Une crise financière se produit en premier dans le système bancaire et financier, mais la paralysie ou l'effondrement des banques provoquent une crise économique dans le domaine de la production et de l'économie réelle. Cette transmission emprunte plusieurs canaux, notamment celui des effets de richesse négatifs, des ventes forcées et de la contraction du crédit. En période de crise financière, afin de rembourser les crédits, les agents économiques doivent procéder à des ventes forcées d'actifs. Les actifs sont souvent utilisés comme garantie dans les emprunts.
À l'aide des documents suivants, étudier la baisse du prix du collatéral et les ventes forcées lors d'une crise financière.
Les ventes forcées
Les conséquences de l'éclatement de la bulle sont clairement identifiées par Fisher. [...] On assiste à un mouvement collectif de vente. Celui-ci est évidemment la cause de la chute du prix des actifs. Si la valeur des actifs chute, la garantie qu'elle constitue voit sa valeur diminuer d'autant et le poids de la dette dans les bilans augmente. [...] Or, les bilans des firmes (entreprises, banques et institutions financières) sont « interdépendants » [...]. Aussi les faillites se propagent-elles progressivement aux autres entités économiques qui leur sont liées. Privées des flux de liquidités de ces entreprises défaillantes, d'autres entreprises (les banques notamment) se trouvent à leur tour en difficulté pour honorer leurs propres engagements. En l'absence de ces fonds, ces firmes sont obligées de vendre d'urgence leurs actifs pour récupérer des liquidités. Ce qui conduit logiquement à un effondrement de la valeur des actifs et renforce encore la fragilité de leurs bilans. Une spirale cumulative est alors initiée. Dans sa définition initiale, le mécanisme de debt deflation prédit qu'une crise financière incluant une déflation (du prix des actifs) peut impliquer une dépression économique durable. Il découle de la nécessité, pour les emprunteurs, d'offrir des collatéraux en garantie de la valeur des emprunts. Si la valeur du collatéral passe sous le seuil de garantie prévu (déflation du prix des actifs), l'agent emprunteur [...] est contraint de vendre ses titres dans la précipitation [...], ce qui renforce la spirale déflationniste des titres.
Source : Christian Sinapi, Pierre Piégay, Ludovic Desmedt, « L'analyse des crises : Minsky, après Fisher et Keynes », L'Économie politique, vol. 48, n° 4, 2010.

Document 2 : De l'éclatement de la bulle financière à la faillite des banques et des entreprises
© SES Ac-Versailles
À quoi un collatéral correspond-il ?
Le collatéral est un actif remis en contrepartie d'un emprunt. Il sert à « garantir » l'emprunt, en remboursant le prêteur en cas de défaut de paiement.
À quoi une vente forcée correspond-elle ?
La vente forcée est la vente d'un actif à laquelle le détenteur est contraint du fait de ses difficultés financières.
D'après le document 1, pourquoi les agents, en période de crise financière, sont-ils contraints de vendre des actifs ?
Lorsque la bulle éclate, les agents économiques subissent une baisse de la valeur de leurs actifs. Cela fragilise leur situation financière car ces actifs jouaient le rôle de collatéral. Or, le contexte de crise financière se caractérise par un credit crunch et prive les agents des liquidités nécessaires à leur désendettement. Ceux-ci sont alors contraints de vendre leurs actifs pour se désendetter.
En période de crise financière, les agents sont contraints de vendre des actifs pour se désendetter.
D'après le document 1, quelle est la conséquence de la hausse des ventes d'actifs sur le prix de ces actifs ?
Les ventes forcées d'actifs utilisés comme collatéraux vont avoir pour effet d'en faire baisser le prix. Les agents enregistrent donc des pertes lors de ces ventes. En effet, la hausse de l'offre d'actifs se fait dans un contexte où la demande d'actifs n'augmente pas dans les mêmes proportions, voire même est déprimée du fait de la crise financière.
D'après le document 2, quelle est la conséquence de la déflation du prix des actifs sur le poids de la dette dans les bilans des entreprises ?
La forte dépréciation du prix des actifs augmente le poids de la dette dans les bilans des entreprises. En effet, le bilan des entreprises et des banques est constitué d'un actif et d'un passif. Au passif on trouve notamment les dettes. Si la valeur des actifs diminue alors que les dettes au passif restent stables, alors le poids des dettes dans le bilan a tendance à augmenter.
D'après le document 2, quel est le lien entre prix du collatéral, faillite et dépression économique ?
Les entreprises surendettées vont faire faillite, ce qui aboutira à une baisse de la consommation et de l'investissement entraînant une baisse de la production et donc une dépression.
La valeur de ce que les agents économiques possèdent est revue à la baisse en raison de la déflation mais leur niveau d'endettement reste identique. En d'autres termes, la dette réelle des agents économiques s'accroît. La baisse de la consommation et de l'investissement amorcée avec le credit crunch et la dépréciation des actifs s'intensifie encore et l'économie du pays entre dans une véritable dépression économique (baisse durable de la production).