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Les Etats-Unis et le Monde depuis 1918 Etude de documents type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 07/08/2019 - Conforme au programme 2019-2020

Polynésie, 2015, voie ES

En quoi le document proposé permet-il de comprendre le rapport des États-Unis au monde à l'issue de la Première Guerre mondiale ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

Quand les États-Unis entrent-ils en guerre ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

Qu'est-ce que la doctrine Monroe ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

Quand la doctrine Monroe a-t-elle été formulée ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

Quels éléments caractérisent le contexte dans lequel ce document est rédigé ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

Quel est le principe défendu par Wilson dans les articles 9, 10 et 13 ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

Quel est le "point" qui évoque la création d'une institution chargée d'assurer la sécurité collective ?

Les "quatorze points" du président Wilson

Woodrow Wilson, Message au Congrès des États-Unis, (extrait), 8 janvier 1918

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. […]

Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité, […] un lieu pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]

C'est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour […].

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations […].

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Arrangement librement débattu de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que […] les intérêts des populations en jeu pèseront d'un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

8. Le territoire français tout entier devra être libéré […].

9. Une rectification des frontières italiennes devra être opérée, conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités.

10. Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. […]

13. Un État polonais indépendant devra être créé, qui comprendra les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devra assurer un libre accès à la mer.

14. Il faut qu'une association générale des nations soit constituée […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États.

"Nous sommes heureux de combattre […] pour la paix définitive dans le monde, pour la libération de tous les peuples […] et pour le droit de tous les hommes à choisir les conditions de leur existence". C'est par ces mots prononcés devant le Congrès des États-Unis que le président Woodrow Wilson annonce l'entrée en guerre du pays le 2 avril 1917. En quelques phrases, il résume les objectifs de guerre qu'il assigne aux troupes américaines. Il montre par là même que Washington s'estime désormais en droit et en capacité d'intervenir dans les affaires du monde, y compris de l'Europe.
L'interventionnisme du président Wilson s'incarne de manière plus appuyée encore le 8 janvier 1918, lors d'un discours adressé devant le Congrès qui est resté dans l'Histoire comme les "quatorze points" et dont un extrait nous est ici proposé. Alors que les États-Unis sont opérationnels en Europe depuis quelques mois et que l'équilibre des forces est en train de basculer en faveur des Alliés, Wilson présente les objectifs que son pays entend poursuivre dans les négociations qui suivront l'arrêt des combats. Ce discours, devenu emblématique de l'intervention américaine dans les affaires du monde, permet de s'interroger sur la place que le pays de l'Oncle Sam souhaite occuper dans le paysage géopolitique d'un XXe siècle que les historiens ont pour coutume de faire débuter en 1919.
Après avoir envisagé les principes généraux qui doivent régir l'organisation du monde de l'après-guerre selon Wilson, nous considérerons les propositions concrètes mais contrariées que le président américain formule dans le but de rétablir et d'assurer la paix en Europe et dans le monde.

I

Le monde idéal du président Wilson : un monde pacifié et libre

On pourrait résumer le programme du président Wilson à ces quelques mots : "ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre en sécurité". Cette soif de paix et de sécurité, qui apparaît souvent au soir des grandes guerres, a pu être taxée d'"idéalisme" par ceux qui se jugeaient eux-mêmes "réalistes" quand ils n'étaient pas cyniques. Quoi qu'il en soit, Wilson entend établir un "programme de paix dans le monde". La formulation même de ce programme prouve à elle seule que les États-Unis entendent s'investir dans l'élaboration et la mise en œuvre de ce programme, ce qui n'est pas sans trancher avec la position officielle de Washington qui, depuis son indépendance, et surtout depuis l'établissement de la doctrine Monroe en 1823, a toujours refusé l'interventionnisme, à tout le moins en dehors de sa zone d'influence "naturelle". L'implication des États-Unis dans le monde doit répondre à un certain nombre de principes que Wilson expose ici et qu'il entend faire appliquer à l'occasion des négociations de paix qui ne manqueront pas de s'ouvrir. Ce monde devra être démilitarisé, libre et respectueux des autres et du droit.

Ainsi, dans le monde rêvé du président Wilson, il y aurait le respect de l'intégrité des nations : le président américain appelle de ses vœux un monde où toutes les nations puissent "vivre [leur] propre vie en toute liberté, décider de [leurs] propres institutions, et être assurée[s] que les autres nations [les] traitent en toute justice et loyauté". C'est ici le principe de l'égalité des nations qui est mis en avant : il ne saurait y avoir de grande et de petite nation ; la superficie, le nombre d'habitants ou la puissance technique et industrielle ne justifieraient en rien la domination d'une nation sur une autre. L'impérialisme caractéristique des nations européennes et notamment la question coloniale sont sous-jacents dans cette affirmation. Pour Wilson, l'après-guerre devra marquer une étape vers la prise en compte des "intérêts des populations" colonisées qui devront peser "d'un même poids" que celle des autorités de tutelle.

Ces nations dont l'égalité est ici affirmée, devront respecter des règles. En effet, pour Wilson, l'établissement et le maintien de la "paix dans le monde" passent par le primat du droit sur la force. Cela passe également par une réduction des "armements de chaque pays", réduction qui soit néanmoins "compatible avec la sécurité intérieure". En d'autres termes, il ne s'agit pas de prôner une démilitarisation et un désarmement généralisé et complet mais plutôt d'éviter toute course aux armements dont l'aboutissement est toujours et nécessairement le conflit. En ce sens, le passé récent plaide pour Wilson : c'est parce les puissances européennes se sont lourdement armées depuis le début du siècle que la guerre de 1914 - 1918 a pu être déclenchée et prendre de telles proportions.

Cette paix, pour Wilson, sera par ailleurs permise par une modification sensible des pratiques diplomatiques : il récuse le bien-fondé de la diplomatie secrète et plaide au contraire pour des "conventions de paix, préparées au grand jour". Concrètement, il pense que la paix devra être publiquement négociée afin qu'il n'y ait aucun soupçon sur l'application des traités et sur leur finalité. C'est dans cet esprit qu'il prône l'organisation de la conférence de la paix qui sera organisée à Paris de janvier à juin 1919. Cette promotion de ce qu'on appellerait aujourd'hui la transparence implique bien sûr que les traités d'alliance militaire soient sinon tout à fait bannis, du moins rendus publics. Wilson, ici, pointe indirectement la responsabilité des traités militaires dans le déclenchement et la généralisation du conflit. En effet, passés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle entre les puissances européennes, les traités établissant la Triple-Alliance et la Triple-Entente ont créé les conditions d'un engagement militaire automatique dont les conséquences furent pour le moins tragiques.

Enfin, la paix mondiale sera établie grâce à la promotion du libre-échange : pour Wilson, il faut "[supprimer] toutes les barrières économiques et [établir des] conditions commerciales égales pour toutes les nations" et assurer une "liberté absolue de la navigation sur mer". C'est en rendant les nations interdépendantes d'un point de vue économique et en luttant contre le protectionnisme, considéré comme le précurseur de la guerre, que la prospérité et la paix s'installeront durablement. Il est certain que la concurrence économique à laquelle se sont livrées les puissances européennes a accru les tensions et fini par amener la guerre.

Pour Wilson, la paix "perpétuelle" et générale est évidemment un idéal difficile et il n'est pas la dupe de son propre rêve comme l'en accuseront certains. Mais, si guerre il doit y avoir, elle doit répondre à des conditions. Elle ne peut être que juste, c'est-à-dire justifiée par la défense du "droit des gens" et par une sorte de légitime défense. Il ne dit pas autre chose au début de l'extrait lorsqu'il explique que les États-Unis sont "entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui [les] touchaient au vif, et qui rendaient la vie de [leur] peuple impossible". Quand il y va de la sûreté de l'État et de ses citoyens, alors la guerre devient légitime. On peut préciser ici que ces "violations" font référence à la "guerre sous-marine à outrance" que les Allemands ont déclarée en janvier 1917 et qui met en péril le commerce américain. Outre la liberté de commercer, la liberté de circuler est remise en cause par le conflit comme en témoigne le torpillage du Lusitania en mai 1915 qui a coûté la vie à 200 civils américains et a choqué l'opinion publique, au point de la conduire, progressivement, à soutenir l'entrée en guerre contre l'Allemagne.

Après avoir livré au monde la vision qu'il en avait, Wilson propose un règlement concret du conflit dont les modalités devront répondre à ces grands principes.

II

Wilson et le règlement contrarié de la Première Guerre mondiale

Wilson propose des pistes pour liquider l'héritage de la guerre et construire une paix juste et durable ; il sous-entend, par ces propositions, que les États-Unis joueront un rôle de premier plan dans les négociations. On peut d'ailleurs d'emblée noter que le président américain passera près de six mois à Paris, entre janvier et juin 1919 afin de participer à la conférence de la paix, ce qui, en soi, témoigne de la volonté de Wilson de peser sur les négociations.

Le premier élément évoqué par Wilson et la libération du "territoire français tout entier". En effet, sur le front occidental, les combats se sont concentrés sur la frontière franco-allemande et une partie du territoire de l'Est et du Nord de la France a été occupée. La paix devra rétablir la France dans ses possessions, y compris l'Alsace et la Moselle qui avaient été annexées à l'issue de la guerre franco-prussienne de 1870. C'est une manière de refuser le droit du plus fort ; la conquête territoriale ne saurait être un objectif de guerre légitime pour Wilson. Par ailleurs, cette libération du territoire français vise à assurer le respect du "principe des nationalités" évoqué dans le neuvième point. Les Français doivent vivre en France de la même manière que les Italiens doivent vivre en Italie et les Polonais en Pologne. Les nations, pour Wilson doivent être libres de choisir leur mode d'existence, ce qui explique qu'il prône le démantèlement de l'Empire d'Autriche-Hongrie en assurant à ses "peuples […] la possibilité d'un développement autonome". Il en ira de même de l'Empire ottoman qui est promis à la dislocation. Wilson entérine donc la fin des empires multinationaux et le triomphe - théorique - des États-nations au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Enfin, le président américain entend soutenir la création d'"une association générale des nations […] ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États". Cette organisation internationale voulue par Wilson répond au souhait de voir les nations traitées à égalité et respectées ; elle devra également être une instance de dialogue et de règlement des différends de quelque nature qu'ils soient. Cette association des nations est une pierre apportée à l'édifice de la sécurité collective et de la pacification du monde.

Ce bel agencement wilsonien est cependant mis à l'épreuve de la réalité au cours de la conférence de la paix à laquelle il participe. En effet, l'Italie ne recouvre pas tous les territoires italiens qu'elle escomptait, ce qui laisse pendante la question des "terres irrédentes" et qui alimentera le thème de la "victoire mutilée" dont les fascistes de Mussolini n'hésiteront pas à faire leur fond de commerce. La Pologne et la Tchécoslovaquie sont créées ou recréées par les vainqueurs mais une partie de leurs territoires est peuplée d'Allemands que les nazis, au nom d'un pangermanisme exacerbé, auront tôt fait de réclamer au nom du principe des nationalités cher à Wilson. Par ailleurs, si le Congrès de Versailles crée la Société des Nations (SDN) en se conformant aux souhaits de Wilson, cette "association générale des nations" ne sera dotée que de bien faibles pouvoirs et son inefficacité à régler les différends sera rapidement dénoncée. La question du désarmement est également posée à Versailles. L'Allemagne voit certes son armée réduite à la portion congrue, mais les vainqueurs, et notamment la France, entendent bien se réserver le droit d'entretenir des forces armées suffisantes pour garantir la paix. En d'autres termes, la paix de Versailles est une paix des vainqueurs qui fait fi du beau principe wilsonien de l'égalité des nations et qui impose le droit du plus fort, sans pour autant donner aux instances censées garantir la paix les moyens suffisants.

L'échec de Wilson se manifeste surtout aux États-Unis mêmes. Dès 1919, le Parti républicain remporte les élections législatives et remet en cause l'interventionnisme wilsonien. Les États-Unis ont été contraints d'entrer en guerre mais ils n'entendent pas s'investir dans les affaires du monde ; ils renoncent - provisoirement et incomplètement - au leadership que l'effondrement européen leur offre sur un plateau. La conséquence première de ce désengagement et de ce retour à l'isolationnisme est le refus du traité de Versailles qui n'est pas ratifié par le Congrès américain en 1920. En conséquence, les États-Unis ne le garantiront pas et le priveront donc d'une bonne partie de sa force ; surtout, ils laissent les frères ennemis européens dans un face-à-face mortifère. En effet, la France voit son pressentiment confirmé : elle sera seule, pense-t-elle, à défendre l'ordre de Versailles face aux revendications et provocations allemandes qu'elle subodore inévitables. Son intransigeance vis-à-vis de l'Allemagne s'explique donc en partie par son isolement et le sentiment qu'elle a été lâchée par les Anglo-saxons. Enfin, le désengagement américain est fatal à la SDN qui ne pourra donc pas compter sur la puissance américaine.

Les "quatorze points" de Wilson et leur destin révèlent les atermoiements de la puissance américaine au seuil du XXe siècle ; devenue de fait la première puissance industrielle dès la fin du XIXe siècle. Les États-Unis ont joué un rôle central dans le dénouement de la Première Guerre mondiale, en contravention complète avec leur doctrine isolationniste traditionnelle. En ce sens, ils ont acquis le statut de puissance au plein sens du terme. Wilson se voit donc investi de la mission de présenter sa vision du monde et de proposer des solutions pour régler le conflit qui a rebattu les cartes de la géopolitique mondiale.

Cependant, le peuple américain en décide autrement en renvoyant les démocrates dans l'opposition et en imposant un retour à l'isolationnisme : les Américains se détournent du leadership mondial. Pour autant, cette posture s'avère intenable eu égard aux liens économiques et financiers tissés avec le Vieux Continent ; le règlement des dettes force donc Washington à revenir dans le jeu dès 1924. Quoi qu'il en soit et qu'ils le veuillent ou non, les États-Unis sont devenus une grande puissance comme le confirmera avec éclat la Seconde Guerre mondiale.

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