieutiques du bassin arctique sont inconnues (nombre, habitudes, capacités de reproduction et d'adaptation), six espèces de poissons sont convoitées : la morue, le colin, l'aiglefin, le merlan bleu, le hareng et le capelan. La convention sur le droit de la mer de 1982 organise les pêcheries par accords régionaux et un certain nombre existent : coopération régionale en Atlantique Nord-Est, gestion des stocks imposée par l'ONU, accord des Nations unies sur la pêche de 2001, etc. Mais rien n'est prévu pour réglementer les pêcheries en Arctique central, ce qui laisse craindre l'introduction d'une pêche intensive, notamment de la part des pêcheurs d'Asie Pacifique. Du coté des ressources énergétiques, l'Arctique contiendrait 13% des réserves mondiales de pétrole, soit 90 milliards de barils, 30% des réserves de gaz naturel (47 000 milliards de mètres cubes) et 20% du gaz naturel liquide, principalement en Russie. On imagine alors fort bien les convoitises que ces ressources peuvent susciter.
Tensions et convoitises ne concernent pas seulement les ressources présentes ou à découvrir. L'usage même de la mer est source de conflit. En effet, en l'état actuel du droit international, aucun pays ne possède le pôle Nord ou la région de l'océan Arctique qui l'environne. Les cinq États entourant la zone, la Russie, les États-Unis (par l'Alaska), le Canada, la Norvège et le Danemark (par le Groenland) voient leur souveraineté limitée par la limite des 200 milles marins au large des leurs côtes (zone économique exclusive). Par la ratification de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, chaque pays dispose d'une période de dix ans pour revendiquer l'extension de son plateau continental. De ce fait, la Norvège (qui l'a ratifié en 1962), la Russie (en 1972), le Canada (en 2002) et le Danemark (en 2004) ont mis en œuvre divers projets de revendication sur certains secteurs de l'Arctique qui pourraient relever de leur territoire. Les États-Unis ont signé, mais pas encore ratifié le traité. Les enjeux sont ici considérables tant au niveau des ressources que des routes maritimes.
Face à tous ces enjeux et ces tensions, les espaces arctiques font l'objet d'enjeux militaires. Initiée par la Russie, la militarisation de l'Arctique est aujourd'hui une réalité. C'est d'abord la Russie qui a commencé à rouvrir d'anciennes bases désaffectées puis affirmé l'enjeu crucial que revêtait l'Arctique pour la défense de son territoire. Ce début de militarisation a été renforcé par la décision des États-Unis d'inclure le monde arctique dans son organisation de bouclier antimissile. En effet, depuis 2013, le Groenland abrite des bases de lancement. Le Canada devrait rejoindre ce système. Enfin, sur mer, 26 navires-vecteurs étaient déployés en 2012, dont 23 susceptibles d'être déployés aux frontières maritimes de la Russie. L'Arctique devient alors un enjeu géostratégique capital dans le face à face États-Unis - Russie.
- Les conflits d'intérêt en Arctique concernent essentiellement les ressources naturelles présentes et supposées.
- Ces conflits portent également sur le partage des eaux qui permettrait l'accès ou non à ces ressources.
- L'Arctique est un espace de plus en plus militarisé, enjeu des tensions entre les États-Unis et la Russie.