Quelle critique Nietzsche fait-il à la notion de sujet ?
Quel est le principal problème posé par la notion de sujet, selon Nietzsche ?
Quelle est la source de l'illusion de l'unité du sujet, selon Nietzsche ?
Quel est l'adversaire principal de Nietzsche dans sa critique du sujet ?
Quel est le statut de l'affirmation « je pense » ?
Dans quel ouvrage Nietzsche procède-t-il à une critique de la notion de sujet ?
Friedrich Nietzsche est un penseur qui a critiqué de nombreuses grandes notions philosophiques comme celle de vérité, de causalité, de raison, etc. D'une manière générale, la critique qu'il opère consiste souvent à contester l'unité supposée par le langage : le fait d'affirmer que quelque chose a telle propriété suppose qu'il existe un « quelque chose » de défini, qui présente une unité en soi, et qui n'est pas simplement isolée artificiellement du reste par l'esprit humain.
Il en est de même pour la notion de sujet : selon Nietzsche, le langage est trompeur en ce qu'il suppose l'existence d'un « je » ; en prononçant le mot « je », on fait comme si l'unité du sujet était donnée, non problématique. Or, comme l'affirme Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal où il opère une critique du cogito cartésien, l'unité du sujet pensant est tout sauf une évidence. Il écrit : « Si j'analyse le processus qu'exprime la proposition "je pense", j'obtiens toute une série d'affirmations téméraires qu'il est difficile, peut-être impossible de fonder ; par exemple que c'est moi qui pense, qu'il faut qu'il y ait un quelque chose qui pense, que la pensée est le résultat de l'activité d'un être conçu comme cause, qu'il y a un "je", enfin que ce qu'il faut entendre par pensée est une donnée déjà bien établie, - que je sais ce qu'est penser. »
La critique nietzschéenne de la notion de sujet consiste donc avant tout à affirmer que le langage pose arbitrairement l'unité de celui-ci, tandis que la réalité de la vie psychologique dévoile plutôt une multitude que l'on ne peut unifier simplement en la regroupant sous un « je ». Ce besoin d'unité que présente l'esprit humain est autant dû à des nécessités pratiques qu'à une peur de l'inconnu, qui le conduit à vouloir nommer les choses.
- Nietzsche considère que le langage est source d'illusions en ce qu'il conduit à penser les objets qu'il nomme comme des choses qui présentent une unité.
- Or, selon Nietzsche, les unités ne correspondent à rien de « réel », existant en soi, elles sont de simples projections de l'intelligence humaine fondée sur le langage.
- Ainsi, chaque fois que nous disons « je », nous affirmons, sans nous poser la question, qu'il existe bien un sujet uni que l'on peut appeler « je », alors que cette unité n'a rien d'évident.