Quelles sont les caractéristiques du relatif recul de l'État en France ?
Quel Premier ministre déclare que "l'État ne peut pas tout" ?
En quelle année est abandonnée la planification ?
Quel outil favorisant l'insertion sociale est mis en place en 1988 ?
Combien de salariés emploie l'État en 2014 ?
Quelle théorie économique se généralisant dans les années 1980 prône un recul de l'État dans la vie économique ?
Face à la fin des Trente Glorieuses et à la concurrence débridée de puissances émergentes dans le contexte d'une mondialisation libérale, on assiste depuis une trentaine d'années à un recul progressif de l'État. Face à une nouvelle répartition des pouvoirs économiques et financiers, l'État reste cependant toujours présent dans certains domaines. Cette nouvelle répartition des pouvoirs laisse entrevoir un débat ouvert sur le rôle de l'État.
Dans les années 1980, le rôle de l'État est remis en question par la mondialisation et l'essor des firmes transnationales, sur lesquels il n'a guère de contrôle. Dans un contexte de néolibéralisme incarné par Ronald Reagan aux États-Unis et Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, dès 1983, la France mène une politique visant à réduire la place de l'État. Le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy décide de réduire les dépenses publiques face à l'échec de la politique sociale menée depuis 1981, marqué par la hausse du chômage, du déficit commercial et de l'inflation. En 1986, la droite renforce cette évolution en procédant à de nombreuses privatisations afin de recentrer l'État sur ses fonctions régaliennes. La réduction de la place de l'État dans l'économie est menée au nom du New Public Management selon lequel le pays doit s'adapter à la mondialisation en baissant la fiscalité, en améliorant la productivité et en rationalisant les dépenses publiques afin de rendre le pays plus attractif. En 1999, le Premier ministre Lionel Jospin avoue ainsi son impuissance à des ouvriers licenciés par Michelin en affirmant que "l'État ne peut pas tout". De plus, avec le traité de Maastricht (1992), la CEE devient l'Union européenne. La coopération entre pays européens dépasse désormais le seul domaine économique et prend une dimension politique. En conséquence, certaines compétences de l'État français se trouvent déléguées à l'Union européenne. Plus de 25 % des lois françaises se contentent de retranscrire des décisions prises à l'échelon européen et 80 % des décisions se font en concertation avec les autres États membres. Enfin, le développement des régions et de l'intercommunalité permet à l'État de se désengager d'un certain nombre de compétences au profit d'autres.
En effet, l'État conserve un rôle important dans certains domaines socio-économiques. En effet, face aux excès de l'économie de marché, de nombreux hommes politiques, à droite comme à gauche, affirment la nécessité d'un État régulateur et protecteur. Dans le cadre de la protection et de l'insertion sociale sont mis en place le RMI (Revenu minimum d'insertion) en 1988, la CMU (Couverture maladie universelle) en 1999, et le RSA (Revenu de solidarité active) qui remplace le RMI en 2007. L'égalité juridique entre individus reste un domaine d'intervention privilégié avec en 1983 l'affirmation de l'égalité professionnelle, le PACS (Pacte civil de solidarité) en 1999 destiné à favoriser la reconnaissance de l'union des couples homosexuels, la mise en place de la parité en politique en 2000 et enfin le mariage pour tous en 2014. L'éducation avec l'objectif de 80 % d'une classe d'âge obtenant le baccalauréat, la culture et l'économie (35 heures en 1998 - 2000) restent des éléments clés de la présence et du rôle de l'État. De nos jours, les problématiques liées au développement durable tant au niveau économique, social et environnemental sont menées par l'État à l'image du sommet sur le climat prévu en France en décembre 2015.
Cependant, l'action de l'État est de plus en plus critiquée à la fois pour son inefficacité et pour son coût. Sont dénoncées les interventions ponctuelles qui remplacent les politiques à long terme sous la pression des médias et des sondages. La pauvreté ne recule pas comme le montre le développement des associations et des réseaux d'entraide. L'éducation connaît plutôt une massification qu'une démocratisation. Le déficit croissant de la Sécurité sociale, symbole de l'État-providence, provoque la multiplication des mesures : impôt nouveau en 1990 avec la CSG, contrôle du budget de l'État par le parlement en 1996, allongement de la durée de cotisation pour la retraite et diminution des remboursements de la branche santé. De plus, le désengagement de l'État se répercute sur le fonctionnement de l'administration. À partir des années 1990, la réforme de celle-ci devient un sujet d'études et de débats : le secteur public est critiqué pour sa lourdeur, son coût et son inefficacité tandis que le secteur privé est encensé. À partir de 1995 et plus encore après juillet 2007, l'administration de l'État et la fonction publique sont fortement transformées : déconcentration des services, diminution du nombre de fonctionnaires, rationalisation de l'administration centrale, décentralisation. Cette action est encadrée par la RGPP (Révision générale des politiques publiques) et par la LOLF (Loi organique relative aux lois de finances, sorte de constitution financière) destinées à remettre à plat l'ensemble des missions de l'État pour mieux s'adapter aux besoins des citoyens. En raison de différents éléments, la place de l'État en France est remise en cause, provoquant une réforme de son organisation, en particulier dans le cadre de la décentralisation.
- Face à la mondialisation et à son intégration européenne, l'État français connaît une nouvelle répartition de ses prérogatives.
- Cependant la protection sociale, l'égalité et le développement durable restent ses piliers.
- Compétitivité et efficacité sont les enjeux majeurs des débats sur le rôle actuel de l'État en France.