Afrique, 2013, voie S
En vous inspirant du texte de Maupassant, imaginez le récit que Georges Duroy, rassuré par l'issue du duel, pourrait faire de cet épisode à l'une de ses conquêtes amoureuses.
Guy de Maupassant, Bel-Ami, première partie, chapitre VI
1885
Georges Duroy est un séducteur qui est depuis peu un journaliste travaillant au quotidien "La Vie française". Après quelques articles politiques, il est pris à parti par le chroniqueur d'un journal concurrent nommé Langremont. Après un échange de communiqués insultants, il ne reste qu'un recours : le duel.
Puis on l'amena jusqu'à une des cannes piquées en terre et on lui remit son pistolet.
Alors il aperçut un homme debout, en face de lui, tout près, un petit homme ventru, chauve, qui portait des lunettes. C'était son adversaire.
Il le vit très bien, mais il ne pensait à rien qu'à ceci : "Quand on commandera feu, j'élèverai le bras et je tirerai". Une voix résonna dans le grand silence de l'espace, une voix qui semblait venir de très loin, et elle demanda :
"Êtes-vous prêts, messieurs ?"
Georges cria :
"Oui."
Alors la même voix ordonna :
"Feu…"
Il n'écouta rien de plus, il ne s'aperçut de rien, il ne se rendit compte de rien, il sentit seulement qu'il levait le bras en appuyant de toute sa force sur la gâchette.
Et il n'entendit rien.
Mais il vit aussitôt un peu de fumée au bout du canon de son pistolet ; et comme l'homme en face de lui demeurait toujours debout, dans la même posture également, il aperçut aussi un autre nuage blanc qui s'envolait au-dessus de la tête de son adversaire.
Ils avaient tiré tous les deux. C'était fini.
Ses témoins et le médecin le touchaient, le palpaient, déboutonnaient ses vêtements en demandant avec anxiété :
"Vous n'êtes pas blessé ?" Il répondit au hasard : "Non, je ne crois pas."
Langremont d'ailleurs demeurait aussi intact que son ennemi, et Jacques Rival1 murmura d'un ton mécontent :
"Avec ce sacré pistolet, c'est toujours comme ça, on se rate ou on se tue. Quel sale instrument !"
Duroy ne bougeait pas, paralysé de surprise et de joie : "C'était fini !" Il fallut lui enlever son arme qu'il tenait toujours serrée dans sa main. Il lui semblait maintenant qu'il se serait battu contre l'univers entier. C'était fini. Quel bonheur ! il se sentait brave tout à coup à provoquer n'importe qui.
Tous les témoins causèrent quelques minutes, prenant rendez-vous dans le jour pour la rédaction du procès-verbal, puis on remonta dans la voiture ; et le cocher qui riait sur son siège repartit en faisant claquer son fouet.
Ils déjeunèrent tous les quatre sur le boulevard, en causant de l'événement. Duroy disait ses impressions.
"Ça ne m'a rien fait, absolument rien. Vous avez dû le voir du reste ?"
1Jacques Rival : chroniqueur à "La Vie française", fameux duelliste, il fournit armes et munitions à Duroy à l'occasion de ce duel.
Que doit-on trouver dans la réponse rédigée ?
Guy de Maupassant, Bel-Ami, première partie, chapitre VI
1885
Georges Duroy est un séducteur qui est depuis peu un journaliste travaillant au quotidien "La Vie française". Après quelques articles politiques, il est pris à parti par le chroniqueur d'un journal concurrent nommé Langremont. Après un échange de communiqués insultants, il ne reste qu'un recours : le duel.
Puis on l'amena jusqu'à une des cannes piquées en terre et on lui remit son pistolet.
Alors il aperçut un homme debout, en face de lui, tout près, un petit homme ventru, chauve, qui portait des lunettes. C'était son adversaire.
Il le vit très bien, mais il ne pensait à rien qu'à ceci : "Quand on commandera feu, j'élèverai le bras et je tirerai". Une voix résonna dans le grand silence de l'espace, une voix qui semblait venir de très loin, et elle demanda :
"Êtes-vous prêts, messieurs ?"
Georges cria :
"Oui."
Alors la même voix ordonna :
"Feu…"
Il n'écouta rien de plus, il ne s'aperçut de rien, il ne se rendit compte de rien, il sentit seulement qu'il levait le bras en appuyant de toute sa force sur la gâchette.
Et il n'entendit rien.
Mais il vit aussitôt un peu de fumée au bout du canon de son pistolet ; et comme l'homme en face de lui demeurait toujours debout, dans la même posture également, il aperçut aussi un autre nuage blanc qui s'envolait au-dessus de la tête de son adversaire.
Ils avaient tiré tous les deux. C'était fini.
Ses témoins et le médecin le touchaient, le palpaient, déboutonnaient ses vêtements en demandant avec anxiété :
"Vous n'êtes pas blessé ?" Il répondit au hasard : "Non, je ne crois pas."
Langremont d'ailleurs demeurait aussi intact que son ennemi, et Jacques Rival1 murmura d'un ton mécontent :
"Avec ce sacré pistolet, c'est toujours comme ça, on se rate ou on se tue. Quel sale instrument !"
Duroy ne bougeait pas, paralysé de surprise et de joie : "C'était fini !" Il fallut lui enlever son arme qu'il tenait toujours serrée dans sa main. Il lui semblait maintenant qu'il se serait battu contre l'univers entier. C'était fini. Quel bonheur ! il se sentait brave tout à coup à provoquer n'importe qui.
Tous les témoins causèrent quelques minutes, prenant rendez-vous dans le jour pour la rédaction du procès-verbal, puis on remonta dans la voiture ; et le cocher qui riait sur son siège repartit en faisant claquer son fouet.
Ils déjeunèrent tous les quatre sur le boulevard, en causant de l'événement. Duroy disait ses impressions.
"Ça ne m'a rien fait, absolument rien. Vous avez dû le voir du reste ?"
1Jacques Rival : chroniqueur à "La Vie française", fameux duelliste, il fournit armes et munitions à Duroy à l'occasion de ce duel.
À quel mouvement littéraire appartient Maupassant ?
À quel temps le texte doit-il être écrit ?
Que doit essayer de faire Duroy dans ce récit ?
Guy de Maupassant, Bel-Ami, première partie, chapitre VI
1885
Georges Duroy est un séducteur qui est depuis peu un journaliste travaillant au quotidien "La Vie française". Après quelques articles politiques, il est pris à parti par le chroniqueur d'un journal concurrent nommé Langremont. Après un échange de communiqués insultants, il ne reste qu'un recours : le duel.
Puis on l'amena jusqu'à une des cannes piquées en terre et on lui remit son pistolet.
Alors il aperçut un homme debout, en face de lui, tout près, un petit homme ventru, chauve, qui portait des lunettes. C'était son adversaire.
Il le vit très bien, mais il ne pensait à rien qu'à ceci : "Quand on commandera feu, j'élèverai le bras et je tirerai". Une voix résonna dans le grand silence de l'espace, une voix qui semblait venir de très loin, et elle demanda :
"Êtes-vous prêts, messieurs ?"
Georges cria :
"Oui."
Alors la même voix ordonna :
"Feu…"
Il n'écouta rien de plus, il ne s'aperçut de rien, il ne se rendit compte de rien, il sentit seulement qu'il levait le bras en appuyant de toute sa force sur la gâchette.
Et il n'entendit rien.
Mais il vit aussitôt un peu de fumée au bout du canon de son pistolet ; et comme l'homme en face de lui demeurait toujours debout, dans la même posture également, il aperçut aussi un autre nuage blanc qui s'envolait au-dessus de la tête de son adversaire.
Ils avaient tiré tous les deux. C'était fini.
Ses témoins et le médecin le touchaient, le palpaient, déboutonnaient ses vêtements en demandant avec anxiété :
"Vous n'êtes pas blessé ?" Il répondit au hasard : "Non, je ne crois pas."
Langremont d'ailleurs demeurait aussi intact que son ennemi, et Jacques Rival1 murmura d'un ton mécontent :
"Avec ce sacré pistolet, c'est toujours comme ça, on se rate ou on se tue. Quel sale instrument !"
Duroy ne bougeait pas, paralysé de surprise et de joie : "C'était fini !" Il fallut lui enlever son arme qu'il tenait toujours serrée dans sa main. Il lui semblait maintenant qu'il se serait battu contre l'univers entier. C'était fini. Quel bonheur ! il se sentait brave tout à coup à provoquer n'importe qui.
Tous les témoins causèrent quelques minutes, prenant rendez-vous dans le jour pour la rédaction du procès-verbal, puis on remonta dans la voiture ; et le cocher qui riait sur son siège repartit en faisant claquer son fouet.
Ils déjeunèrent tous les quatre sur le boulevard, en causant de l'événement. Duroy disait ses impressions.
"Ça ne m'a rien fait, absolument rien. Vous avez dû le voir du reste ?"
1Jacques Rival : chroniqueur à la "Vie française", fameux duelliste, il fournit armes et munitions à Duroy à l'occasion de ce duel.
Quel extrait vous semble respecter la consigne ?
Guy de Maupassant, Bel-Ami, première partie, chapitre VI
1885
Georges Duroy est un séducteur qui est depuis peu un journaliste travaillant au quotidien "La Vie française". Après quelques articles politiques, il est pris à parti par le chroniqueur d'un journal concurrent nommé Langremont. Après un échange de communiqués insultants, il ne reste qu'un recours : le duel.
Puis on l'amena jusqu'à une des cannes piquées en terre et on lui remit son pistolet.
Alors il aperçut un homme debout, en face de lui, tout près, un petit homme ventru, chauve, qui portait des lunettes. C'était son adversaire.
Il le vit très bien, mais il ne pensait à rien qu'à ceci : "Quand on commandera feu, j'élèverai le bras et je tirerai". Une voix résonna dans le grand silence de l'espace, une voix qui semblait venir de très loin, et elle demanda :
"Êtes-vous prêts, messieurs ?"
Georges cria :
"Oui."
Alors la même voix ordonna :
"Feu…"
Il n'écouta rien de plus, il ne s'aperçut de rien, il ne se rendit compte de rien, il sentit seulement qu'il levait le bras en appuyant de toute sa force sur la gâchette.
Et il n'entendit rien.
Mais il vit aussitôt un peu de fumée au bout du canon de son pistolet ; et comme l'homme en face de lui demeurait toujours debout, dans la même posture également, il aperçut aussi un autre nuage blanc qui s'envolait au-dessus de la tête de son adversaire.
Ils avaient tiré tous les deux. C'était fini.
Ses témoins et le médecin le touchaient, le palpaient, déboutonnaient ses vêtements en demandant avec anxiété :
"Vous n'êtes pas blessé ?" Il répondit au hasard : "Non, je ne crois pas."
Langremont d'ailleurs demeurait aussi intact que son ennemi, et Jacques Rival1 murmura d'un ton mécontent :
"Avec ce sacré pistolet, c'est toujours comme ça, on se rate ou on se tue. Quel sale instrument !"
Duroy ne bougeait pas, paralysé de surprise et de joie : "C'était fini !" Il fallut lui enlever son arme qu'il tenait toujours serrée dans sa main. Il lui semblait maintenant qu'il se serait battu contre l'univers entier. C'était fini. Quel bonheur ! il se sentait brave tout à coup à provoquer n'importe qui.
Tous les témoins causèrent quelques minutes, prenant rendez-vous dans le jour pour la rédaction du procès-verbal, puis on remonta dans la voiture ; et le cocher qui riait sur son siège repartit en faisant claquer son fouet.
Ils déjeunèrent tous les quatre sur le boulevard, en causant de l'événement. Duroy disait ses impressions.
"Ça ne m'a rien fait, absolument rien. Vous avez dû le voir du reste ?"
1Jacques Rival : chroniqueur à "La Vie française", fameux duelliste, il fournit armes et munitions à Duroy à l'occasion de ce duel.
- Il faut s'inspirer du texte de Maupassant, on attend donc de l'élève qu'il s'approche le plus possible du style de l'auteur.
- Maupassant s'inscrit dans le mouvement réaliste. Ce texte en est un bon exemple. Il faut donc respecter les règles de ce genre.
- On attend que Duroy raconte le récit, il va donc devenir le narrateur de l'histoire. Récit à la première personne.
- Il s'agit d'une réécriture du texte, à la première personne, avec déformation de ce qui s'est passé à l'avantage de Duroy.
- À la fin du texte de Maupassant, Duroy est rassuré, il est confiant, prêt à se battre contre tous. Maupassant est ici ironique. Il convient de faire sentir cela dans le discours de Duroy. Il va évidemment se valoriser, mais l'ironie doit pointer.
- Le récit que Duroy va faire à une conquête amoureuse sera forcément idéalisé. Duroy va se peindre comme un héros. Pourtant, ce n'est pas le cas. Le texte doit pouvoir rendre compte de cette situation, Duroy va exagérer mais le lecteur doit comprendre qu'il exagère.
- Duroy parle à une conquête amoureuse. Il faut donc qu'il tente de la séduire avec ce récit.
- Le registre utilisé sera épique (pour exagérer sa bravoure). Il convient d'utiliser des hyperboles et le champ lexical du duel mais aussi du courage.
- Le niveau de langue doit être soutenu.
- Le récit est narré au passé, puisque Duroy raconte un événement passé.
- On ne demande pas d'intervention de la conquête amoureuse. Néanmoins, il faut des marques d'énonciation dans le récit qui montrent qu'il s'adresse à elle.
Ah ma chère, si vous saviez quelle drôle d'expérience ce fut ! Langremont m'avait insulté, il fallait donc que je me défende. Nous décidâmes d'un duel au pistolet, ce qui m'allait fort bien car je manie cette arme à la perfection. Tout le jour précédant notre rencontre, on m'a rapporté que Langremont tremblait de peur ! Vous pensez bien que notre duel ne me traversait même pas l'esprit, assuré que j'étais de ma victoire. Lorsque j'arrivai sur le lieu où nous avions convenu de nous affronter, on me remit mon pistolet. En face de moi se tenait Langremont. Ma mie, il tremblait comme une feuille ! Je dois dire qu'il avait fort piteuse mine. Je plaisantais évidemment sur l'affaire, tout ceci n'était rien pour moi. Jusqu'au moment où une voix demanda si nous étions prêts, je riais ! Ensuite, cela fut plus sérieux. On nous demanda si nous étions prêts. D'une voix assurée, je criai : "Oui!" Lorsqu'on cria "feu!", Langremont, tremblant, leva le bras. Pour ma part, je me sentais prêt à affronter mille hommes ! Mais ma chère, si vous aviez vu le pauvre adversaire que j'avais devant moi ! Assurément, je ne pouvais pas me battre sérieusement contre lui, cela n'aurait pas été digne d'un gentilhomme ! Il était si pâle ! Je vous assure qu'il agissait en automate, comme s'il ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui. Je décidai donc d'être clément. Je levai le pistolet vers lui et pressai la gâchette, mais je m'arrangeai pour viser juste à côté de lui. Lui-même réussi, je ne sais trop comment vu son état, à tirer une balle. Le pauvre homme, évidemment, ne m'avait pas touché, et il semblait tout étonné de la fumée qui sortait de son pistolet ! On se précipita sur nous pour savoir si nous étions blessés. Je fis un geste aux médecins pour faire savoir que je n'avais rien, alors que Langremont observait chaque partie de son corps, comme surpris d'être encore vivant ! Du reste, vous comprendrez bien ma tendre amie qu'il n'avait rien, pas même une égratignure ! D'ailleurs, Jacques Rival fut obligé de lui enlever le pistolet qu'il tenait serré dans sa paume, sans même s'en rendre compte ! Beau joueur, j'allai lui serrer la main et lui tapai sur le dos. Nous allâmes ensuite déjeuner, et je n'avouai à personne ce que j'avais fait pour le pauvre homme. Vous imaginez bien que je voulais préserver son honneur ! Je vous le dis à vous, pour que vous compreniez que je ne suis pas méchant homme, et que je n'imagine guère profiter de la faiblesse des autres, ma très chère demoiselle.