Dans quels sens peut-on prendre le terme de « sujet » ?
Comment nomme-t-on l'élément de phrase que l'on associe à un sujet (en logique) ?
Sur quoi fait-on généralement reposer la réalité de la notion de sujet ?
Quel est, en philosophie politique, le pendant du sujet (ce que tout sujet doit également être dans le cadre d'un contrat social) ?
Étymologiquement, le terme de « sujet » signifie « soumis, assujetti », mais aussi « placé dessous, mis sous ». Ce terme peut s'entendre en plusieurs sens, et pose divers problèmes conceptuels qu'il nous faudra identifier.
En logique, le sujet est un terme auquel on attribue un prédicat (toute forme de propriété, que ce soit un adjectif ou un verbe), sous le modèle A est B (exemples : Jean mange, le mardi est un jour de la semaine). En philosophie morale, le sujet est la personne morale telle qu'elle perdure dans le temps ; c'est la « substance » de la personne par opposition aux variations que peut apporter l'expérience ; à divers stades de notre vie, il se peut que nous ayons tellement changé que nous ne soyons plus la même personne. Cependant, nous restons toujours le même sujet. Le sujet est celui qui peut dire « je », qui peut se référer à lui-même, et il désignera toujours par ce « je » la même personne. Autrui diffère en ce sens des autres objets qui l'entourent car il a une conscience de lui-même qui fait de lui un sujet. Ainsi, on « fonde » le sujet plutôt sur la continuité de la conscience à travers le temps que sur une personnalité particulière. En philosophie politique, toute personne peut être considérée sous deux aspects : comme citoyen, en tant qu'elle participe à l'élaboration des lois, et comme sujet, en tant qu'elle est soumise à ces mêmes lois. En ce sens, le mot « sujet » existe aussi comme adjectif : être sujet à la loi de son pays, être sujet aux grippes saisonnières (on en attrape souvent).
La notion de sujet pose des problèmes conceptuels. Comment penser l'unité d'un être qui évolue avec le temps ? Il est certain que la même personne, considérée lors de la vieillesse et lors de l'enfance, sera tellement différente d'elle-même qu'il sera difficile de lui trouver une unité. On peut considérer qu'un sujet reste le même sujet bien qu'il change du tout au tout. On peut considérer au contraire que notre statut de sujet est une croyance, voire une illusion, qu'on adopte car elle nous permet de nous reconnaître et d'être reconnu par autrui comme une seule et même personne. Dans la pratique, il est évident que l'on vit comme si le sujet était une réalité donnée, en ayant une identité, un nom, et en référant toujours à soi par un « je ». Dans le domaine politique, il s'agit de légitimer notre soumission aux lois : comment en vient-on à renoncer à nos droits naturels pour accepter la soumission aux lois d'un État ? C'est la question que devra résoudre le contrat social, théorisé par des philosophes comme Hobbes ou Rousseau.
- Le terme de « sujet » désigne en général ce qui est soumis, ou ce qui est placé sous quelque chose.
- Il peut être pris en trois sens majeurs, le sens logique (être le membre de la phrase à qui l'on attribue le prédicat), le sens moral (demeurer la même personne au fil du temps, pouvoir dire « je », avoir droit au respect du fait de notre conscience de nous-mêmes) et le sens juridique (être sujet aux lois).
- La notion de sujet moral suppose une continuité problématique : on le fait reposer sur la continuité de la conscience avec le temps, mais l'unité même de cette conscience est problématique.