Métropole, 2011, voies technologiques
Vous développerez votre argumentation en prenant appui sur les textes du corpus ainsi que sur les pièces que vous avez lues ou vues.
Selon quels critères, selon vous, une scène d'exposition est-elle réussie et remplit-elle sa fonction ?
Texte A : Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte I, scènes 1 et 2
1775
ACTE PREMIER
(Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées1 sont grillées2.)
SCÈNE PREMIÈRE
LE COMTE : (seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant.)
Le jour est moins avancé que je ne croyais. L'heure à laquelle elle3 a coutume de se montrer derrière sa jalousie4 est encore éloignée. N'importe ; il vaut mieux arriver trop tôt que de manquer l'instant de la voir. Si quelque aimable de la cour pouvait me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d'une femme à qui je n'ai jamais parlé, il me prendrait pour un Espagnol du temps d'Isabelle5. Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. Il est pour moi dans le cœur de Rosine. Mais quoi ! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ? Et c'est cela même que je fuis. Je suis las6 des conquêtes que l'intérêt, la convenance ou la vanité7 nous présentent sans cesse. Il est si doux d'être aimé pour soi-même ; et si je pouvais m'assurer sous ce déguisement... Au diable l'importun8 !
SCÈNE 2
FIGARO, LE COMTE (caché)
FIGARO : (une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main.)
Bannissons le chagrin,
Il nous consume :
Sans le feu du bon vin,
Qui nous rallume,
Réduit à languir,
L'homme, sans plaisir,
Vivrait comme un sot,
Et mourrait bientôt.
Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein !
...Et mourrait bientôt.
Le vin et la paresse
Se disputent mon cœur...
Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble...
Se partagent... mon cœur.
Dit-on "se partagent" ?... Eh ! mon Dieu, nos faiseurs d'opéras-comiques n'y regardent pas de si près. Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante. (Il chante.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur...
Je voudrais finir par quelque chose de beau, de brillant, de scintillant, qui eût l'air d'une pensée. (Il met un genou en terre, et écrit en chantant.)
Se partagent mon cœur.
Si l'une a ma tendresse...
L'autre fait mon bonheur.
Fi donc ! c'est plat. Ce n'est pas ça... Il me faut une opposition, une antithèse :
Si l'une... est ma maîtresse,
L'autre...
Eh ! parbleu, j'y suis !...
L'autre est mon serviteur.
Fort bien, Figaro !... (Il écrit en chantant.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur ;
Si l'une est ma maîtresse,
L'autre est mon serviteur,
L'autre est mon serviteur,
L'autre est mon serviteur.
Hein, hein, quand il y aura des accompagnements là-dessous, nous verrons encore, messieurs de la cabale9, si je ne sais ce que je dis. (Il aperçoit le Comte.) J'ai vu cet abbé10-là quelque part. (Il se relève.)
1 Les croisées : les fenêtres.
2 Grillées : grillagées.
3 "Elle" désigne Rosine, la jeune fille dont le comte est amoureux.
4 Jalousie : grillage de fer ou de bois qui couvre une fenêtre et permet de voir sans être vu.
5 Isabelle : la reine Isabelle la catholique (1451 - 1504). Le comte considère que sa conduite amoureuse relève d'une époque lointaine, révolue.
6 Las : fatigué.
7 Vanité : arrogance, prétention.
8 Importun : personne dont la présence n'est pas souhaitée.
9 Cabale : manœuvres secrètes et collectives menées contre un auteur en vue de provoquer l'échec d'une pièce.
10 C'est la tenue du comte qui le fait ressembler à un abbé en soutane.
Texte B : Musset, On ne badine pas avec l'amour, Acte I, scène 1
1834
ACTE PREMIER
SCÈNE PREMIÈRE
(Une place devant le château.)
MAÎTRE BLAZIUS, DAME PLUCHE, LE CHŒUR1
LE CHŒUR :
Doucement bercé sur sa mule fringante, messer2 Blazius s'avance dans les bluets fleuris, vêtu de neuf, l'écritoire au côté. Comme un poupon sur l'oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et, les yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster3 dans son triple menton. Salut, maître Blazius, vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique.
MAÎTRE BLAZIUS :
Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d'importance m'apportent ici premièrement un verre de vin frais.
LE CHŒUR :
Voilà notre plus grande écuelle ; buvez, maître Blazius ; le vin est bon ; vous parlerez après.
MAÎTRE BLAZIUS :
Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d'atteindre à sa majorité, et qu'il est reçu docteur4 à Paris. Il revient aujourd'hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu'on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d'or ; il ne voit pas un brin d'herbe à terre, qu'il ne vous dise comment cela s'appelle en latin ; et quand il fait du vent ou qu'il pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins qu'il a coloriés d'encres de toutes couleurs, de ses propres mains et sans en rien dire à personne. Enfin c'est un diamant fin des pieds à la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur depuis l'âge de quatre ans ; ainsi donc, mes bons amis, apportez une chaise que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou ; la bête est tant soit peu rétive5, et je ne serais pas fâché de boire encore une gorgée avant d'entrer.
LE CHŒUR :
Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître le petit Perdican, et il n'était pas besoin, du moment qu'il arrive, de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l'enfant dans le cœur de l'homme !
MAÎTRE BLAZIUS :
Ma foi, l'écuelle est vide ; je ne croyais pas avoir tout bu. Adieu ; j'ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur ; je vais tirer la cloche. (Il sort.)
1 Le chœur : ensemble de personnes qui commentent l'action selon la tradition du théâtre antique. Il est, dans cette pièce, composé de paysans.
2 "Messer" pour Monsieur.
3Pater noster : début d'une prière chrétienne (Notre Père).
4 Docteur : titre universitaire obtenu après la soutenance d'une thèse.
5 Rétive : peu docile.
Texte C : Eugène Labiche, Un chapeau de paille d'Italie, Acte I, scène 1
1851
ACTE PREMIER
(Chez Fadinard)
(Un salon octogone. - Au fond, porte à deux battants s'ouvrant sur la scène. - Une porte dans chaque pan coupé. - Deux portes aux premiers plans latéraux. - À gauche, contre la cloison, une table avec tapis, sur laquelle est un plateau portant carafe, verre, sucrier. - Chaises.)
SCÈNE PREMIÈRE
VIRGINIE, FÉLIX
VIRGINIE : (à Félix, qui cherche à l'embrasser)
Non, laissez-moi, monsieur Félix !... Je n'ai pas le temps de jouer.
FÉLIX :
Rien qu'un baiser ?
VIRGINIE :
Je ne veux pas !...
FÉLIX :
Puisque je suis de votre pays1 !... je suis de Rambouillet...
VIRGINIE :
Ah ! ben ! s'il fallait embrasser tous ceux qui sont de Rambouillet !...
FÉLIX :
Il n'y a que quatre mille habitants.
VIRGINIE :
Il ne s'agit pas de ça... M. Fadinard, votre bourgeois, se marie aujourd'hui... Vous m'avez invitée à venir voir la corbeille... voyons la corbeille !...
FÉLIX :
Nous avons bien le temps... Mon maître est parti, hier soir, pour aller signer son contrat chez le beau-père... il ne revient qu'à onze heures, avec toute sa noce, pour aller à la mairie.
VIRGINIE :
La mariée est-elle jolie ?
FÉLIX :
Peuh !... je lui trouve l'air godiche2 ; mais elle est d'une bonne famille... c'est la fille d'un pépiniériste de Charentonneau... le père Nonancourt.
VIRGINIE :
Dites donc, monsieur Félix... si vous entendez dire qu'elle ait besoin d'une femme de chambre... pensez à moi.
FÉLIX :
Vous voulez donc quitter votre maître... M. Beauperthuis ?
VIRGINIE :
Ne m'en parlez pas... c'est un acariâtre3, premier numéro... Il est grognon, maussade, sournois, jaloux... et sa femme donc !... Certainement, je n'aime pas à dire du mal des maîtres...
FÉLIX :
Oh ! non !...
VIRGINIE :
Une chipie ! une bégueule4, qui ne vaut pas mieux qu'une autre.
FÉLIX :
Parbleu !
VIRGINIE :
Dès que Monsieur part... crac ! elle part... et où va-t-elle ?... elle ne me l'a jamais dit... jamais !...
FÉLIX :
Oh ! vous ne pouvez pas rester dans cette maison-là.
VIRGINIE : (baissant les yeux)
Et puis, ça me ferait tant plaisir de servir avec quelqu'un de Rambouillet...
FÉLIX : (l'embrassant)
Seine-et-Oise !
1 Pays : région, ville ou village natal.
2 Godiche : gauche, maladroit.
3 Acariâtre : colérique.
4 Bégueule : farouche, rigide.
Texte D : Eduardo Manet, Quand deux dictateurs se rencontrent
1996
VOIX OFF1 , 1-A, 1-B
VOIX OFF :
Quelque part dans le monde, deux dictateurs se rencontrent. Ils sont vieux. Vieux, mais taillés dans le roc. Visages granitiques, regards de joueurs de poker. Maîtres de leur propre jeu. Les corps sont massifs, les gestes lents. Et pour cause… chacun porte un épais gilet pare-balles, par mesure de précaution. Le premier sous une élégante veste signée par un styliste à la mode, l'autre dissimulé sous l'épaisse vareuse de son uniforme. Rencontre au sommet qui fera date dans l'Histoire. Les deux hommes, protégés par des vitres blindées, se trouvent sur la terrasse d'un palais, sorte de forteresse construite au sommet d'une vertigineuse montagne et où l'on ne peut accéder qu'en hélicoptère.
Isolés du reste du monde, les deux hommes se parlent, sans témoins. Ils n'ont aucune raison particulière de se rencontrer. Caprice. Coup de tête. Aucune raison, si ce n'est le voluptueux plaisir d'être en face de son double, son reflet, la présence charnelle et puissante d'un dictateur comme soi.
Pour mieux tenir au secret leur rencontre et déjouer de possibles pièges, leurs appareils policiers leur ont donné des codes, composés du chiffre 1 et des deux premières lettres de l'alphabet : A et B. Comme les deux hommes s'estiment d'une égale puissance, ils ont tiré au sort l'ordre de leur dialogue. Pile – pour le 1-A, face pour le 1-B.
Ils viennent de dîner. Ils ont parlé – comme ils disent – "à bâtons rompus", "à cœur ouvert", "les yeux dans les yeux". Imbus2 de leur pouvoir, les dictateurs ne craignent pas d'utiliser les clichés les plus éculés3.
1-A sirote une menthe à l'eau, 1-B boit de la camomille.
1-A :
Tu ne fumes plus tes fameux cigares aromatiques… Tu ne bois plus d'alcool… tu refuses le café… ordre du médecin ?
1-B :
Self-control, autodiscipline, mon cher. Comme toi. D'après ce que j'ai entendu dire, tu t'interdis l'alcool, le tabac, tous ces stimulants exquis mais nuisibles à la santé.
1 Voix off : voix entendue par les spectateurs sans que l'émetteur soit sur scène.
2 Imbus de leur pouvoir : sûrs de leur puissance.
3 Éculés : usés.
Quelles informations les didascalies du texte suivant, extrait du Barbier de Séville de Beaumarchais, donnent-elles sur le personnage de Figaro ?
Texte A : Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte I, scènes 1 et 2
1775
ACTE PREMIER
(Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées1 sont grillées2.)
SCÈNE PREMIÈRE
LE COMTE : (seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant.)
Le jour est moins avancé que je ne croyais. L'heure à laquelle elle3 a coutume de se montrer derrière sa jalousie4 est encore éloignée. N'importe ; il vaut mieux arriver trop tôt que de manquer l'instant de la voir. Si quelque aimable de la cour pouvait me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d'une femme à qui je n'ai jamais parlé, il me prendrait pour un Espagnol du temps d'Isabelle5. Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. Il est pour moi dans le cœur de Rosine. Mais quoi ! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ? Et c'est cela même que je fuis. Je suis las6 des conquêtes que l'intérêt, la convenance ou la vanité7 nous présentent sans cesse. Il est si doux d'être aimé pour soi-même ; et si je pouvais m'assurer sous ce déguisement... Au diable l'importun8 !
SCÈNE 2
FIGARO, LE COMTE (caché)
FIGARO : (une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main.)
Bannissons le chagrin,
Il nous consume :
Sans le feu du bon vin,
Qui nous rallume,
Réduit à languir,
L'homme, sans plaisir,
Vivrait comme un sot,
Et mourrait bientôt.
Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein !
...Et mourrait bientôt.
Le vin et la paresse
Se disputent mon cœur...
Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble...
Se partagent... mon cœur.
Dit-on "se partagent" ?... Eh ! mon Dieu, nos faiseurs d'opéras-comiques n'y regardent pas de si près. Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante. (Il chante.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur...
Je voudrais finir par quelque chose de beau, de brillant, de scintillant, qui eût l'air d'une pensée. (Il met un genou en terre, et écrit en chantant.)
Se partagent mon cœur.
Si l'une a ma tendresse...
L'autre fait mon bonheur.
Fi donc ! c'est plat. Ce n'est pas ça... Il me faut une opposition, une antithèse :
Si l'une... est ma maîtresse,
L'autre...
Eh ! parbleu, j'y suis !...
L'autre est mon serviteur.
Fort bien, Figaro !... (Il écrit en chantant.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur ;
Si l'une est ma maîtresse,
L'autre est mon serviteur,
L'autre est mon serviteur,
L'autre est mon serviteur.
Hein, hein, quand il y aura des accompagnements là-dessous, nous verrons encore, messieurs de la cabale9, si je ne sais ce que je dis. (Il aperçoit le Comte.) J'ai vu cet abbé10-là quelque part. (Il se relève.)
1 Les croisées : les fenêtres.
2 Grillées : grillagées
3 "Elle" désigne Rosine, la jeune fille dont le comte est amoureux.
4 Jalousie : grillage de fer ou de bois qui couvre une fenêtre et permet de voir sans être vu.
5 Isabelle : La reine Isabelle la catholique (1451 - 1504). Le comte considère que sa conduite amoureuse relève d'une époque lointaine, révolue.
6 Las : fatigué
7 Vanité : arrogance, prétention.
8 Importun : personne dont la présence n'est pas souhaitée.
9 Cabale : manœuvres secrètes et collectives menées contre un auteur en vue de provoquer l'échec d'une pièce.
10 C'est la tenue du comte qui le fait ressembler à un abbé en soutane.
Quel plan permet de répondre à cette problématique ?
Qu'est-ce que le spectateur apprend de l'intrigue dans cette scène d'exposition, extraite d'On ne badine pas avec l'amour de Musset ?
Texte B : Musset, On ne badine pas avec l'amour, Acte I, scène 1
1834
ACTE PREMIER
SCÈNE PREMIÈRE
(Une place devant le château.)
MAÎTRE BLAZIUS, DAME PLUCHE, LE CHŒUR1
LE CHŒUR :
Doucement bercé sur sa mule fringante, messer2 Blazius s'avance dans les bluets fleuris, vêtu de neuf, l'écritoire au côté. Comme un poupon sur l'oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et, les yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster3 dans son triple menton. Salut, maître Blazius, vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique.
MAÎTRE BLAZIUS :
Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d'importance m'apportent ici premièrement un verre de vin frais.
LE CHŒUR :
Voilà notre plus grande écuelle ; buvez, maître Blazius ; le vin est bon ; vous parlerez après.
MAÎTRE BLAZIUS :
Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d'atteindre à sa majorité, et qu'il est reçu docteur4 à Paris. Il revient aujourd'hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu'on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d'or ; il ne voit pas un brin d'herbe à terre, qu'il ne vous dise comment cela s'appelle en latin ; et quand il fait du vent ou qu'il pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins qu'il a coloriés d'encres de toutes couleurs, de ses propres mains et sans en rien dire à personne. Enfin c'est un diamant fin des pieds à la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur depuis l'âge de quatre ans ; ainsi donc, mes bons amis, apportez une chaise que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou ; la bête est tant soit peu rétive5, et je ne serais pas fâché de boire encore une gorgée avant d'entrer.
LE CHŒUR :
Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître le petit Perdican, et il n'était pas besoin, du moment qu'il arrive, de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l'enfant dans le cœur de l'homme !
MAÎTRE BLAZIUS :
Ma foi, l'écuelle est vide ; je ne croyais pas avoir tout bu. Adieu ; j'ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur ; je vais tirer la cloche. (Il sort.)
1 Le chœur : ensemble de personnes qui commentent l'action selon la tradition du théâtre antique. Il est, dans cette pièce, composé de paysans.
2 "Messer" pour Monsieur.
3Pater noster : début d'une prière chrétienne (Notre Père).
4 Docteur : titre universitaire obtenu après la soutenance d'une thèse.
5 Rétive : peu docile.
À quoi reconnaît-on une scène d'ouverture de tragédie ?
À quoi reconnaît-on une scène d'ouverture de comédie ?
Pourquoi peut-on dire que l'écriture est étonnante dans cette scène d'introduction de Quand deux dictateurs se rencontrent d'Eduardo Manet ?
Texte D : Eduardo Manet, Quand deux dictateurs se rencontrent
1996
VOIX OFF1 , 1-A, 1-B
VOIX OFF :
Quelque part dans le monde, deux dictateurs se rencontrent. Ils sont vieux. Vieux, mais taillés dans le roc. Visages granitiques, regards de joueurs de poker. Maîtres de leur propre jeu. Les corps sont massifs, les gestes lents. Et pour cause… chacun porte un épais gilet pare-balles, par mesure de précaution. Le premier sous une élégante veste signée par un styliste à la mode, l'autre dissimulé sous l'épaisse vareuse de son uniforme. Rencontre au sommet qui fera date dans l'Histoire. Les deux hommes, protégés par des vitres blindées, se trouvent sur la terrasse d'un palais, sorte de forteresse construite au sommet d'une vertigineuse montagne et où l'on ne peut accéder qu'en hélicoptère.
Isolés du reste du monde, les deux hommes se parlent, sans témoins. Ils n'ont aucune raison particulière de se rencontrer. Caprice. Coup de tête. Aucune raison, si ce n'est le voluptueux plaisir d'être en face de son double, son reflet, la présence charnelle et puissante d'un dictateur comme soi.
Pour mieux tenir au secret leur rencontre et déjouer de possibles pièges, leurs appareils policiers leur ont donné des codes, composés du chiffre 1 et des deux premières lettres de l'alphabet : A et B. Comme les deux hommes s'estiment d'une égale puissance, ils ont tiré au sort l'ordre de leur dialogue. Pile – pour le 1-A, face pour le 1-B.
Ils viennent de dîner. Ils ont parlé – comme ils disent – "à bâtons rompus", "à cœur ouvert", "les yeux dans les yeux". Imbus2 de leur pouvoir, les dictateurs ne craignent pas d'utiliser les clichés les plus éculés3.
1-A sirote une menthe à l'eau, 1-B boit de la camomille.
1-A :
Tu ne fumes plus tes fameux cigares aromatiques… Tu ne bois plus d'alcool… tu refuses le café… ordre du médecin ?
1-B :
Self-control, autodiscipline, mon cher. Comme toi. D'après ce que j'ai entendu dire, tu t'interdis l'alcool, le tabac, tous ces stimulants exquis mais nuisibles à la santé.
1 Voix off : voix entendue par les spectateurs sans que l'émetteur soit sur scène.
2 Imbus de leur pouvoir : sûrs de leur puissance.
3 Éculés : usés.
Quelle position sociale occupent les deux personnages dans cette scène d'exposition d'Un chapeau de paille d'Italie ?
Texte C : Eugène Labiche, Un chapeau de paille d'Italie, Acte I, scène 1
1851
ACTE PREMIER
(Chez Fadinard)
(Un salon octogone. - Au fond, porte à deux battants s'ouvrant sur la scène. - Une porte dans chaque pan coupé. - Deux portes aux premiers plans latéraux. - À gauche, contre la cloison, une table avec tapis, sur laquelle est un plateau portant carafe, verre, sucrier. - Chaises.)
SCÈNE PREMIÈRE
VIRGINIE, FELIX
VIRGINIE (à Félix, qui cherche à l'embrasser) :
Non, laissez-moi, monsieur Félix !... Je n'ai pas le temps de jouer.
FÉLIX :
Rien qu'un baiser ?
VIRGINIE :
Je ne veux pas !...
FÉLIX :
Puisque je suis de votre pays1 !... je suis de Rambouillet...
VIRGINIE :
Ah ! ben ! s'il fallait embrasser tous ceux qui sont de Rambouillet !...
FÉLIX :
Il n'y a que quatre mille habitants.
VIRGINIE :
Il ne s'agit pas de ça... M. Fadinard, votre bourgeois, se marie aujourd'hui... Vous m'avez invitée à venir voir la corbeille... voyons la corbeille !...
FÉLIX :
Nous avons bien le temps... Mon maître est parti, hier soir, pour aller signer son contrat chez le beau-père... il ne revient qu'à onze heures, avec toute sa noce, pour aller à la mairie.
VIRGINIE :
La mariée est-elle jolie ?
FÉLIX :
Peuh !... je lui trouve l'air godiche2 ; mais elle est d'une bonne famille... c'est la fille d'un pépiniériste de Charentonneau... le père Nonancourt.
VIRGINIE :
Dites donc, monsieur Félix... si vous entendez dire qu'elle ait besoin d'une femme de chambre... pensez à moi.
FÉLIX :
Vous voulez donc quitter votre maître... M. Beauperthuis ?
VIRGINIE :
Ne m'en parlez pas... c'est un acariâtre3, premier numéro... Il est grognon, maussade, sournois, jaloux... et sa femme donc !... Certainement, je n'aime pas à dire du mal des maîtres...
FÉLIX :
Oh ! non !...
VIRGINIE :
Une chipie ! une bégueule4, qui ne vaut pas mieux qu'une autre.
FÉLIX :
Parbleu !
VIRGINIE :
Dès que Monsieur part... crac ! elle part... et où va-t-elle ?... elle ne me l'a jamais dit... jamais !...
FÉLIX :
Oh ! vous ne pouvez pas rester dans cette maison-là.
VIRGINIE (baissant les yeux) :
Et puis, ça me ferait tant plaisir de servir avec quelqu'un de Rambouillet...
FÉLIX (l'embrassant) :
Seine-et-Oise !
1 Pays : région, ville ou village natal.
2 Godiche : gauche, maladroit.
3 Acariâtre : colérique.
4 Bégueule : farouche, rigide.
Traditionnellement, à quoi sert une scène d'introduction ?
Une scène d'exposition au théâtre correspond à la première ou aux premières scènes d'une pièce. Traditionnellement, sa fonction est de présenter les personnages, l'intrigue et la tonalité de la pièce. La comédie démarre en général avec des personnages joyeux et gais qui exposent souvent l'intrigue galante de la pièce. La tragédie au contraire commence sur des personnages sérieux et soucieux qui présentent l'intrigue complexe et terrible de la pièce. Toutefois, on peut se demander si ces critères assurent nécessairement la réussite de la scène d'exposition. Ainsi, la célèbre scène d'exposition de Dom Juan de Molière, où Sganarelle apparaît en faisant l'éloge du tabac, ne remplit guère les critères traditionnels d'une première scène, mais est un véritable succès.
N'existe-t-il pas d'autres critères qui permettent de juger la réussite d'une scène d'exposition, au-delà des règles traditionnelles ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi une scène de théâtre réussie informe le spectateur et présente les personnages. Dans une seconde partie, nous verrons en quoi la première scène expose le projet de la pièce. Dans une dernière partie, nous verrons comment certaines scènes d'exposition originales pour être efficaces bousculent les règles établies pour étonner ou choquer le spectateur.
Exposer la pièce au spectateur
Définir le cadre spatio-temporel
La fonction première d'une scène d'exposition est de définir le cadre spatio-temporel de la pièce :
- Les didascalies donnent souvent des indications sur la situation géographique ou temporelle de la pièce. Ainsi, dans Le Barbier de Séville, la didascalie précise : "dans une rue de Séville".
- Toutefois, le spectateur n'a pas accès aux didascalies, le lecteur est donc avantagé par rapport à lui. Mais des indications spatio-temporelles se trouvent également dans les dialogues. Le comte Almaviva, dans Le Barbier de Séville, donne une indication sur le temps de la journée : "Le jour est moins avancé que je ne le croyais". De même, dans On ne badine pas avec l'amour, on trouve : "au temps de la vendange".
- Certaines références faites par les personnages permettent également de situer l'époque. Figaro mentionne la "cabale", mais aussi les "opéras-comiques", ce qui permet de situer le texte au XVIIIe siècle.
- On trouve également des indications de lieux. Dans On ne badine pas avec l'amour, il est précisé que la scène a lieu sur "une place devant le château". Dans Le Chapeau de paille d'Italie on est "chez Fadinard".
- Il convient toutefois de préciser que le metteur en scène peut choisir de moderniser une pièce, et de la situer dans un contexte différent de celui de la pièce. Ainsi, les adaptations de Roméo et Juliette de Shakespeare ne se situent pas toutes dans la Vérone du Moyen Âge.
Présenter les personnages
L'autre fonction traditionnelle importante de la scène d'exposition est de présenter les personnages.
- Le spectateur apprend l'identité des personnages. Il convient de rappeler que le lecteur est privilégié par rapport au spectateur : il a déjà les noms des personnages. Le spectateur les découvre seulement lorsque les personnages s'interpellent.
- Outre le nom des personnages, la scène d'exposition donne des indications sur leur statut social. C'est le cas dans Un chapeau de paille d'Italie, les dialogues permettent d'assurer que Virginie et Félix sont serviteurs, ils parlent plusieurs fois de leurs "maîtres".
- On apprend également quel est le caractère des personnages et les liens qui les unissent. Dans Quand deux dictateurs se rencontrent, la voix off joue le rôle d'une journaliste de télévision pour brosser les portraits de 1-A et 1-B. Virginie et Félix, dans Un chapeau de paille d'Italie, semblent amoureux, les didascalies précisent qu'il y a marivaudage amoureux : "qui cherche à l'embrasser". Le spectateur apprend aussi des liens entre des personnages qui ne sont pas sur scène : le mariage des maîtres dans Un chapeau de paille d'Italie, l'amour du comte pour Rosine dans Le Barbier de Séville.
- La scène d'exposition permet de donner des indications sur le caractère des personnages. Ainsi, l'adverbe "gaiement" est associé à Figaro. Perdican se montre assez pédant et énervant : "bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu'on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d'or". 1-A et 1-B sont paranoïaques, la peur de mourir les empêche de vivre.
Présenter l'intrigue
Enfin, la scène d'exposition permet de présenter l'intrigue.
- En général, pour les comédies, les sujets sont frivoles, tournés vers l'amour, l'argent et le quotidien. Pour la tragédie, les sujets sont plus graves, tournés vers la mort, le destin ou la guerre.
- L'exposition de l'intrigue doit répondre aux questions : "qui ?", "quoi ?", "comment ?". Le spectateur n'a pas accès à toutes les réponses, mais il connaît les clés de l'intrigue.
- Dès la première scène, l'intrigue principale est annoncée. Dans trois textes du corpus, il s'agit d'intrigues essentiellement amoureuses. Chez Beaumarchais, il s'agit d'un amour contrarié, Rosine est cachée derrière des "jalousies". Chez Labiche, le dialogue entre les serviteurs permet de comprendre qu'un mariage bourgeois va avoir lieu et qu'une véritable course contre la montre pour que tout se passe bien va s'engager. Musset évoque également les projets matrimoniaux des personnages.
- La scène d'exposition peut être in medias res, c'est-à-dire jeter le spectateur en plein milieu de l'intrigue. C'est le cas dans Ruy Blas de Victor Hugo, où le spectateur découvre tout de suite que Don Salluste de Bazan est exilé de la cour par la reine.
La scène d'exposition a également pour fonction de présenter au spectateur le projet théâtral derrière la pièce.
Présenter le projet au spectateur
Définir le genre de la pièce
La scène d'exposition permet de définir le genre de la pièce.
- Les premières paroles prononcées par les personnages permettent de dire s'il s'agit d'une tragédie ou d'une comédie. Ainsi, la scène d'ouverture d'Un chapeau de paille d'Italie ne laisse aucun doute quant au caractère comique de la pièce, avec le dialogue enjoué et amusant des deux serviteurs.
- La scène d'exposition permet aussi de nuancer le genre théâtral. Les trois premiers extraits du corpus sont tirés de comédies. La première intrigue est galante, mais il y a aussi une chanson légère, et des mentions faites au "vin" et à la "paresse". La satire se dessine, avec une référence à la "cabale" et l'opposition entre le valet et le comte : Beaumarchais présente une comédie satirique de mœurs.
- La comédie peut être axée plutôt sur la critique d'un trait de caractère. Ainsi, On ne badine pas avec l'amour s'ouvre sur un ivrogne, il s'agit d'une comédie de caractère.
- La comédie peut également être un vaudeville : les valets insolents et la mention faite au prochain mariage bourgeois permettent de classer Un chapeau de paille d'Italie dans cette catégorie.
Définir une mise en scène
La scène d'exposition permet de présenter les choix de mise en scène du metteur en scène ou du dramaturge (si c'est lui qui met aussi en scène).
- Le metteur en scène peut axer sur la surprise. Dans Le Barbier de Séville, cette idée est soulignée par le déguisement du comte et le quiproquo, avec Figaro qui prend le comte pour un abbé.
- Le metteur en scène plante le décor. Les didascalies peuvent aider, elles sont ainsi très nombreuses dans le texte de Beaumarchais, et Labiche précise dans Un chapeau de paille d'Italie qu'il y a de nombreuses portes, ce qui suggère de nombreux déplacements de personnages.
Capter l'attention du spectateur
La scène d'exposition doit permettre d'attirer l'attention du spectateur. Il existe pour cela plusieurs techniques théâtrales.
- On peut utiliser les apartés. Molière le fait souvent, notamment dans L'Avare, pour se moquer du personnage d'Harpagon.
- On peut utiliser des apostrophes et des questions rhétoriques. Cela permet d'inclure le spectateur dans l'intrigue, qui a l'impression qu'on s'adresse à lui. Le comte s'exclame ainsi dans Le Barbier de Séville : " Pourquoi non ?"
- Le dramaturge peut aussi choisir d'inclure une critique, une satire de la société. C'est ce que fait Beaumarchais en dénonçant la censure à travers la "cabale".
- Les émotions des personnages peuvent capter tout de suite le spectateur qui éprouve de l'empathie. Ainsi, au début d'Iphigénie de Racine, le désespoir d'Agamemnon qui doit sacrifier sa fille entraîne la sympathie du spectateur qui se sent impliqué.
Mais une scène d'exposition ne sert pas uniquement à présenter la pièce ou impliquer le spectateur dans son intrigue. Elle peut être très réussie quand elle déstabilise le spectateur, en ne respectant pas les critères traditionnels de la scène d'exposition.
Déstabiliser le spectateur
Des personnages étrangement introduits
Il est possible de déstabiliser le spectateur avec des personnages qui paraissent indéfinis ou qui sont même absents.
- Les personnages attendus peuvent ne pas apparaître tout de suite sur scène. Dans Tartuffe, Molière fait naître l'attente du spectateur en lui parlant dès le début de Tartuffe, mais en ne le faisant apparaître qu'au troisième acte. Cela crée un réel effet de surprise. De même, la pièce Dom Juan ne s'ouvre pas avec le personnage éponyme, mais avec son valet Sganarelle qui n'hésite pas à le critiquer et à en faire un portrait très négatif.
- Les personnages attendus peuvent aussi ne jamais apparaître sur scène. C'est sur cela que repose la pièce En attendant Godot de Beckett : le personnage de Godot n'arrivera jamais.
- Les personnages peuvent être indéfinis, étranges. C'est le cas des personnages dans Quand deux dictateurs se rencontrent de Manet. Leurs noms sont profondément énigmatiques (1-A et 1-B) et on ignore qui ils sont vraiment.
Un cadre spatio-temporel flou
Le cadre spatio-temporel peut aussi être présenté de façon très floue.
- Le lieu peut ne pas être précisé. C'est le cas dans Quand deux dictateurs se rencontrent de Manet. L'allusion spatio-temporelle ne donne aucune précision sur le lieu de l'action : "Quelque part dans le monde".
- Le lieu peut également être imaginaire : dans L'Île aux esclaves de Marivaux, l'époque est indéfinie. Marivaux fait référence à l'Antiquité : Iphicrate, Athènes. Mais il évoque aussi son époque, avec le personnage d'Arlequin. L'intrigue devient alors universelle.
- Dans le théâtre de l'absurde, les dramaturges brouillent souvent les pistes. Ils répètent les mêmes scènes, les mêmes dialogues, le temps semble ne pas vraiment exister. C'est le cas dans La Cantatrice chauve d'Ionesco.
Dérouter le spectateur
Enfin, une scène d'introduction peut avoir pour but d'étonner ou choquer le spectateur.
- L'écriture même des répliques peut surprendre. Ainsi, Manet utilise le style télégraphique dans Quand deux dictateurs se rencontrent, ce qui crée la surprise. Les phrases sont adverbiales, il y a de nombreuses juxtapositions et des répétitions. Le style est heurté et met mal à l'aise. Manet dénonce l'absence d'humanité des dictateurs.
Aujourd'hui, le théâtre est souvent associé à la violence, les représentations modernes avant-gardistes ont pour but de surprendre le spectateur.
Traditionnellement, une scène d'exposition réussie doit permettre de donner des informations au spectateur : il sait qui sont les personnages, quelle intrigue va les occuper, à quel genre théâtral il assiste, et où se déroule l'histoire. Lorsque tout est posé, le metteur en scène ou le dramaturge s'assure la compréhension du spectateur. Un pacte se crée avec lui. Il est d'ailleurs important, en présentant une pièce, de s'assurer de capter l'attention du spectateur à qui on définit un projet théâtral.
Mais la scène d'exposition peut également avoir pour but de surprendre. Si des dramaturges comme Molière n'ont pas hésité à déstabiliser leur public en jouant avec leurs attentes, ce sont surtout les auteurs contemporains qui veulent choquer le spectateur. Ils le placent dans une situation inconnue, avec des personnages indéfinis et une intrigue surprenante.