Victor Schœlcher, extrait de Des colonies françaises : abolition immédiate de l'esclavage
Gallica BNF
1842
Celui qui prétend avoir le droit de garder des hommes en servitude, parce qu'on ne trouverait pas de bras libres pour planter des cannes, et celui qui soutiendrait qu'on a le droit de voler parce qu'on n'a pas d'argent, sont à nos yeux deux fous ou deux scélérats absolument pareils.
Lorsque j'arrive à réduire ce droit à son expression la plus concrète, lorsque m'isolant par abstraction du monde matériel et me retirant dans le monde intellectuel, je me représente que de deux hommes, l'un se dit le maître de l'autre, de sa volonté, de son travail, de sa vie, de son cœur, cela me donne tantôt un fou-rire, tantôt des vertiges de rage.
Que l'esclavage soit ou ne soit pas utile, il faut le détruire ; une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. La raison d'impossibilité n'a pas plus de valeur pour nous que les autres, parce qu'elle n'a pas plus de légitimité. Si l'on dit une fois que ce qui est moralement mauvais peut être politiquement bon, l'ordre social n'a plus de boussole et s'en va au gré de toutes les passions des hommes. La violence commise envers le membre le plus infime de l'espèce humaine affecte l'humanité entière ; chacun doit s'intéresser à l'innocent opprimé, sous peine d'être victime à son tour, quand viendra un plus fort que lui pour l'asservir. La liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle, vous ne pouvez toucher à l'une sans compromettre tout à la fois.
Autant que qui que [ce] soit nous apprécions la haute importance politique et industrielle des colonies, [...] et cependant c'est notre cri bien décidé, pas de colonies si elles ne peuvent exister qu'avec l'esclavage.
L'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848.
François-Auguste Biard, Château de Versailles via Wikimedia Commons
1849

Qui est l'auteur du document 1 ?
Le document 1 est un extrait de Des colonies françaises : abolition immédiate de l'esclavage, rédigé en 1842 par Victor Schœlcher.
L'auteur du document 1 oppose deux conceptions de l'esclavage, celle qui justifie le maintien de l'esclavage et la sienne, abolitionniste. Classer les extraits suivants dans les arguments en faveur de l'esclavage ou dans les arguments en faveur de l'abolition de l'esclavage.
"On ne trouverait pas de bras pour planter des cannes".
"Moralement mauvais"
"Politiquement bon"
"Une chose criminelle"
"La raison d'impossibilité"
"La liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle".
Arguments pour l'abolition
Arguments en faveur du maintien de l'esclavage
L'esclavage est considéré par Victor Schœlcher comme une "chose criminelle", "moralement mauvaise". En effet, selon lui, personne n'a le droit d'être maître d'un autre homme et de pouvoir encadrer sa vie. L'esclavage est par ailleurs perçu comme une violence, qu'il faut prendre en compte, sous peine de prendre le risque de subir cette même violence. Il indique que "la liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle".
Il fait également mention des arguments et des positions de ceux qui veulent maintenir l'esclavage. Ces derniers opposent une "raison d'impossibilité" expliquant qu'""on ne trouverait pas de bras pour planter des cannes", arguant ainsi d'un argument "politiquement bon".
À l'aide du document 2, indiquer en quelle année l'esclavage est aboli en France.
Le document 2 indique que l'esclavage en France est aboli en 1848 par Victor Schœlcher.
Le document 2 montre une scène d'émancipation d'esclaves. La République française, présentée comme émancipatrice, est bien représentée sur le tableau. Certains aspects du tableau maintiennent aussi l'idée d'une certaine infériorité des anciens esclaves. Relier chacun des éléments du tableau avec le thème correspondant.
La République française présentée comme émancipatrice.
La joie des esclaves libérés
Les esclaves libérés restent perçus comme inférieurs.
De nombreux esclaves sont dévêtus et à terre. Ils remercie à genou la République et les colons.
Un député sur une estrade, un drapeau français et des mousses de la marine française.
Des scènes de liesse, deux esclaves, les chaînes rompues, s'enlacent.
Sur ce tableau du document 2, on peut voir la joie des esclaves libérés avec, les scènes de liesse. Au centre, deux esclaves, les chaînes rompues, s'enlacent.
La République français est présentée comme émancipatrice. Le député qui vient annoncer la libération des esclaves est sur une estrade. derrière lui flotte le drapeau français. Des mousses à la gauche du tableau rappelle la présence militaire de la marine française.
Enfin, les esclaves à peine libérés conserve une image inférieure aux blancs. Ils sont représentés dévêtus, à terre, remerciant les colons et la République française à genou.