Décrire la diffusion de la citoyenneté et la romanisation de l'Empire entre les Ier et IIIe siècles.
Combien de temps doit servir un soldat dans l'armée romaine pour avoir la nationalité romaine ?
Comment peut-on obtenir la citoyenneté romaine au Ier siècle après J.-C. ?
Quel édit confère la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'Empire ?
Quelle est la date de l'édit de Caracalla ?
Qu'est-ce que le phénomène de romanisation ?
Si l'accès à la citoyenneté était relativement restreint au début de l'Empire, il s'est largement ouvert ensuite.
En effet, au début du Ier siècle, la citoyenneté est seulement réservée aux habitants de Rome, puis de l'Italie. Pour toute personne n'habitant pas la péninsule italienne, la citoyenneté ne peut être obtenue qu'à titre individuel par faveur impériale. Puis elle est peu à peu attribuée comme récompense pour service rendu, notamment à des notables locaux qui ont exercé des magistratures à l'échelle municipale, provinciale ou impériale. Les politiques de la citoyenneté élargissent l'obtention à titre collectif après avoir rempli certaines fonctions, notamment après avoir fini ses 24 ans de service dans l'armée impériale pour les soldats auxiliaires. Ce sont ensuite les habitants de provinces entières qui, par décision impériale ratifiée par le Sénat, accèdent à la citoyenneté romaine. Au cours du IIe siècle après J.-C., toutes les provinces occidentales gagnent peu à peu ce privilège, avant que l'empereur Caracalla ne promulgue en 212 un édit conférant la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'Empire.
La diffusion de la citoyenneté s'accompagne de celle du modèle urbain romain à travers le phénomène de poliadisation, qui est la transformation de cités de l'Empire en colonies romaines (ou poleis). Pour faciliter l'intégration, plusieurs colonies romaines sont créées dans les provinces jusqu'à la fin du Ier siècle après J.-C. Elles participent au contrôle de Rome sur les provinces, et servent de modèle de vie romaine pour les pérégrins. Cependant, cette politique est abandonnée au profit d'une ascension juridique des cités pérégrines préexistantes. Ces cités, au droit et à l'organisation purement locaux, sont peu à peu transformées par don impérial en municipe de droit latin, au fonctionnement civique et juridique mixte. Ainsi, le fonctionnement des cités de l'Empire se normalise : l'assemblée des citoyens élit les magistrats et la curie municipale gère les problèmes de la vie de la cité. Enfin, des magistrats sont désignés chaque année pour des tâches spécifiques (dont les duumviri, les plus haut placés). Plusieurs critères doivent être remplis pour prétendre au statut de colonie romaine, comme l'adoption générale d'un fonctionnement romain, notamment d'un point de vue urbanistique, architectural et social.
Par conséquent, la poliadisation (adoption par une communauté des institutions de la polis) prépare et entraîne le phénomène de romanisation des sociétés. La citoyenneté romaine, perçue comme un privilège et un avantage, est donc un moyen particulièrement efficace pour romaniser les populations provinciales, et donc pour faciliter leur intégration à l'Empire romain qui se veut uni. Par l'ouverture de sa citoyenneté à tous, l'Empire a trouvé un moyen efficace d'unifier et de stabiliser son peuple, en normalisant les codes sociaux et culturels, ainsi qu'un moyen économe de gérer un territoire aussi vaste, en décentralisant l'administration à l'échelle des cités.
- La citoyenneté romaine s'ouvre et s'octroie de plus en plus au fil des siècles.
- Le développement de villes romaines dans tout l'Empire accompagne le processus de romanisation des provinces.