Métropole, 2009, voies technologiques
Vous commenterez le monologue de Dubois-Dupont, extrait de La Comédie du langage de Jean Tardieu (texte D), en vous aidant du parcours de lecture suivant :
- Vous analyserez ce que cette présentation a d'artificiel.
- Vous étudierez les effets produits par ce monologue sur le spectateur.
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
Comment appelle-t-on le discours théâtral utilisé par Jean Tardieu dans cette scène ?
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime - car il y aura un crime - n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
Sur quel artifice théâtral repose la scène suivante ?
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
Pourquoi peut-on dire que la scène suivante est une parodie du genre policier ?
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
Quel plan permet de faire le commentaire du texte suivant ?
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
En quoi la scène suivante est-elle une scène d'exposition ?
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
Quel registre, utilisé dans la scène suivante, souligne le caractère parodique du texte ?
Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage
1987
Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.
DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur.)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.
(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.
(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…
(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…
(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !
(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)
1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.
"Il y avait foule au manoir" est extrait de La Comédie du langage de Jean Tardieu. Le monologue proposé à l'étude ouvre la pièce. Il s'agit donc d'une scène d'exposition originale et surprenante. Le monologue, convention artificielle au théâtre, remplit ici un rôle bien singulier, en rompant avec les règles classiques pour informer directement le spectateur de l'intrigue et du crime à venir par l'intermédiaire d'un étrange détective privé. Jean Tardieu joue particulièrement sur le caractère illusoire du théâtre dans ce discours, pour dérouter le spectateur, mais également l'amuser par son aspect très artificiel et sa tonalité comique.
Bien que Dupoint-Dubois soit quelque peu ridicule, comment son monologue parvient-il à remplir une fonction informatrice dans cette scène d'exposition ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi ce monologue est artificiel. Dans une seconde partie, nous étudierons quels sont les divers effets de ce discours théâtral sur le spectateur.
Un monologue artificiel
Un monologue introductif
Plusieurs marques permettent d'affirmer qu'il s'agit ici d'un monologue :
- Le personnage est seul sur scène.
- Le personnage utilise l'énonciation de la première personne du singulier : "je", "moi".
- Le personnage s'adresse au spectateur : "vous".
Le personnage introduit ici l'intrigue :
- Il évoque le bal et les personnages.
- Il évoque la suite de la pièce avec le crime qui va arriver.
Une présentation de l'intrigue étonnante
La façon dont le personnage introduit l'histoire a quelque chose d'étonnant et d'artificiel :
- Le dramaturge défie les conventions théâtrales, car le personnage s'adresse directement au public.
- La façon dont le personnage se présente est artificielle dans le sens où il semble lire une carte de visite ou une annonce : "Homme de confiance et de méfiance"/ "Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts".
- Le personnage ne met pas simplement en place l'intrigue, c'est-à-dire qu'il ne présente pas simplement l'espace spatio-temporel et les personnages. Il révèle également ce qui va se passer. Ainsi, il n'y a pas de suspense pour la suite de l'histoire. Le personnage sait déjà ce qui va arriver.
Le caractère illusoire de la scène
Le dramaturge, dans cette scène d'exposition, insiste sur le caractère illusoire du théâtre. Il le fait de plusieurs façons :
- Il utilise des clichés pour caractériser son personnage, qui est habillé comme un détective anglais : "plaid à pèlerine et à grands carreaux" / "casquette / "genre anglais".
- Il joue particulièrement sur les bruitages. Ainsi, quand le personnage parle, il y a le silence, et quand il se tait, le spectateur entend la musique du bal et les bruits que font les invités : "Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend."
Cette scène d'exposition est marquée par un monologue artificiel et une mise en scène étonnante qui traduit le caractère illusoire du théâtre. Elle a pour but de créer plusieurs effets sur le spectateur.
Les effets du monologue sur le spectateur
Informer le spectateur
Le but d'une scène d'exposition, et donc du monologue de Dubois-Dupont, est d'introduire l'intrigue de la pièce, donc d'informer le spectateur :
- Le spectateur apprend où se situe l'histoire : dans le manoir de Z.
- Le spectateur apprend la situation : il y a un bal.
- Le spectateur apprend ce qui va se passer : il va y avoir un crime.
- Le spectateur apprend qui sont les personnages (Z. et sa femme) et découvre le détective.
Dérouter le spectateur
Le spectateur est dérouté par cette scène d'exposition originale qui ne répond pas aux conventions théâtrales :
- Le personnage s'adresse directement au public : "Comme vous pouvez l'entendre", "Vous avez entendu ?".
- Le spectateur est au courant qu'il va y avoir un crime. Cela le déroute car il connaît la suite de l'histoire.
- Les informations que donne le personnage sont toutefois assez troublantes et floues. Il entretient le mystère : "raisons mystérieuses", répétition de "chut !".
- Le personnage ne veut pas que le spectateur comprenne tout : "Cela pourrait vous mettre sur la voie". Il reste évasif : "mission périlleuse", "j'ai tellement d'identités différentes", "chose étrange".
Amuser et divertir le spectateur
Cette scène d'exposition a pour but d'amuser le lecteur :
- Le personnage est ridicule, d'une part car il porte un costume caricatural, d'autre part car à travers les didascalies, le dramaturge semble insister sur la satire : "il rit bêtement."
- Le personnage ne cesse de répéter qu'il ne va plus parler mais ne peut s'en empêcher. Une gradation souligne cet effet comique : "Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus."
- Lorsque le personnage se présente, le dramaturge livre un pastiche d'une carte de visite. Il existe un effet hautement parodique dans cette scène. Le dramaturge reprend les codes du roman policier avec un célèbre détective et les tourne en dérision.
Jean Tardieu propose une surprenante scène d'exposition. Son personnage de détective est une parodie des héros anglais comme Sherlock Holmes. S'il met bien en place l'intrigue, il divulgue également certaines informations sur la suite de la pièce, créant l'attente chez le spectateur. En effet, il le prépare au meurtre qui va être commis, mais sans rapporter tout ce qu'il sait. Le détective rappelle constamment au public qu'il assiste à une représentation théâtrale, en insistant sur le caractère illusoire de la mise en scène. Cela crée la surprise dans le public. Dérouté, le spectateur est également amusé par ce monologue surprenant qui a pour visée de divertir et d'informer.