On donne un extrait de l'article "Le Siècle de la peur" d'Albert Camus.
Le XVIIe siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIe celui des sciences physiques, et le XIXe celui de la biologie. Notre XXe siècle est le siècle de la peur. On me dira que ce n'est pas là une science. Mais d'abord la science y est pour quelque chose, puisque ses derniers progrès théoriques l'ont amenée à se nier elle-même et puisque ses perfectionnements techniques menacent la terre entière de destruction. De plus, si la peur en elle-même ne peut être considérée comme une science, il n'y a pas de doute qu'elle soit cependant une technique.
Ce qui frappe le plus, en effet, dans le monde où nous vivons, c'est d'abord, et en général, que la plupart des hommes (sauf les croyants de toutes espèces) sont privés d'avenir. Il n'y a pas de vie valable sans projection sur l'avenir, sans promesse de mûrissement et de progrès. Vivre contre un mur, c'est la vie des chiens. Eh bien ! Les hommes de ma génération et de celle qui entre aujourd'hui dans les ateliers et les facultés ont vécu et vivent de plus en plus comme des chiens.
Qui est le locuteur du texte ?
- Le locuteur est l'auteur lui-même, celui qui rédige l'article en son nom.
 - Il s'exprime à la première personne du singulier "je", il assume donc l'acte d'énonciation. Cette première personne n'apparaît cependant pas en tant que sujet mais dans les possessifs "ma" et "notre". Il s'efface en tant que sujet pour assumer son statut de témoin objectif.
 
Le locuteur est l'auteur, Albert Camus.
Qui est le destinataire ?
- Le destinataire est le lecteur de l'article.
 - Celui-ci est le contemporain de Camus, un lecteur du XXe englobé dans le possessif "notre XXe".
 
Le destinataire est le lecteur contemporain de Camus.