Décrire les aspects culturels et juridiques de la romanisation, puis expliciter les limites de cette romanisation.
Quel rôle tiennent les élites locales dans la diffusion du modèle romain ?
Quel est le signe extérieur du modèle romain ?
Quels monuments sont typiquement romains ?
Quelle obligation ont tous les sujets de l'Empire romain ?
L'octroi de la citoyenneté est perçu comme un privilège dans le monde romain. Elle est d'abord convoitée par les élites qui veulent se rapprocher du pouvoir romain, puis par la population qui veut jouir des droits et du prestige qu'elle confère. En effet, la citoyenneté romaine permet aux grands notables provinciaux de pouvoir prétendre au cursus honorum, "la carrière des honneurs", accessible seulement aux sénateurs. Les élites se mettent donc peu à peu à adopter un mode de vie romain, parce qu'il procure du prestige, pour tenter de mériter les grâces du pouvoir, ou encore pour correspondre à leur nouvelle double nationalité. Ainsi, ils poursuivent la politique impériale en pratiquant l'évergétisme (organiser des spectacles, des banquets, etc.) au sein de leur cité et en l'équipant de bâtiments typiquement romains : théâtres, thermes, et cirques pour les courses de chars. Ils font bâtir des maisons sur le modèle romain, avec séparation des espaces publics et privés. De plus, ils modifient leurs noms pour adopter peu à peu le tria nomina afin de marquer leur affiliation romaine, et modifient leur style vestimentaire, en portant la toge romaine. Les autres sujets de l'Empire romain s'habituent donc peu à peu à vivre dans un environnement métissé et à utiliser le latin comme langue usuelle.
Les sujets de Rome sont également de plus en plus habitués à traiter avec le système juridique et institutionnel romain. En effet, les cités pérégrines au fonctionnement particulier deviennent peu à peu des cités de droit latin, dont le plan est réajusté selon un urbanisme romain (avec cardo et decumanus), et les modes de gouvernement locaux laissent peu à peu la place à une assemblée de notables (sur le modèle du Sénat) élisant des magistrats. De plus, la citoyenneté romaine octroie de nombreux droits civils, tels que la possibilité de se marier et d'acheter (ou vendre) des terres. Elle confère également une protection juridique importante : dans une affaire judiciaire, un citoyen romain peut faire appel du jugement auprès de l'empereur. Ceci contribue ainsi à une uniformisation des pratiques sociales et culturelles au sein de l'Empire.
Mais la romanisation des sujets impériaux n'est pas totale, et les individus mélangent souvent la culture romaine et la leur. Ainsi, tous les sujets de l'Empire doivent rendre un culte à l'empereur, divinisé après sa mort. Un prêtre est élu chaque année par les élites pour administrer le culte impérial, dans chaque cité et dans chaque province. Mais ils conservent dans un même temps leurs coutumes religieuses et continuent à adorer leurs dieux : la religion romaine est ouverte à l'intégration de dieux d'autres panthéons, tant qu'ils ne remettent pas en cause le culte impérial. Les politiques de romanisation instiguées par les empereurs romains entre le Ier et le IIIe siècle ne reposent donc pas seulement sur la diffusion de la citoyenneté, mais aussi sur celle du modèle culturel et juridique romain. Ces politiques cherchent moins l'assimilation des populations que leur intégration au sein d'un Empire unifié.
- Les élites provinciales jouent un rôle important dans la romanisation des populations.
- La romanisation revêt différentes formes : elle est culturelle, juridique, institutionnelle, religieuse.
- La romanisation reste cependant limitée, les métissages sont nombreux.