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Le monologue au théâtre Dissertation type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2018-2019

Métropole, 2009, voies technologiques

Le monologue, souvent utilisé au théâtre, paraît peu naturel. En prenant appui sur les textes du corpus, sur différentes pièces que vous avez pu lire ou voir et en vous référant à divers éléments propres au théâtre (costumes, décor, éclairages, les gestes, la voix, etc.), vous vous demanderez si le théâtre est seulement un art de l'artifice et de l'illusion.

Document 1

Texte A : Molière, George Dandin ou Le Mari confondu, Acte I, scène 1

1668

[George Dandin, riche paysan qui a épousé la noble Angélique, paraît seul sur scène.]

GEORGE DANDIN :
Ah ! qu'une femme demoiselle1 est une étrange affaire ! Et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition, et s'allier, comme j'ai fait, à la maison d'un gentilhomme ! La noblesse, de soi2, est bonne ; c'est une chose considérable, assurément : mais elle est accompagnée de tant de mauvaises circonstances, qu'il est très bon de ne s'y point frotter. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connais le style des nobles, lorsqu'ils nous font, nous autres, entrer dans leur famille. L'alliance qu'ils font est petite avec nos personnes : c'est notre bien seul qu'ils épousent ; et j'aurais bien mieux fait, tout riche que je suis, de m'allier en bonne et franche paysannerie, que de prendre une femme qui se tient au-dessus de moi, s'offense de porter mon nom, et pense qu'avec tout mon bien je n'ai pas assez acheté la qualité de son mari. George Dandin ! George Dandin ! Vous avez fait une sottise, la plus grande du monde. Ma maison m'est effroyable maintenant, et je n'y rentre point sans y trouver quelque chagrin.

1 Femme demoiselle : jeune fille ou femme née de parents nobles.
2 De soi : en soi, en elle-même. La noblesse en elle-même est bonne.

Document 2

Texte B : Beaumarchais, La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro, Acte V, scène 3

1784

[Le valet du comte Almaviva, Figaro, doit épouser Suzanne, servante de la comtesse. Il apprend que le comte n'a pas renoncé au "droit de cuissage", ancienne coutume qui permet au maître de passer la nuit de noces avec la mariée. Figaro se plaint de son sort et de Suzanne qui va, d'après lui, céder au comte à qui elle a donné un rendez-vous secret.]

Acte V, scène 3

FIGARO (seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre.) :
Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante !… nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ?… Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse1, à l'instant qu'elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie2... Il riait en lisant3, le perfide ! et moi comme un benêt... non, Monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes4 ; et vous voulez jouter5... On vient… c'est elle… ce n'est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu'à moitié ! Il s'assied sur un banc. – Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? […]

1 Sa maîtresse : la Comtesse.
2 La cérémonie : fête en l'honneur du mariage de Suzanne et Figaro.
3 Il riait en lisant : Figaro pense que le comte a reçu un message de Suzanne.
4 Les Espagnes : désigne l'Espagne et les territoires conquis depuis Christophe Colomb.
5 Jouter : se battre.

Document 3

Texte C : Musset, On ne badine pas avec l'amour, Acte III, scène 1

1834

[Perdican est amoureux de sa cousine Camille, qu'il doit épouser. Mais elle repousse son amour car elle a décidé d'entrer au couvent. Les deux jeunes gens ont eu une discussion animée. Seul sur scène, Perdican s'interroge.]

Acte III, scène 1

(Devant le château.)

PERDICAN :
Je voudrais bien savoir si je suis amoureux. D'un côté, cette manière d'interroger est tant soit peu cavalière1, pour une fille de dix-huit ans ; d'un autre, les idées que ces nonnes2 lui ont fourrées dans la tête auront de la peine à se corriger. De plus, elle doit partir aujourd'hui. Diable, je l'aime, cela est sûr. Après tout, qui sait ? peut-être elle répétait une leçon, et d'ailleurs il est clair qu'elle ne se soucie pas de moi. D'une autre part, elle a beau être jolie, cela n'empêche pas qu'elle n'ait des manières beaucoup trop décidées et un ton trop brusque. Je n'ai qu'à n'y plus penser ; il est clair que je ne l'aime pas. Cela est certain qu'elle est jolie ; mais pourquoi cette conversation d'hier ne veut-elle pas me sortir de la tête ? En vérité, j'ai passé la nuit à radoter. Où vais-je donc ? - Ah ! je vais au village.
(Il sort.)

1 Cavalière : osée, impertinente.
2 Nonnes : religieuses qui vivent dans un couvent. Ce sont elles qui ont assuré l'éducation de Camille.

Document 4

Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage

1987

[Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.]

DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.

(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.

(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…

(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…

(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime - car il y aura un crime - n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !

(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)

1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.

Qu'apprend le spectateur grâce à ce monologue ?

Texte A : Molière, George Dandin ou Le Mari confondu, Acte I, scène 1

1668

[George Dandin, riche paysan qui a épousé la noble Angélique, paraît seul sur scène.]

GEORGE DANDIN :
Ah ! qu'une femme demoiselle1 est une étrange affaire ! et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition, et s'allier, comme j'ai fait, à la maison d'un gentilhomme ! La noblesse, de soi2, est bonne ; c'est une chose considérable, assurément : mais elle est accompagnée de tant de mauvaises circonstances, qu'il est très bon de ne s'y point frotter. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connais le style des nobles, lorsqu'ils nous font, nous autres, entrer dans leur famille. L'alliance qu'ils font est petite avec nos personnes : c'est notre bien seul qu'ils épousent ; et j'aurais bien mieux fait, tout riche que je suis, de m'allier en bonne et franche paysannerie, que de prendre une femme qui se tient au-dessus de moi, s'offense de porter mon nom, et pense qu'avec tout mon bien je n'ai pas assez acheté la qualité de son mari. George Dandin ! George Dandin ! vous avez fait une sottise, la plus grande du monde. Ma maison m'est effroyable maintenant, et je n'y rentre point sans y trouver quelque chagrin.

1 Femme demoiselle : jeune fille ou femme née de parents nobles.
2 De soi : en soi, en elle-même. La noblesse en elle-même est bonne.

Quelle émotion fait naître ce monologue de Figaro chez le spectateur ?

Texte B : Beaumarchais, La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro, Acte V, scène 3

1784

[Le valet du comte Almaviva, Figaro, doit épouser Suzanne, servante de la comtesse. Il apprend que le comte n'a pas renoncé au "droit de cuissage", ancienne coutume qui permet au maître de passer la nuit de noces avec la mariée. Figaro se plaint de son sort et de Suzanne qui va, d'après lui, céder au comte à qui elle a donné un rendez-vous secret.]

Acte V, scène 3

FIGARO : (seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre.)
Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante !… nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ?… Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse1, à l'instant qu'elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie2... Il riait en lisant3, le perfide ! et moi comme un benêt... non, Monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes4 ; et vous voulez jouter5... On vient… c'est elle… ce n'est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu'à moitié ! Il s'assied sur un banc. – Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? […]

1 Sa maîtresse : la Comtesse.
2 La cérémonie : fête en l'honneur du mariage de Suzanne et Figaro.
3 Il riait en lisant : Figaro pense que le comte a reçu un message de Suzanne.
4 Les Espagnes : désigne l'Espagne et les territoires conquis depuis Christophe Colomb.
5 Jouter : se battre.

Que permet de connaître le monologue suivant ?

Texte C : Musset, On ne badine pas avec l'amour, Acte III, scène 1

1834

[Perdican est amoureux de sa cousine Camille, qu'il doit épouser. Mais elle repousse son amour car elle a décidé d'entrer au couvent. Les deux jeunes gens ont eu une discussion animée. Seul sur scène, Perdican s'interroge.]

Acte III, scène 1

(Devant le château.)

PERDICAN :
Je voudrais bien savoir si je suis amoureux. D'un côté, cette manière d'interroger est tant soit peu cavalière1, pour une fille de dix-huit ans ; d'un autre, les idées que ces nonnes2 lui ont fourrées dans la tête auront de la peine à se corriger. De plus, elle doit partir aujourd'hui. Diable, je l'aime, cela est sûr. Après tout, qui sait ? peut-être elle répétait une leçon, et d'ailleurs il est clair qu'elle ne se soucie pas de moi. D'une autre part, elle a beau être jolie, cela n'empêche pas qu'elle n'ait des manières beaucoup trop décidées et un ton trop brusque. Je n'ai qu'à n'y plus penser ; il est clair que je ne l'aime pas. Cela est certain qu'elle est jolie ; mais pourquoi cette conversation d'hier ne veut-elle pas me sortir de la tête ? En vérité, j'ai passé la nuit à radoter. Où vais-je donc ? - Ah ! je vais au village.
(Il sort.)

1 Cavalière : osée, impertinente.
2 Nonnes : religieuses qui vivent dans un couvent. Ce sont elles qui ont assuré l'éducation de Camille.

En quoi la scène suivante est-elle surprenante ?

Texte D : Jean Tardieu, "Il y avait foule au manoir", La Comédie du langage

1987

[Un bal est donné au château du Baron de Z… Les invités viennent tour à tour se présenter sur scène. Le premier d'entre eux est Dubois-Dupont.]

DUBOIS-DUPONT : (il est vêtu d'un "plaid" à pèlerine1 et à grands carreaux et coiffé d'une casquette assortie "genre anglais". Il tient à la main une branche d'arbre en fleur)
Je me présente : je suis le détective privé Dubois. Surnommé Dupont, à cause de ma ressemblance avec le célèbre policier anglais Smith. Voici ma carte : Dubois-Dupont, homme de confiance et de méfiance. Trouve la clé des énigmes et des coffres-forts. Brouille les ménages ou les raccommode, à la demande. Prix modérés.
Les raisons de ma présence ici sont mystérieuses autant que… mystérieuses… Mais vous les connaîtrez tout à l'heure. Je n'en dis pas plus. Je me tais. Motus.
Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans le manoir2 du baron de Z… Zède comme Zèbre, comme Zéphyr… (il rit bêtement) Mais chut ! Cela pourrait vous mettre sur la voie.
Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir.

(On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement.)
Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Quand je me tais, il reprend.

(Dès qu'il se tait, en effet, les bruits de bal recommencent, puis s'arrêtent.)
Vous voyez ?…

(Une bouffée de bruits de bal.)
Vous entendez ?…

(Bruits de bal.)
Quand je me tais… (bruits de bal) … ça recommence quand je commence, cela se tait. C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. J'ai tellement d'identités différentes ! C'est-à-dire que l'on me prend pour ce que je ne suis pas.
Le crime – car il y aura un crime – n'est pas encore consommé. Et pourtant, chose étrange, moi le détective, me voici déjà sur les lieux mêmes où il doit être perpétré !… Pourquoi ? Vous le saurez plus tard.
Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito3 à la foule étincelante des invités. Que de pierreries ! Que de bougies ! Que de satins ! Que de chignons ! Mais on vient !… Chut !… Je m'éclipse. Ni vu ni connu !

(Il sort, par la droite, sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres.)

1 Plaid à pèlerine : ample manteau orné d'une cape.
2 Manoir : petit château à la campagne.
3 Incognito : anonymement, en secret.

Que permet le monologue théâtral ?

Qu'est-ce qu'un aparté au théâtre ?

Sur quel artifice repose tout le discours théâtral ?

Quel plan permet de répondre à cette problématique ?

Parmi les éléments suivants, lequel n'est pas un artifice théâtral ?

Le théâtre est l'art de l'illusion par excellence. Qu'on prenne, pour éclatant exemple, L'Illusion comique de Corneille. Dans cette pièce baroque, un homme est trompé par les artifices théâtraux, et découvre seulement à la fin de la pièce que tout ce qu'il vient de voir était faux, était joué. Le théâtre crée le réel, mais il n'est pas le réel. Il trompe les sens, il joue sur les effets spéciaux, les costumes, les décors, et parvient même à modifier l'espace-temps.
Toutefois, le théâtre est-il uniquement un art qui propose du factice ? N'y a-t-il pas quelque chose d'authentique au théâtre ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi le théâtre est l'art du factice et de l'artifice par excellence. Dans une seconde partie, nous analyserons en quoi le théâtre est un art qui est lié à l'authenticité.

I

Le théâtre, art de l'artifice et de l'illusion

A

Un univers imaginaire

  • Le théâtre joue à représenter la réalité, mais rien n'y est vrai, tout est faux. Sur scène, un monde artificiel est reconstitué. Ainsi, les accessoires utilisés par les acteurs ne sont pas de vrais objets, les décors sont en carton, les répliques apprises à l'avance. Victor Hugo écrivait d'ailleurs : "Il y a des arbres de carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l'or de clinquant, du fard sur la pêche, du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessus terre."
  • Dans La Comédie du langage, Jean Tardieu joue avec le caractère factice du théâtre. Le héros décrit ainsi ce qui se passe effectivement sur scène : lorsqu'il parle, la musique est coupée, dès qu'il se tait, la musique reprend. Le spectateur prend alors conscience du travail du technicien du son.
B

Le temps au théâtre

  • Une pièce de théâtre condense plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois, voire même plusieurs années, en seulement quelques heures. Même les règles classiques, qui forcent à condenser l'intrigue dramatique en une seule journée, n'exigent pas que le temps sur scène soit le même que le temps dans la salle. Bérénice de Racine se déroule sur vingt-quatre heures, mais la représentation n'excède pas deux heures.
  • Pour créer un temps fictif, les metteurs en scène jouent avec les éclairages. Lorsqu'il y a de la lumière, c'est souvent la journée, tandis que lorsque la scène est plongée dans l'obscurité, c'est souvent la nuit.
  • Parfois, des pancartes sont placées sur scène pour informer sur le lieu, le temps, l'intrigue. Sur une seule scène peuvent se succéder différents lieux, différents pays, comme dans Ruy Blas, drame romantique de Victor Hugo.
C

Les conventions théâtrales

  • Plusieurs conventions théâtrales existent qui ne sont pas le reflet de la réalité. Certaines situations sont très superficielles.
  • Les apartés ne sont pas réalistes. Un personnage dit quelque chose alors qu'il est en présence d'autres personnages, qui n'entendent pas ce qu'il dit. Ses répliques sont alors destinées au spectateur. C'est le cas par exemple dans On ne badine pas avec l'amour, dans une scène où Camille et Perdican ne cessent de faire des apartés, qui servent au public pour savoir ce qu'ils pensent réellement.
  • De même, les monologues sont une pure invention théâtrale. Ils permettent d'exposer une intrigue, comme au début de George Dandin, ou encore de faire part des sentiments d'un personnage, comme dans Le Mariage de Figaro, lorsque le héros se révolte contre la société. Ces discours sont, dans la réalité, intérieurs. Ils ne sont pas clairement exprimés.
  • Toutefois, ils sont nécessaires au théâtre à cause de la double énonciation. Le spectateur ne pourrait pas suivre l'intrigue sans ces informations.

Si le théâtre est l'art de l'artifice, il peut aussi tendre à l'authenticité.

II

Le théâtre et l'authenticité

A

Le réel au théâtre

  • Le lieu où se déroule la représentation théâtrale est bien réel : la scène, les accessoires, les décors.
  • Cependant, il y a également tous les lieux d'où le spectacle est contrôlé, comme la régie où des techniciens s'occupent de la lumière, des sons, ou encore les coulisses où des assistants gèrent les costumes et les accessoires, les entrées et les sorties des comédiens.
  • La présence physique des acteurs est indéniable : ils sont réellement là, sur scène, ils donnent corps à leurs personnages. Une représentation théâtrale est souvent plus vivante qu'un film. Ainsi, la violence peut paraître moins supportable au théâtre qu'au cinéma, car les comédiens sont là devant les spectateurs, la barrière entre scène et salle n'est pas tangible.
  • On peut trouver un souci d'authenticité, avec par exemple un metteur en scène qui choisit d'éclairer à la bougie une mise en scène de Ruy Blas, et d'utiliser des costumes d'époque, pour ancrer la fiction dans la réalité.
B

L'expression des tourments humains

  • Le théâtre met en scène les passions humaines. Dès l'Antiquité, Aristote théorise le théâtre, dans Poétique, en soulignant que la tragédie permet la catharsis. Cela signifie que le spectateur purge ses passions grâce au jeu des comédiens. Il vit, à travers l'acteur, la haine, la passion, le désespoir, et en est libéré.
  • La scène théâtrale est donc le lieu où les personnages expriment des émotions. Ils expriment l'amour, comme Roméo et Juliette dans la pièce éponyme de Shakespeare. Ils expriment la révolte contre l'injustice à l'image de Figaro dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Ils expriment la haine, à l'image d'Iago dans Othello de Shakespeare.
  • Si ces émotions touchent autant le public, c'est bien car elles sont authentiques. Le théâtre est le miroir de la réalité humaine.
C

Un art de l'échange

  • Si le théâtre est authentique, c'est surtout car il propose une relation particulière entre les acteurs et les spectateurs. Le côté artificiel du théâtre est oublié car il fait naître de véritables émotions. Autour de ces émotions, tout paraît artificiel.
  • Le théâtre remplit deux fonctions : plaire (du latin placere), il est un art du spectacle vivant et divertissant qui cherche à plaire, à créer l'illusion et l'émotion ; instruire (du latin docere) il est un miroir dans lequel l'Homme est représenté et le public doit se reconnaître, s'émouvoir et critiquer.
  • L'artifice est toutefois mis au service de l'illusion : celle-ci permet de faire croire aux spectateurs ce qu'ils voient. Ainsi, ils croient à l'émotion représentée sur scène. Les sentiments éprouvés par le public sont véritables, authentiques. Ainsi, dans La Comédie du langage, le spectateur est réellement surpris par la mise en scène. Dans Le Mariage de Figaro, le spectateur est réellement touché et révolté par la situation de Figaro. Dans On ne badine pas avec l'amour, il s'amuse du jeu amoureux de Perdican et Camille. Un lien d'échange se crée.
  • Comme Victor Hugo l'écrivait : "Il y a des cœurs humains sur la scène, des cœurs humains dans la coulisse, des cœurs humains dans la salle."

Le théâtre naît du factice, du faux, de l'artifice. Toute cette fausseté sert l'illusion, qui fait croire au spectateur que ce qui se joue sur scène est vrai. Elle permet d'entraîner le public dans l'histoire d'amour fulgurante et tragique de Roméo et Juliette. Elle pousse le public à réfléchir aux injustices sociales en le transposant au XVIIIe siècle de Figaro. Elle l'effraye avec des personnages terrifiants, à l'image de Médée qui n'hésite pas à tuer ses propres enfants. Ainsi, le théâtre est factice mais uniquement pour créer du vrai : il donne naissance à l'émotion. Les sentiments ressentis par le spectateur au cours d'une représentation sont bien réels. Un lien se crée, entre le spectateur et le comédien : ce lien, humain, est celui du cœur.

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