La réflexion sur la condition humaine dans le film Exercice fondamental

Pasolini développe une réflexion sur la condition humaine dans son film, qui tourne principalement autour de la liberté et de la solitude de l'Homme.

Comme Sophocle, Pasolini pose la question de la liberté de l'Homme face à son destin. Cette question s'illustre à travers la figure d'Œdipe. C'est un héros violent, qui s'emporte facilement et refuse d'écouter les autres. Il frappe le jeune homme qui l'accuse de tricher, il tue le Sphinx qui lui pose une question sur sa destinée, il s'emporte contre Tirésias, Créon, le berger, etc. Cette violence est une rébellion contre sa destinée, et une façon de souligner sa liberté. De même, il semble comprendre avant qu'on le lui révèle clairement que Jocaste est sa mère, puisqu'il l'appelle "mère" avant de l'embrasser. Cette scène permet de dire qu'Œdipe assume ici son crime, il agit selon son désir. Mais en même temps, Œdipe reste soumis à sa destinée. Pasolini le filme, errant, se cachant les yeux et tournant sur lui-même, prenant à chaque fois le chemin que le hasard lui indique. Malgré son caractère, Œdipe peut se montrer passif. À la fin du film, il accepte d'ailleurs sa destinée, avec une certaine résignation. L'Homme ne peut échapper à son destin.

Pasolini développe une autre idée liée à la condition humaine : celle de la solitude de l'Homme. Pour cela, il se penche sur la figure de l'artiste. Le héros de Pasolini devient en effet à la fin du film un musicien qui erre dans l'Italie moderne. Il semble rejeté par tous, les bourgeois dans le centre-ville, les ouvriers en banlieue industrielle. Il n'arrive pas à trouver sa place dans la société. De façon plus générale, on peut affirmer que Pasolini traite ici de la solitude de l'Homme, qui est toujours isolé, qui est toujours incompris. L'Homme existe dans un monde qui ne fait pas sens, et dont il n'a pas l'impression de faire partie. Il souffre de cette condition. Il a l'impression d'être inadapté.