Dans quels domaines s'est illustrée l'intervention croissante de l'État de 1958 aux années 1980 ?
En quelle année est créée l'institution en charge de l'aménagement du territoire, la DATAR ?
Quels sont les établissements publics dans le domaine de la santé créés en 1958 ?
À quel écrivain est confié le premier ministère des Affaires culturelles ?
Dans quelle région l'État développe-t-il de nouvelles stations balnéaires dans les années 1960 ?
Quelle grande infrastructure de transport routier est construite à Paris durant la présidence de Pompidou ?
La période de croissance des Trente Glorieuses est marquée par une intervention croissante de l'État en France de 1958 jusqu'aux années 1980. La modernisation économique, l'action culturelle et l'aménagement du territoire sont alors les secteurs clés de l'interventionnisme d'État.
Grâce à la croissance économique des Trente Glorieuses, les ressources de l'État s'accroissent, passant de 35 % du PIB en 1960 à 39 % du PIB en 1970. Ces moyens supplémentaires permettent à De Gaulle (1958 - 1969) puis à Pompidou (1969 - 1974) de renforcer le rôle central accordé à l'État dans la modernisation économique du pays initiée par la IVe République. L'État encourage alors la concentration des entreprises pour créer de grandes firmes (Elf en 1964, par exemple), soutient de grands projets industriels dans la nucléaire (1962, première centrale nucléaire civile à Chinon), l'informatique (plan calcul en 1967) ou les transports (avion supersonique Concorde, TGV, SNIAS – Société nationale industrielle aérospatiale). L'État assure la moitié des investissements de recherche en France en 1967 et fonde des instituts de recherche (INRA). Après une courte période de libéralisme sous Valéry Giscard d'Estaing (1974 - 1981) l'État redevient interventionniste dès l'accession au pouvoir de François Mitterrand en 1981. En effet, la gauche considère que la crise est le résultat du retrait de l'État. Ce dernier entame alors un vaste programme de nationalisation des banques et des entreprises industrielles : en 1982, il détient 19,8 % des emplois industriels contre 6,4 % en 1981 et 96 % du secteur financier. Un ministère de la Planification et de l'Aménagement du territoire est créé pour accélérer la modernisation de l'économie et des sommes importantes sont investies dans l'industrie et la recherche. Dans les domaines social et culturel, l'État est également intervenu lourdement. Les négociations entre l'État et les partenaires sociaux conduisent aux accords de Grenelle et à la 4e semaine de congés payés en 1969. En 1970, est créé le SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) à la place du SMIG. Les droits des femmes progressent : pleine capacité juridique en 1965, autorité parentale en 1970, secrétariat d'État à la Condition féminine en 1974, ministère délégué de la Femme en 1981. Après 1981, la retraite passe à 60 ans, la semaine de travail à 39 heures et la 5e semaine de congés payés est octroyée. L'éducation se développe avec la création du collège unique en 1974 permettant à 75 % des 10-17 ans d'être scolarisés en 1980 contre 25 % en 1950. L'enseignement supérieur s'ouvre à plus de 500 000 étudiants en 1968, soit un décuplement de leur nombre.
L'action culturelle est aussi le secteur révélateur de cet interventionnisme d'État. En 1959 est fondé un ministère des Affaires culturelles, confié à l'écrivain André Malraux. Il crée, en 1961, des maisons de la culture destinées à faciliter l'accès à la culture de l'ensemble des Français et développe la protection du patrimoine (lois Malraux de 1962).On installe de très nombreux lieux de création pour les artistes. L'État encourage la création artistique, notamment sous la présidence de Georges Pompidou. On ne se contente plus de mettre en valeur un patrimoine, mais on tente de promouvoir la création actuelle et de la faire rencontrer les publics populaires. C'est le moment où s'installe une administration culturelle très organisée, Après 1981 et sous l'action de Jack Lang, la culture se développe à nouveau grâce à une augmentation de son budget à 1 % du budget de l'État. Les collections publiques achètent de nombreuses œuvres d'artistes contemporains, pour soutenir la création. La démocratisation passe par la création d'événements festifs, comme la fête de la musique ou les journées du patrimoine. Les lois de 1982 sur la décentralisation touchent largement le secteur culturel. Le combat des ministres de la Culture successifs est l'exception culturelle, qui consiste à refuser de considérer la culture comme un marché ordinaire, et donc de rejeter sa libéralisation au niveau mondial dans les enceintes de négociations multilatérales (GATT, devenu OMC). Enfin, depuis Jack Lang, beaucoup de ministres ont mis l'accent sur la culture comme facteur d'expression des groupes sociaux.
Avec la création de la DATAR en 1963, l'État prend également en main l'aménagement du territoire. Il s'agit de corriger les inégalités régionales et d'encadrer le développement des agglomérations. De grands travaux sont ainsi réalisés comme la création de villes nouvelles (Cergy-Pontoise, Melun-Sénart, Évry) destinées à contrôler l'essor urbain et métropolitain du territoire. La création de Zones industrialo-portuaires (Dunkerque, Fos-sur-Mer) visent à accélérer la modernisation des espaces clés de la mondialisation. La création de nouvelles stations balnéaires (Languedoc en 1963) vise à conforter la place du territoire en tant que puissance touristique. Il s'agit également de la construction de grands barrages hydroélectriques ou d'aéroports modernes comme Orly en 1957 - 1960 et Roissy Charles de-Gaulle 1964 - 1974. Les voies de communication se voient modernisées par le développement des transports, par l'électrification des voies de chemin de fer et la construction d'autoroutes (2600 km d'autoroutes entre 1960 et 1974). Un boulevard périphérique (terminé en 1973) et un RER (1962 - 1977) sont construits en région parisienne.
- La modernisation est l'objectif principal de l'intervention de l'État dans l'économie de 1958 aux années 1980.
- L'action culturelle d'État vise à démocratiser et diversifier l'offre.
- L'aménagement du territoire devient une prérogative clé pour résoudre les déséquilibres spatiaux et territoriaux.