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  4. Commentaire type bac : Victor Hugo, Réponse à un acte d'accusation

Victor Hugo, Réponse à un acte d'accusation Commentaire type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2018-2019

Métropole, 2005, voie S

Commentez le poème de Hugo (texte B).

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

Quelle figure de style Victor Hugo emploie-t-il pour donner vie aux mots ?

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

Contre quel courant littéraire Victor Hugo se dresse-t-il ?

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

Quel plan correspond au commentaire du texte suivant ?

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

Quels types de verbes sont associés à la figure du poète dans le poème ?

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

En parlant de mettre "un bonnet rouge au dictionnaire", à quel événement historique Victor Hugo fait-il référence dans le texte suivant ?

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

À quel courant littéraire appartient le texte suivant ?

Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation", Les Contemplations, Livre premier, VII

1856

Hugo rejette ici les normes classiques qui imposent leurs interdits au théâtre et en poésie.

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?

1 Personnages de tragédies.
2 L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3 Inquiétants.
4 Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5 L'Académie française, garante des règles ; "Douairière" : vieille femme...
6 Figures de style.
7 Aristote, philosophe grec, avait codifié les genres et les styles.
8 Peuples considérés ici comme barbares.

Le poème "Réponse à un acte d'accusation" a été écrit par Victor Hugo en 1856. Chef de file du mouvement romantique, l'auteur y dénonce les règles classiques et les normes littéraires qui entravent la liberté du poète. Il établit différents jeux d'opposition et se montre provocateur, dénonçant les institutions littéraires et raillant les normes et les règles. Mais le poème de Victor Hugo ne touche pas uniquement à la littérature, il dénonce également les inégalités sociales et, collant à son époque, il défend les idées révolutionnaires. Ce faisant, il développe une réflexion sur la place du poète et la création poétique.
En quoi la vision poétique de Victor Hugo est-elle révolutionnaire ?
Dans une première partie, nous verrons comment le poète mêle Histoire et considérations littéraires dans un poème vivant. Dans une seconde partie, nous analyserons en quoi ce poème est un appel à la liberté poétique. Enfin, dans une dernière partie, nous traiterons des réflexions sur la poésie que développe Victor Hugo.

I

Un texte vivant mêlant littérature et Histoire

A

Un poème en deux parties suivant une chronologie (Anciens/Modernes)

Le poème de Victor Hugo est construit en deux temps :

  • Les deux temps du poème rappellent les deux époques dont parle Victor Hugo : avant son arrivée en poésie, et après.
  • La première partie du poème, jusqu'au vers vingt, se concentre sur la situation "avant". Le poète décrit une situation figée. La poésie suit alors des règles classiques précises et restrictives. Dans cette partie le poète utilise l'imparfait, temps de la description et de la durée : "vivaient", "regardaient", "criait". On trouve aussi du participe présent, qui permet de décrire une action en cours, longue et lente : "hantant". Enfin, on relève des participes passés passifs : "dévoués". Les phrases sont longues et symbolisent l'enlisement dans lequel se trouve le langage poétique.
  • La deuxième partie du poème opère un changement radical. C'est le moment "après". Victor Hugo l'introduit par l'adverbe "alors". La situation d'énonciation se transforme. C'est la première personne du singulier qui domine. On relève de nombreux verbes d'action. Le temps utilisé est également celui de l'action, le passé simple : "vins", "fis", "mis". La ponctuation est très expressive, ce qui change le rythme qui devient plus saccadé.
B

Littérature et Histoire

Victor Hugo opère une analogie entre littérature et Histoire :

  • On relève le champ lexical de l'écriture et de la littérature : "mots", "lexique", "discours", "tropes", "alexandrins", "syllepses", "hypallage", "litote", "dictionnaire", "encrier", "prose", "farce", "genre".
  • On relève le champ lexical du discours : "crier", "dire", déclarer".
  • On relève plusieurs noms d'auteurs : "Aristote", "Vaugelas", "Molière", "Racine", "Corneille", "Voltaire".
  • On relève des noms de personnages : "Phèdre", "Jocaste", "Mérope".
  • Victor Hugo associe à la littérature le champ lexical de la Révolution française : "vent révolutionnaire", "bonnet rouge".
  • On retrouve la devise des Lumières : "égaux, libres, majeurs".
  • Victor Hugo mentionne d'anciens envahisseurs : "Huns" ,"Scythes", "Daces".
  • Il y a plusieurs références à l'Ancien Régime : "Versaille", "carrosses", "roi", "bas", "perruque".
  • On relève le champ lexical du social que Victor Hugo associe aux mots : "caste", "nobles", "gueux", "populace", "vilains", "bourgeois", "peuple", "galères", "bagne", "halle".

Ainsi, Victor Hugo associe la lutte pour une langue libre à la lutte pour l'égalité des hommes. Il souligne que la littérature doit être engagée politiquement et socialement. Il dit également que sa rébellion littéraire est historique et qu'elle va marquer l'Histoire.

C

Un poème vivant

Victor Hugo livre un poème vivant, marqué par les personnifications :

  • Les mots sont personnifiés, ils sont "bien nés" ou "mal nés".
  • Les mots ont des emplois ou caractéristiques humaines : "sénateur", "vilains", "rustres", "croquants", "bourgeois", "marauds", "roturier".
  • Les mots portent des vêtements : "bas" et "perruque" pour les mots nobles, "déchirés en haillons" pour les mots de basse condition.
  • Les mots "habitent" différents langages en fonction de leur "catégorie sociale". Ainsi, il y a ceux en "carrosses" et ceux qu'on trouve dans des "patois", des "galères".
  • L'Académie est comparée à une vieille femme : "aïeule douairière".
  • Le dictionnaire est associé à un vieil homme : "vieux".
  • Les alexandrins sont comparés à une armée : "bataillons".

Les nombreuses personnifications permettent d'enraciner l'analogie entre révolution humaine et révolution littéraire. La littérature devient humaine. On peut même noter que Victor Hugo transforme Aristote en objet en écrivant : "borne Aristote".

Le poème de Victor Hugo est avant tout un appel à la liberté poétique.

II

Un appel à la liberté poétique

A

Le rejet des règles et normes classiques

Victor Hugo rejette les règles classiques et refuse une langue normalisée et figée :

  • Il dénonce la division littéraire pensée par Aristote. On retrouve l'idée qu'il développe dans Poétique, associant la tragédie à un genre noble, avec des "vers" et des personnages haut placés comme "Phèdre", "Jocaste" ou "Mérope". La comédie, qui apparaît avec le mot "farce", est associée à tout ce qui est populaire : "prose", "genre bas", "argot", "patois". Victor Hugo s'oppose à cet état des choses.
  • Le poète associe les règles littéraires à l'immobilité et la vieillesse. Il associe l'Académie et le dictionnaire à des entités vieilles. Il montre que les Classiques ont peur du changement en se moquant des alexandrins qui "reculent".
  • Victor Hugo dévalorise les auteurs qui l'ont précédé. Il se moque de Racine, qu'il décrit comme prétentieux. Il se moque de Voltaire et Aristote. Le seul qu'il qualifie de "humble" et Corneille, car on trouve dans son théâtre des passages plus baroques et plus libres.
B

Un texte baroque

Le texte de Victor Hugo est baroque, ce qui signifie qu'il est dans l'exagération et le mélange des registres littéraires :

  • On trouve le registre pathétique qui fait naître la pitié : "mal nés", "galères", "déchirés", "dégradés", "flétris".
  • On trouve le registre polémique : verbe exprimant la véhémence "je m'écriai".
  • On trouve le registre épique, Victor Hugo multiplie les exagérations et utilise de nombreuses formules hyperboliques. Ainsi, il fait références aux anciens envahisseurs de la France comme les Huns. Il associe son combat avec la langue à des faits militaires, comparant les alexandrins à des "bataillons".
  • Victor Hugo se met en scène en libérateur du peuple et de la langue : "Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs".
  • On relève une accumulation : "vils, dégradés, flétris".
  • La ponctuation est expressive et souvent heurtée, ce qui crée un rythme nouveau et particulier. Les vers sont donc déstructurés.

Ce poème baroque est caractéristique d'une écriture romantique.

C

Un éloge de la liberté poétique

Victor Hugo lance un appel à la liberté poétique :

  • Il veut tout mélanger. On trouve l'antithèse "Et je mêlai, parmi les ombres débordées, / Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées". Pour le poète, "noir" et "blanc" doivent cohabiter.
  • L'idée de mouvement est très développée dans le poème. Victor Hugo s'associe à quelqu'un qui peut contrôler les éléments météorologiques. Il écrit ainsi : "je fis souffler un vent révolutionnaire", "je fis une tempête". Cette idée de chaos est ici synonyme de remise en cause de l'ordre.
  • Victor Hugo dénonce les normes et propose une poésie qui ne resterait pas dans une esthétique figée. On retrouve cette idée avec les expressions : "bondis hors du cercle", "brisai le compas".

Hugo en appelle à la liberté poétique. Il refuse de se conformer à des règles.

Le poème, en s'opposant à la norme et aux règles figées, propose une vision nouvelle de la poésie, en définissant des rôles pour le poète et le langage poétique.

III

Une réflexion sur la poésie

A

Les rôles du poète

Victor Hugo, en se mettant en scène dans le poème, définit les rôles du poète :

  • Le poète a une place centrale. Il est celui qui opère la rupture entre l'avant et l'après. Dans la deuxième partie du poème, la première personne du singulier est omniprésente. Le "je" est sans cesse répété.
  • Le poète est actif. Victor Hugo associe au "je" de nombreux verbes d'action au passé simple : "je vins", "je m'écriai", "je mis", "je fis". On note d'ailleurs une répétition du verbe "faire".
  • Le poète est un porte-parole. De nombreux verbes de parole lui sont associés : "je m'écriai", "je dis".
  • Le poète est un révolutionnaire. Il effraie en effet les "syllepses, hypallages, litote" qui "frémirent". Victor Hugo se présente comme un "brigand", qui ne suit pas les règles. Le champ lexical de la révolution lui est associé, c'est lui qui souffle "un vent révolutionnaire" et met "un bonnet rouge au dictionnaire". Victor Hugo parodie d'ailleurs Boileau en écrivant "Enfin Malherbe vint" en écrivant "alors, brigand, je vins". Boileau voyait en Malherbe le premier auteur classique. Hugo se voit comme le premier auteur à éclater les règles.
  • Le poète pose des questions. Il remet en cause. On relève : "Pourquoi" et "pourquoi pas", qui clôt le poème.
  • Le poète défend les opprimés. Il est celui qui dénonce les injustices sociales. Tout comme il s'oppose à la hiérarchisation des mots, il s'oppose à la hiérarchisation des hommes. Il veut renverser les institutions ("l'Académie") et donner aux opprimés une place première.
B

Les rôles du langage

Victor Hugo associe au poète un grand pouvoir, celui de faire bouger les choses, et notamment le langage poétique. Il livre alors sa vision sur la création poétique :

  • Le champ lexical de la création est associé à des termes liés au céleste : "vol", "essaim", "azur". Le poète est comme une divinité. Cette idée est soulignée par l'emploi de "pur" et "blanc", qui sont synonymes de pureté.
  • Pour Victor Hugo, le langage poétique ne doit pas servir à normer. Il faut que chaque chose puisse être appelée par son nom : "je nommai cochon par son nom". Il associe les "idées" aux "mots". Les idées sont associées à la blancheur, et les mots à la couleur noire. Il parle de mêler les idées au "peuple noir des mots". Le poète est celui qui trouve un langage qui permet de mettre en adéquation idées et mots. La langage poétique est donc un langage juste, précis. Il faut choisir les bons mots.

"Réponse à un acte d'accusation" est un poème qui permet à Victor Hugo de défendre ses idées poétiques. Il se fait le défenseur d'une langue libre et novatrice, en s'opposant aux règles classiques et aux normes littéraires qu'il estime restrictives. Il procède surtout à une série de correspondances entre les mots et la société. Le poète n'est pas seulement un créateur, un homme qui joue avec la langue. C'est également un citoyen engagé qui défend les "gueux" et appelle à l'égalité entre tous les hommes. En personnifiant des termes littéraires, Victor Hugo souligne que le poète est celui qui donne vie au langage, qui l'invente et le cherche. Les rôles du poète sont multiples, puisqu'il est à la fois engagé, révolutionnaire, porte-parole et créateur. Il est intéressant de noter que pour Victor Hugo la création poétique n'est pas détachée du monde et de ses réalités mais s'inscrit dans l'Histoire et peut même aider à libérer les opprimés.

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