La rupture de Martin Luther avec Rome
À la noblesse chrétienne de la nation allemande dans Martin Luther, Une anthologie, Labor et fides, 2017
1520
On a si bien détourné de leur but les biens spirituels, afin d'extorquer et de conquérir les biens temporels, que tout ce qui est Dieu même a été mis au service de la cupidité. […] On devrait abolir, ou mépriser […] les bulles1 et ce que le Pape vend à Rome. Car s'il vend ou accorde à Wittenberg, à Halle, à Venise et avec tout à Rome des indults2, des privilèges, des indulgences, des faveurs, des avantages […], pourquoi n'en fait-il pas une distribution générale à toutes les églises ? […] Il est pasteur dans la mesure où l'on a de l'argent, pas d'avantage ; et malgré tout, ils n'ont pas honte de se montrer si fripons, ni d'user de leurs bulles pour nous faire leurs quatre volontés. Ils n'ont en tête que leur maudit argent, et rien d'autre. Voici donc mon conseil : puisque ces bouffonneries ne sont pas abolies, il faut que tous les bons chrétiens ouvrent leurs yeux, qu'ils ne se laissent pas induire en erreur par les bulles, les cachets et leur fausse dévotion, qu'ils restent chez eux dans leur église et se contentent parfaitement de leur baptême, de l'Évangile, de la foi, du Christ et de Dieu qui sont les mêmes en tous lieux, sans se soucier du pape, aveugle chef des aveugles.
1 Décrets du pape
2 Dérogations accordées par le Pape
Un regard critique sur le catholicisme
La Vraie et la Fausse Église, Lucas Cranach le Jeune
1546

Classer les éléments permettant de présenter les deux documents.
C'est une gravure.
C'est un extrait d'un manifeste intitulé À la noblesse chrétienne de la nation allemande.
Il date de 1546.
Dans ce texte, Martin Luther émet des critiques contre l'Église romaine.
Ce document oppose l'Église romaine aux protestants.
Cet ouvrage s'adresse aux princes du Saint Empire romain germanique.
Il a été publié en 1520.
L'auteur est Lucien Cranach.
Document 1
Document 2
Le document 1 est un extrait du manifeste de Luther intitulé À la noblesse chrétienne de la nation allemande et publié en 1520. Cet ouvrage s'adresse aux princes du Saint Empire romain germanique. Luther leur propose les réformes qui devraient, selon lui, être menées au sein de la chrétienté. Dans cet extrait, Martin Luther formule des critiques contre l'Église romaine.
Le document 2 est une gravure de Lucas Cranach le Jeune réalisée en 1546. l'œuvre montre deux scènes. Une scène représente des membres de l'Église romaine et l'autre scène représente des protestants.
À l'aide du document 1, indiquer ce que reproche Martin Luther aux membres de l'Église catholique et au pape ?
Le document 1 montre que Martin Luther accuse les clercs de cupidité. En effet, il critique la pratique du pape qui consiste à attribuer des privilèges et des indulgences contre de l'argent. Pour lui, cela revient à "détourner de leurs buts les biens spirituels" afin "de conquérir des biens temporels", c'est-à-dire des richesses. De plus, il privilégie certains croyants par rapport à d'autres selon un critère économique. Enfin, il accuse le Pape d'user de son pouvoir pour imposer ses volontés.
À l'aide du document 1, indiquer les trois conseils de Martin Luther aux chrétiens.
Dans le document 1, Martin Luther préconise que les chrétiens "restent chez eux dans leur église et se contentent parfaitement de leur baptême, de l'Évangile, de la foi, du Christ et de Dieu".
Dans le document 2, l'auteur oppose le christianisme romain et le christianisme de Luther. Classer les éléments suivants dans le christianisme correspondant.
Des fidèles de toutes les catégories sociales sont représentés.
Un moine gras et ricanant prêche depuis sa chaire sous la dictée d'un animal démoniaque coiffé d'une tiare d'évêque.
Dieu est en colère et déclenche l'orage.
Dieu est serein et Jésus est à ses côtés.
Seuls deux sacrements sont représentés : la baptême et la communion.
Le Pape comte l'argent des indulgence et de la poche d'un moine tombe un jeu de carte.
Le christianisme romain
Le christianisme de Luther
Dans la gravure du document 2, on distingue deux parties. La partie de droite montre le christianisme romain. Dieu, en colère, déclenche l'orage sur la scène où l'on retrouve l'Église catholique : des moines mangent, et de la poche de l'un d'eux tombe un jeu de cartes. Un moine gras et ricanant prêche depuis sa chaire sous la dictée d'un animal démoniaque coiffé d'une tiare d'évêque. Le Pape compte l'argent des indulgences, un prêtre fait la messe en tournant le dos aux fidèles et l'on aperçoit à l'arrière-plan une procession dédiée à un saint.
À gauche, il s'agit du christianisme de Luther. On voit une scène apaisée : dans le coin supérieur gauche, Dieu est serein. Le Christ est à ses côtés ainsi que sur la croix, symbolisant la rédemption des hommes. Des phylactères rappellent la Bible. Enfin, un pasteur, sous les traits de Luther, s'appuie sur la Bible pour son prêche. Des fidèles, représentant toutes les catégories sociales, sont repérables. Cette partie de la gravure ne représente que deux sacrements : le baptême et la communion.