On donne le texte suivant extrait des Caractères de Jean de La Bruyère :
Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il la referme ; il s'aperçoit qu'il est en bonnet de nuit ; et venant à mieux s'examiner, il se trouve rasé à moitié, il voit que son épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons, et que sa chemise est par-dessus ses chausses. Il cherche, il brouille, il crie, il s'échauffe, il appelle ses valets l'un après l'autre, on lui perd tout, on lui égare tout ; il demande ses gants qu'il a dans ses mains ; semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque, lorsqu'elle l'avait sur son visage. Il entre dans l'appartement, et passe sous un lustre où sa perruque s'accroche et demeure suspendue, tous les Courtisans regardent et rient ; Ménalque regarde aussi, et rit plus haut que les autres, il cherche des yeux dans toute l'assemblée où est celui qui montre ses oreilles, et à qui il manque une perruque. S'il va par la ville, après avoir fait quelque chemin, il se croit égaré, il s'émeut, et il demande où il est à des passants, qui lui disent précisément le nom de sa rue ; il entre ensuite dans sa maison, d'où il sort précipitamment, croyant qu'il s'est trompé.
Quels sont les procédés d'écriture qui soulignent les défauts ou les qualités du personnage ?
- L'auteur utilise de nombreuses accumulations pour montrer que les attitudes ridicules de Ménalque sont nombreuses : il souligne ainsi son vice, celui de l'étourderie.
- Ces énumérations et l'utilisation du présent de narration donnent du rythme au récit et l'impression au lecteur d'assister à des petites saynètes : l'auteur crée ainsi un type comique de personnage distrait.
- L'énonciation du texte oppose le "il" qui désigne Ménalque et le pronom indéfini "on" pour montrer la paranoïa de Ménalque : "on lui perd tout, on lui égare tout".
Les accumulations et le rythme du récit permettent de souligner le ridicule du distrait Ménalque.
Que est le type de portrait du texte ?
- Le portrait dressé n'est pas louangeur puisqu'il s'agit pour La Bruyère de figurer le ridicule de la personne distraite.
- Pour autant, l'auteur ne blâme pas le personnage puisqu'il ne lui reproche pas directement d'être ce qu'il est.
- Il se moque davantage de l'attitude burlesque de Ménalque qui est l'archétype de l'étourdi.
Il s'agit d'une caricature.