01 76 38 08 47
Logo Kartable
AccueilParcourirRechercheSe connecter

Pour profiter de 10 contenus offerts.

Logo Kartable
AccueilParcourirRechercheSe connecter

Pour profiter de 10 contenus offerts.

  1. Accueil
  2. Première L
  3. Français
  4. Invention type bac : Ecrire la préface d'un éditeur sur son choix de poèmes

Ecrire la préface d'un éditeur sur son choix de poèmes Invention type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2018-2019

Amérique du Nord, 2014, voie L

Rédiger une préface solidement argumentée justifiant le choix de regrouper, dans la préface d'une anthologie, uniquement des poèmes inspirés par l'éloignement, le manque ou les vides de la vie.

Document 1

Texte A : Pierre de Ronsard, Les Amours, "Des sonnets pour Hélène", XI

1578

Ronsard a quarante-six ans quand il tombe amoureux d'Hélène de Surgères, beaucoup plus jeune que lui. Elle lui inspire de nombreux sonnets.

XI

Trois jours ont jà1 passé que je suis affamé
De votre doux regard, et qu'à l'enfant je semble2
Que sa nourrice laisse, et qui crie et qui tremble
De faim en son berceau, dont il est consommé3.

Puisque mon œil ne voit le vôtre tant aimé
Qui ma vie et ma mort en un regard assemble,
Vous deviez, pour le moins, m'écrire, ce me semble ;
Mais vous avez le cœur d'un rocher enfermé.

Fière4, ingrate beauté, trop hautement superbe5,
Votre courage dur n'a pitié de l'amour,
Ni de mon pâle teint jà flétri comme une herbe.

Si je suis sans vous voir deux heures à séjour
Par épreuve je sens ce qu'on dit en proverbe :
L'amoureux qui attend se vieillit en un jour.

1 Jà : déjà
2 Semble : ressemble
3 Dont il est consommé : dont il souffre
4 Fière : cruelle
5 Superbe : belle, admirable mais aussi hautaine

Document 2

Texte B : Victor Hugo, Les Quatre Vents de l'esprit, section "Le Livre lyrique", poème "Exil", XXXVII

1875

XXXVII, Exil

Si je pouvais voir, ô patrie,
Tes amandiers et tes lilas,
Et fouler ton herbe fleurie,
Hélas !

Si je pouvais, - mais, ô mon père,
Ô ma mère, je ne peux pas, -
Prendre pour chevet1 votre pierre,
Hélas !

Dans le froid cercueil qui vous gêne,
Si je pouvais vous parler bas,
Mon frère Abel, mon frère Eugène,
Hélas !

Si je pouvais, ô ma colombe2,
Et toi, mère, qui t'envolas,
M'agenouiller sur votre tombe,
Hélas !

Oh ! Vers l'étoile solitaire,
Comme je lèverais les bras !
Comme je baiserais la terre,
Hélas !

Loin de vous, ô morts que je pleure,
Des flots noirs j'écoute le glas3 ;
Je voudrais fuir, mais je demeure,
Hélas !

Pourtant le sort, caché dans l'ombre,
Se trompe si, comptant mes pas
Il croit que le vieux marcheur sombre
Est las.

1 Chevet : tête du lit
2 Colombe : allusion à sa fille défunte
3 Le glas : son des cloches pour un enterrement

Document 3

Texte C : Pierre Seghers, Le Futur antérieur, "À ceux du 25 août 1944"

1945

Le 25 août 1944, alors que Paris se libérait, un groupe de jeunes résistants a été fusillé par des soldats allemands.

Beaux enfants gravés dans le marbre
De votre ville, beaux enfants
Qui vivez parmi les vivants
Les yeux aussi gris que le vent

Beaux enfants de pierre et de pluie
Saint Sébastien1 de la Cité
Criblés aux murs de l'autre été
Pour vivre votre vérité

Vous n'êtes pas morts à la terre
Votre sang ne s'est point gelé
Sur nos pavés il s'est mêlé
Avec la cendre des brûlés

Visages sans noms de la rue
Graine anonyme des chaussées
Rue aux cent noms vous fleurissez
L'avenir avec le passé

La vie, le monde vous regarde
Vous ressemblez étrangement
À des amants, à des déments
Aux trompettes du Jugement2

Témoins aux fronts insaisissables
Si pareils à chacun de nous
Foule aux garçons toujours debout
Pour se battre, le vingt-cinq Août…

Paris vous porte en sa poitrine
Et vous, votre mort dans vos mains,
Saints des chemins les plus humains
Vous lui offrez vos lendemains.

1 Saint Sébastien : martyr chrétien criblé de flèches.
2 Aux trompettes du Jugement : dans la Bible, à la fin du monde, des trompettes annoncent le jugement divin des âmes.

Document 4

Texte D : Hélène Cadou, Le Bonheur du jour, "Déjà je ne trouve plus ton visage"

1956

Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente-et-un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.

Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.

Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.

Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.

Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.

Qu'est-ce que le lyrisme ?

Quel extrait vous semble correspondre aux exigences du sujet ?

Quel genre de texte devez-vous rédiger ?

Qu'est-ce qu'une préface ?

  • Il s'agit de rédiger une préface à anthologie poétique, c'est-à-dire un texte qui sera en début de recueil et expliquera pourquoi on a choisi tel ou tel poème. Cette anthologie regroupera des poèmes sur l'éloignement, le manque ou les vides de la vie.
  • Tous les textes du corpus peuvent être dans ce recueil.
  • Il faut argumenter ce choix. Pourquoi de tels sujets ? Comment l'écriture poétique peut-elle les mettre en valeur ?
  • Il faut bien définir les termes de l'absence, de l'éloignement. Ainsi, on peut parler de l'éloignement amoureux, de l'éloignement géographique. On peut également parler de la mort, des ruptures, etc.
  • On attend un texte clairement argumenté. Quels types de textes sont choisis (en prose ou en vers, les deux ?), quels poètes, quelles périodes, etc.
  • Il faut justifier vos choix.
  • La réflexion doit être organisée en paragraphes qui défendent chacun une idée importante.
  • La préface est destinée à d'autres lecteurs, on peut donc s'adresser à eux.

Mon ami lecteur,

C'est à toi que je dédie cette anthologie de poèmes, des poèmes qui traitent de l'éloignement, du manque, ou des vides de la vie. Tu m'objecteras peut-être, cher lecteur, ce sujet bien sombre et fort triste. Mais vois-tu, j'ai longuement réfléchi avant de choisir ce sujet, et je peux aisément expliquer cette envie, ce besoin même si je puis dire.
À la mort de mon chien, je me sentais bien vide. Oh, je sais, lecteur, tu peux sourire. Certains ne comprennent point cette peine immense qui peut nous envahir, et encore moins lorsqu'elle naît de la perte d'un petit être considéré comme inférieur à l'Homme. Démuni, désemparé, je me croyais seul dans cet état, seul face à ce vide immense qui me semblait illégitime, puisque personne d'autre ne semblait le trouver convenable. En parcourant Les Quatre Vents de l'esprit de Victor Hugo, je tombais alors sur ce poème magnifique, "La Mort d'un chien". Ce grand poète romantique offrait à une bête souvent méprisée ou moquée un poème lyrique. Je pleurai. Je relus plusieurs fois le poème. Chaque fois il me semblait que quelqu'un me tendait une main aimante, me tapait tendrement dans le dos, me laissait m'exprimer. Le poète s'adressait à ma peine, et j'étais soulagé.
Le déchirement est au cœur de l'âme humaine. Personne ne peut traverser la vie sans connaître les larmes. Le deuil nous attend. Il a diverses formes, divers visages. Il peut être l'éloignement géographique, raison pour laquelle la première partie de cette anthologie présente des sonnets de Du Bellay et des poèmes de Victor Hugo. Du Bellay souffrait bien loin de sa terre natale, lors de son voyage à Rome. Ainsi il écrivit "Heureux, qui comme Ulysse, a fait un long voyage", célèbre texte sur la douleur de ne plus être en France, éloge de la beauté d'un village français. Que dire alors de l'exil de Victor Hugo, celui-ci forcé de quitter Paris à cause d'un tyran ? Ainsi je vous présente, cher lecteur, le magnifique "Exil", où la France personnifiée manque cruellement à notre grand poète.
Le vide, c'est aussi le manque, auquel la seconde partie du recueil est consacrée. Que peut-on trouver de plus douloureux que manquer de l'autre ? Le manque de l'être aimé... Je ne peux que rappeler ce célèbre et magnifique vers de Lamartine, "un seul être vous manque, et tout est dépeuplé". Le poème "Le Lac" figure donc dans ces pages. Il est en bonne compagnie, et côtoie ainsi quelques sonnets que Ronsard fit pour la belle Hélène... Ah ! Manquer de l'être aimé ! Rien n'est plus poétique que l'amour sans doute, et loin de nous l'amant ou l'amante déchire plus ardemment notre âme que jamais.
Mais alors surtout, c'est la mort qu'il faut aborder, cette sensation de vide tout à coup, que jamais plus ne pourra être comblé. Envolé, l'être aimé ! À jamais disparu... Le reverrons-nous un jour ? Quelle question est plus humaine que cela ? Plus universelle ? La formidable Hélène Cadou nous rappelle ainsi la douleur de voir s'évanouir le visage de son époux dans le superbe "Déjà, je ne vois plus ton visage", qui ouvre notre dernière partie consacrée à la mort, l'ultime disparition... Victor Hugo, prince du lyrisme, s'invite de nouveau avec "Demain, dès l'aube", poème dédié à sa fille trop tôt partie. Partir, disparaître, s'envoler... Autant d'euphémismes pour évoquer la mort, et cette douleur si profonde qui nous terrasse, les questions qui nous taraudent alors...
Aucun être ne peut échapper à la terrible sensation de vide qui un jour nous emprisonne le cœur et l'esprit. En ces temps troublés et agités où les morts peuplent nos écrans télévisés, il est important de se rappeler que d'autres avant nous ont connu cette peine, le désespoir qui l'accompagne, l'absence, qu'elle soit éphémère ou permanente. Le poète peut nous aider à vivre cette peine, à trouver les mots pour nommer l'innommable, et, finalement, à faire le deuil, celui de la disparition métaphorique ou réelle. "Où va le chien ? ô nuit !" On ne le sait toujours pas, mais la tristesse, au moins un peu, s'apaise...

Bonne lecture, cher lecteur.

La charte éditoriale garantit la conformité des contenus aux programmes officiels de l'Éducation nationale. en savoir plus

Les cours et exercices sont rédigés par l'équipe éditoriale de Kartable, composéee de professeurs certififés et agrégés. en savoir plus

Voir aussi
  • Cours : La poésie, quête du sens, du Moyen Age à nos jours
  • Quiz : La poésie, quête du sens, du Moyen Age à nos jours
  • Définitions : La poésie, quête du sens, du Moyen Age à nos jours
  • Exercice fondamental : L'évolution de la poésie du Moyen Age à l'époque classique
  • Exercice fondamental : Classer les poèmes selon leur époque
  • Exercice fondamental : Reconnaître le lyrisme dans un poème
  • Exercice fondamental : Interpréter les symboles d'un poème
  • Question sur corpus type bac : Le sentiment amoureux dans les poèmes
  • Question sur corpus type bac : Les missions confiées à la poésie
  • Question sur corpus type bac : Le rapport du poète au monde et à la vie
  • Question sur corpus type bac : Comment la poésie rend présentes les choses absentes
  • Question sur corpus type bac : Les différentes adresses à la femme aimée
  • Dissertation type bac : L'émotion ressentie à la lecture d'un texte poétique
  • Dissertation type bac : La poésie peut-elle représenter un espoir pour l'être humain ?
  • Dissertation type bac : La poésie doit-elle célébrer la vie ?
  • Dissertation type bac : L'absence de l'être aimé est-elle la seule source d'inspiration poétique ?
  • Dissertation type bac : Peut-on innover dans l'expression du sentiment amoureux en poésie ?
  • Commentaire type bac : Victor Hugo, "Crépuscule"
  • Commentaire type bac : Claude Roy, "Jamais je ne pourrai"
  • Commentaire type bac : Victor Hugo, "Regard jeté dans une mansarde"
  • Commentaire type bac : Hélène Cadou, "Déjà je ne trouve plus ton visage"
  • Commentaire type bac : Ronsard, "Madrigal"
  • Invention type bac : Ecrire au courrier des lecteurs
  • Invention type bac : Ecrire un dialogue argumenté sur l'utilité de la poésie
  • Invention type bac : Ecrire un débat sur les sujets poétiques
  • Invention type bac : Ecrire un débat sur l'intérêt de la poésie

Nos conseillers pédagogiques sont à votre écoute 7j/7

Nos experts chevronnés sont joignables par téléphone et par e-mail pour répondre à toutes vos questions.
Pour comprendre nos services, trouver le bon accompagnement ou simplement souscrire à une offre, n'hésitez pas à les solliciter.

support@kartable.fr
01 76 38 08 47

Téléchargez l'application

Logo application Kartable
KartableWeb, iOS, AndroidÉducation

4,5 / 5  sur  20262  avis

0.00
app androidapp ios
  • Contact
  • Aide
  • Livres
  • Mentions légales
  • Recrutement

© Kartable 2025