Expliquer les débats et les contestations de la colonisation Exercice fondamental

Jules Ferry, avocat, journaliste puis homme politique, fait voter les lois sur l'instruction laïque, gratuite et obligatoire jusqu'à 13 ans en 1881 et 1882. Puis il se place en défenseur de la colonisation. Pour lui, elle est bénéfique pour l'économie, pour les relations entre les pays et pour le pays colonisateur lui-même. Cette théorie est défendue par le "parti colonial" composé de militaires, de commerçants, de savants et de géographes. Au début, les Français sont un peu indifférents, mais l'État met en place une propagande pour les convaincre. Des affiches et des cartes postales sont mises en avant, comme celle nommée "Gloire à la plus grande France". Des expositions ont lieu, telle que celle du jardin zoologique d'acclimatation de Paris en 1887 où sont exposés des indigènes du royaume du Bénin (les Ashantis). La France en fera la conquête en 1893.

Tout cela fait débat, et beaucoup ne soutiennent pas la colonisation. Les industriels dénoncent son coût élevé, les républicains contestent ses réelles motivations et les nationalistes pensent que la colonisation va éloigner les Français de la revanche qu'ils ont à prendre sur les Allemands, après leur défaite face à la Prusse en 1870.
Cependant, dans les années 1880, la France entreprend une grande conquête coloniale et en 1914, l'Empire colonial français est le deuxième plus vaste du monde. Le rôle joué par les indigènes pendant la Première Guerre mondiale renforce l'attachement des Français vis-vis de leurs colonies. Une culture coloniale apparaît, avec la diffusion d'une culture imprégnée des colonies et une justification de la colonisation. Le succès de l'exposition de Vincennes de 1931 qui souligne la puissance coloniale française, montre l'adhésion des Français à la colonisation.

Cependant, en métropole, certains dénoncent les méfaits de la colonisation. C'est le cas des communistes et des anarchistes, qui sont officiellement anticolonialistes. D'autres, comme les socialistes et les chrétiens, se posent des questions sur le but réel et l'utilité de cette colonisation. Selon eux, les indigènes sont soumis à de très mauvaises conditions de travail et à une justice arbitraire par le biais du Code de l'indigénat. Par exemple, entre 1921 et 1934, la ligne de chemin de fer de 500 km, reliant Brazzaville (capitale de l'Afrique équatoriale française) au port de Pointe-Noire, est construite grâce à une main-d'œuvre gratuite, forcée au travail. Ce chantier fait tellement de victimes que l'on surnomme le train le "mangeur d'hommes". Des étudiants noirs africains et antillais, comme Léopold Sédar Senghor ou Aimé Césaire, inventent un mouvement littéraire, la négritude, fondé à Paris dans les années 1930 pour dénoncer la colonisation et le racisme et pour défendre l'identité noire.

La contestation monte également dans les colonies. Certains indigènes refusent d'obéir, et certains se révoltent. Des mouvements nationalistes réclament l'autonomie politique et l'égalité sociale, voire l'indépendance. Par exemple, l'Algérien Messali Hadj crée le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) réclamant la formation d'une assemblée constituante et le départ des troupes françaises en Algérie. De même, Hô Chi Minh en Indochine organise le Viêt Minh en 1941 rassemblant tous les communistes et les nationalistes vietnamiens, puis proclame l'indépendance du Vietnam et mène la guerre d'Indochine contre la France de 1946 à 1954.