Dans quelle mesure la gestion de l'eau peut-elle être une source de conflit à l'échelle internationale ?
Quelle proportion de l'humanité risque d'être en situation de stress hydrique en 2025 ?
Avec combien de pays l'Égypte doit-elle partager l'eau du Nil ?
Quel pays est à l'origine d'un grand projet d'aménagement hydraulique composé de 22 barrages sur le Tigre et l'Euphrate ?
Quels pays ont signé un accord concernant le fleuve Indus ?
Les perspectives en matière d'accès à l'eau douce ne sont pas réjouissantes puisque sa raréfaction semble inéluctable. Or, un pays qui manque d'eau est un pays qui ne peut ni nourrir sa population, ni se développer. D'ailleurs, la consommation en eau par habitant est désormais considérée comme un indicateur du développement économique d'un pays. La population mondiale devrait passer de 7 milliards d'individus en 2015, à 8 milliards en 2025. La quantité moyenne d'eau douce disponible par habitant et par an devrait donc chuter de 6600 à 4800 mètres cubes, une réduction de presque un tiers. Si, parallèlement, la tendance actuelle à l'augmentation des prélèvements en eau se poursuit, entre la moitié et les deux tiers de l'humanité devraient être en situation dite de stress hydrique en 2025 : c'est le seuil d'alerte retenu par l'Organisation des Nations unies (ONU) qui correspond à moins de 1700 mètres cubes d'eau douce disponible par habitant et par an. Le risque d'une pénurie d'eau douce existe donc bel et bien.
Avoir accès à l'eau est ainsi devenu un enjeu économique puissant à l'échelle planétaire qui pourrait devenir, dans le siècle à venir, l'une des premières causes de tensions internationales. Il est vrai que plus de 40% de la population mondiale est établie dans les 250 bassins fluviaux transfrontaliers du globe. Autrement dit, toutes ces populations se trouvent dans l'obligation de partager leurs ressources en eau avec les habitants d'un pays voisin. Or, une telle situation peut être à l'origine de conflits récurrents, notamment lorsqu'un cours d'eau traverse une frontière, car l'eau devient alors un véritable instrument de pouvoir aux mains du pays situé en amont. Qu'il soit puissant ou non, celui-ci a toujours théoriquement l'avantage, puisqu'il a la maîtrise du débit de l'eau. Aujourd'hui, les contentieux à propos de l'eau sont nombreux à travers le monde, notamment au Nord et au Sud de l'Afrique, au Proche-Orient, en Amérique centrale, au Canada et dans l'Ouest des États-Unis. Au Proche-Orient, par exemple, une dizaine de foyers de tensions existent. Ainsi l'Égypte, entièrement tributaire du Nil pour ses ressources en eau, doit néanmoins partager celles-ci avec dix autres États du bassin du Nil : notamment avec l'Éthiopie où le Nil bleu prend sa source, et avec le Soudan, où le fleuve serpente avant de déboucher sur le territoire égyptien. Quant à l'Irak et à la Syrie, ils sont tous deux à la merci de la Turquie, où les deux fleuves qui les alimentent, le Tigre et l'Euphrate, prennent leur source. L'eau de l'Euphrate a d'ailleurs souvent servi d'arme brandie par la Turquie contre ses deux voisins : grâce aux nombreux barrages qu'elle a érigés sur le cours supérieur du fleuve et qui lui permettent d'en réguler à sa guise le débit en aval, la Turquie possède là, en effet, un puissant moyen de pression.
2013 a été proclamée "Année internationale de la coopération dans le domaine de l'eau" par l'Assemblée générale des Nations unies en 2010. La Journée mondiale de l'eau, célébrée chaque année le 22 mars, se consacre également à ce thème. Contrairement aux idées reçues, les exemples réussis de coopération sont plus nombreux que les conflits liés à l'eau. Le traité sur l'eau de l'Indus signé par le Pakistan et l'Inde en 1960, a ainsi survécu à trois conflits importants et reste encore d'actualité. Le potentiel en matière de coopération est immense et ses bénéfices, qu'ils soient économiques, sociaux ou environnementaux sont considérables. La coopération dans le domaine de l'eau est cruciale, non seulement pour assurer une répartition équitable de cette ressource fondamentale, mais aussi pour favoriser des relations pacifiques au sein et entre différentes populations. Au niveau international, les différentes agences des Nations unies peuvent travailler ensemble pour promouvoir une gestion durable de l'eau à l'échelle de la planète. Il existe de nombreux cas où les eaux transfrontalières ont donné lieu à des accords de coopération. Près de 450 accords portant sur les eaux internationales ont été signés entre 1820 et 2007. Plus de 90 accords internationaux relatifs à l'eau ont été rédigés pour permettre une meilleure gestion des bassins versants sur le continent africain (PNUE, 2010). Cependant, 60% des 276 bassins fluviaux internationaux de la planète sont encore dépourvus de tous types de cadres de gestion coopérative.
- Les tensions autour de l'eau s'expliquent d'abord par sa raréfaction.
- Le partage de la ressource entre États peut-être source de conflits.
- La coopération internationale sous l'égide de l'ONU se développe pour partager cette ressource.