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L'inégale intégration des territoires dans la mondialisation Composition type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 07/04/2020 - Conforme au programme 2019-2020

Antilles-Guyane, 2015, voie S

Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation.

Quel plan aurait pu permettre de traiter le sujet ?

Comment appelle-t-on l'ensemble des centres d'impulsion historiques de la mondialisation ?

Que signifie PMA ?

Qui est l'inventeur du concept de "Global city" ?

Qu'est-ce que l'AMM ?

Quels sont les deux phénomènes qui marquent les dynamiques démographiques mondiales ?

En juillet 2016, le quotidien Le Monde publiait une tribune de Branko Milanovic, dans laquelle cet ancien économiste à la Banque mondiale rappelait qu'"entre 1988 et 2008, la mondialisation a profité aux Asiatiques les plus pauvres et aux Occidentaux les plus riches". S'il y a bien des gagnants de la mondialisation, il y a aussi des perdants. Cette différenciation socio-économique des bienfaits de la globalisation se retrouve naturellement à l'échelle des territoires en fonction de leur intégration plus ou moins grande au processus de mondialisation.
On distingue ainsi généralement des centres d'impulsion, des périphéries intégrées, des territoires marginalisés. En d'autres termes, la mondialisation, dont on peut rappeler ici qu'elle est avant tout un processus visant à mettre en réseau les territoires de la planète, hiérarchise ces derniers aussi bien que les individus qui les habitent. Si la mondialisation connecte, relie, intègre, elle n'en segmente pas moins. Elle discrimine plus qu'elle n'égalise et ce à toutes les échelles d'analyse.
Dès lors, on peut être amené à s'interroger sur ces inégalités : dans quelle mesure les territoires sont-ils inégalement intégrés à ce processus de mondialisation ? Après avoir envisagé les facteurs d'intégration, nous aborderons les territoires les mieux intégrés au processus de mondialisation avant d'en étudier ses "angles morts".

I

Une mondialisation sélective : les facteurs d'intégration et de sélection

A

Mondialisation et accessibilité

La mondialisation, on l'a rappelé, est un phénomène géo-historique qui vise à mettre les territoires en réseaux, à les connecter les uns aux autres. En conséquence, les échanges sont au cœur du processus comme en témoigne d'ailleurs l'explosion du commerce international. Dès lors, l'accessibilité des territoires apparaît comme un facteur clef de leur intégration à la mondialisation. On comprend donc que la présence de hubs aéroportuaires favorise les territoires qui en sont dotés. De même, les façades maritimes sont des territoires particulièrement intégrés : eu égard à la place du transport maritime dans la mondialisation, on peut considérer que mondialisation rime avec littoralisation. Les grandes routes maritimes qui structurent la planète forment un réseau structuré par les pôles que sont les grands ports de commerce, eux-mêmes intégrés à des façades maritimes. Parmi celles-ci, on peut d'ores et déjà citer la Northern Range en Europe du Nord, la façade maritime asiatique autour de Shanghai ou la façade nord-américaine autour de New York. Il est certain que l'hinterland de ces façades maritimes bénéficie de leur ouverture. Les infrastructures de transport comme les routes, les autoroutes et les voies navigables (fleuves et canaux) favorisent largement l'intégration des arrière-pays.

L'accessibilité, c'est aussi, d'une certaine manière, la connectivité. À l'heure des NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication), la mondialisation passe aussi par les câbles. Les territoires connectés au web à haut débit ou à très haut débit sont naturellement favorisés et mieux intégrés au processus de mondialisation que les autres. On peut ici rappeler que les flux immatériels d'informations sont un excellent indicateur de l'intégration. Ce sont ainsi des milliards de données qui traversent chaque jour l'Atlantique et le Pacifique, entre la dorsale européenne, la mégalopolis américaine et la mégalopole japonaise qui forment ce que le géographe française Olivier Dolfuss a appelé l'Archipel mégalopolitain mondial (AMM).

On peut donc considérer que la localisation et la situation géographiques sont des facteurs importants de l'intégration mais qu'elles doivent être mises en valeur par des aménagements de qualité. À l'heure de l'économie virtuelle et de la financiarisation, cette contrainte peut cependant être dépassée : l'Internet libère les hommes des contraintes spatiales.

B

Les avantages comparatifs au cœur des logiques de la mondialisation

La mondialisation se nourrit des inégalités qui marquent la planète. Ces inégalités justifient à elles seules que les territoires soient mis en réseau et échangent les uns avec les autres afin de valoriser ce que les économistes appellent les avantages comparatifs. Cette théorie des avantages comparatifs a été élaborée au tournant des XVIIIe et XIXe siècles par les pères du libéralisme que sont Adam Smith et David Ricardo. Pour eux, la prospérité des territoires et des hommes qui les habitent - "la richesse des nations", pour reprendre l'expression de Smith - repose sur l'échange et sur la mise en valeur des avantages propres à chaque territoire. Cette théorie est la matrice de la NDIT (Nouvelle division internationale du travail) qui est au cœur de la mondialisation.

Ainsi, les pays en voie de développement dotés d'une population nombreuse et peu qualifiée sont naturellement amenés à développer des secteurs économiques nécessitant une forte main-d'œuvre spécialisée alors que les nations riches et développées jouissant d'une main-d'œuvre moins nombreuse mais plus qualifiée auront à se concentrer sur la recherche et le développement. Concrètement, la Chine et, plus généralement, les pays d'Asie qui ont connu la transition démographique au cours de la seconde moitié du XXe siècle, ont tout intérêt à se spécialiser dans la production de biens manufacturés conçus et développés aux États-Unis ou en Europe, territoires qui doivent renoncer à produire car le prix de revient y est trop élevé eu égard aux standards du droit du travail et au coût de la vie. L'iPhone, le smartphone symbole de la mondialisation du processus de production, est ainsi conçu dans la Silicon Valley de Californie par les ingénieurs d'Apple mais fabriqué et assemblé en Chine.

Enfin, les avantages comparatifs peuvent être liés aux hasards : que tel territoire soit doté de cuivre, de cobalt, de manganèse, de silicium ou de pétrole et son intégration à la mondialisation en sera d'autant facilitée même si son enclavement ou les qualités de sa population ne laisseraient pas présager de sa participation au processus. Concrètement, les pays du Golfe bénéficient d'un avantage colossal qu'est la présence de pétrole dans leur sous-sol. Cette ressource énergétique indispensable à l'économie mondiale leur permet de s'intégrer à la mondialisation. L'Afrique, grâce ses ressources minières (uranium, or, phosphate, etc.), jouit d'avantages certains même si leur mise en valeur laisse encore à désirer, ce qui nous incite à évoquer le rôle des acteurs dans la valorisation des avantages comparatifs.

C

Le dynamisme des acteurs : un facteur déterminant de l'intégration

La mise en valeur des territoires par les hommes qui y vivent est déterminante dans leur intégration car les FTN les mettent en concurrence dans le cadre de leur stratégie d'implantation et de développement. La capacité d'un territoire à capter les IDE est donc déterminante dans son intégration à la mondialisation. Dès lors, les autorités étatiques qui ont la charge d'administrer les territoires se doivent de répondre aux attentes de ces acteurs de premier plan.

Ainsi, les États se doivent d'offrir un cadre législatif sécurisant aux FTN s'ils veulent attirer les IDE. La mesure du risque et de son coût est au cœur des réflexions de leurs stratèges qui veulent être assurés qu'il n'y a pas de risque de nationalisation intempestive, de changements brutaux des règles fiscales ou du droit du travail, etc. Le cadre législatif doit aussi être attractif, notamment en ce qui concerne la fiscalité et le droit du travail : plus l'impôt sur les sociétés sera faible, plus les FTN auront tendance à s'y installer.

Les États doivent se préoccuper de définir une stratégie de long terme pour ce qui est de la formation de leur population active : ou il s'agit de maintenir un bas coût et il faut résister aux revendications salariales au risque de susciter le mécontentement social, ou il faut investir massivement dans la formation afin d'intégrer les logiques de "l'économie de la connaissance". La question du droit du travail est connexe à celle de la "spécialisation" de la population active.

Enfin, les gouvernements doivent aussi veiller à investir massivement dans les infrastructures : ponts, autoroutes, ports en eau profonde, plates-formes multimodales et autres doivent être sans cesse modernisés afin de permettre au territoire de soutenir la concurrence à l'échelle régionale et mondiale. Cela passe aussi par le cadre de vie : une ville fait généralement valoir la qualité de ses infrastructures culturelles, la qualité de son environnement, la richesse de son patrimoine et sa connectivité pour attirer les investissements.

Il est donc certain que les facteurs d'intégration à la mondialisation sont multiples. Ils nécessitent d'être valorisés, ce qui suscite une concurrence et, in fine, une hiérarchisation des territoires.

II

Des territoires intégrés au jeu mondial

A

Les principaux pôles de la mondialisation

La mondialisation est un processus géo-historique qui a pris ses racines en Europe au début de l'époque moderne. Il s'y est développé et accentué avec la révolution industrielle du XIXe siècle avant de gagner l'Amérique du Nord au tournant des XIXe et XXe siècles. Ce petit rappel permet de mieux comprendre la place qu'occupent l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord dans ce processus. On peut naturellement y adjoindre le Japon qui, à compter, des années 1960, a constitué un centre particulièrement dynamique en Asie.

Ces trois pôles, appelés la Triade, concentrent les fonctions de commandement économique comme en témoigne la présence des sièges sociaux des plus grandes FTN mondiales. On peut citer Apple, Coca-Cola, Ford ou Microsoft pour les États-Unis, Sony ou Toyota pour le Japon, Airbus ou Volkswagen pour l'Europe. Les décisions que prennent ces FTN ont un impact considérable sur les orientations de la mondialisation. Les flux d'IDE sont la manifestation de la centralité de ces territoires : ces trois régions sont les plus attractifs en termes d'IDE et ce sont eux qui sont, parallèlement, les plus gros investisseurs. Par ailleurs, ce sont dans ces pays que les innovations essentielles sont réalisées. Les technopôles et autres centres de recherche et de compétitivité s'y sont développés comme en témoignent la Silicon Valley aux États-Unis ou, à une autre échelle, le Plateau de Saclay en région parisienne.

Outre les sièges sociaux, ces régions rassemblent les plus grandes bourses de la planète et apparaît donc comme le centre nerveux de la finance mondiale : New York, Tokyo ou Francfort-sur-le-Main affichent les plus fortes capitalisations boursières du monde. Ces pôles de la Triade concentrent donc logiquement les flux immatériels. Les NTIC y sont donc particulièrement développées ; on peut rappeler ici le rôle pionnier des États-Unis dans la mise en place et la gestion de l'Internet, ce qui témoigne de leur centralité dans le processus de mondialisation.

Enfin, les États-Unis et l'Europe concentrent les fonctions de commandement politique à l'échelle mondiale. Faut-il rappeler que le FMI (Fonds monétaire international) et la BM (Banque mondiale) ont leur siège à Washington, que l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) siège à Vienne en Autriche, que l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) est à Bruxelles ? Cela sans compter le poids des États en tant que tels. Les décisions prises par le gouvernement américain et ses différentes administrations comme la FED (réserve fédérale) ont un impact majeur sur le monde, preuve, une fois, encore de leur centralité.

B

"Global cities" et métropoles mondiales au cœur de la mondialisation

Les villes ont ainsi un rôle particulier et parmi celles-ci, il faut distinguer les métropoles mondiales et les "global cities" dont la centralité dans le processus de mondialisation est indéniable. Les "global cities" ont été définies par la géographe Saskia Sassen comme des villes qui exercent des fonctions de commandement à l'échelle mondiale, organisent les flux et structurent le réseau mondial : les principales villes mondiales seraient ainsi New York, Londres et Tokyo, auxquelles on pourrait adjoindre Paris et Hong Kong, et, dans une moindre mesure, Sao Paulo. Ces villes sont des centres de commandement politique et/ou économique, mais aussi culturel ; elles sont multiculturelles et largement ouvertes sur le monde. Elles sont souvent au cœur de mégalopoles puissantes qui forment un "Archipel mégalopolitain mondial" (AMM) selon l'expression d'Olivier Dolfuss. Ces mégalopoles concentrent richesses et activités à l'échelle mondiale et apparaissent véritablement comme les centres d'impulsion de la mondialisation.

On peut rappeler ici que les métropoles mondiales historiques comme Paris, Londres ou New York sont aujourd'hui concurrencées par les métropoles du Sud comme Sao Paulo ou Shanghai même si leur influence n'est pas encore tout à fait comparable. On les désigne encore comme des villes-relais de la mondialisation car, si elles ne ne sont pas encore des centres d'impulsion mondiaux, elles polarisent l'activité et l'intégration de leur sous-région. Sao Paulo est ainsi la grande métropole brésilienne par laquelle la mondialisation "entre" au Brésil. Il en va de même pour Shanghai à l'échelle chinoise.

Cependant, on peut encore changer d'échelle et considérer les CBD (Central Business District) de ces grandes villes mondiales. Manhattan à New York, la City de Londres, la Défense à Paris-Nanterre, Pudong à Shanghai ou l'Avenue Paulista à Sao Paulo sont autant d'exemples de quartiers ultra-intégrés à la mondialisation. Ils concentrent les sièges sociaux des FTN, les bourses et autres institutions économiques et financières. Avec les technopôles comme la Silicon Valley de San Francsico, nous avons affaire au cœur du réacteur de la mondialisation. Ces technopôles, en unissant, centres de recherches, privés et publics, et entreprises sont en effet les territoires privilégiés de l'innovation dont on a souligné la place dans la NDIT.

C

Des périphéries de plus en plus intégrées

L'analyse des métropoles mondiales nous permet de considérer le rôle croissant de villes comme Sao Paulo ou Shanghai. Cela peut donc nous amener à envisager la recomposition géo-économique à l'œuvre depuis la fin des années 1990. La Triade est largement concurrencée par les pays émergents dont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont les derniers-nés. On peut en effet rappeler que dès les années 1970, on voit apparaître les NPI (Nouveaux pays industrialisés), notamment en Asie (NPIA) avec Taïwan, Hong Kong, Singapour et la Corée du Sud qui forment les "Dragons d'Asie". S'ils ne sont pas tous des centres d'impulsion à proprement parler, ils constituent aujourd'hui des territoires très largement intégrés au processus de mondialisation et sont considérés comme des pays développés eu égard à leur niveau de richesse et de développement. À ces "Dragons", on peut ajouter les "Tigres" que sont la Malaisie, la Thaïlande ou encore le Vietnam et les Philippines qui, à leur tour, se sont arrimés à la mondialisation. Hors d'Asie, on peut souligner l'émergence de pays comme le Mexique, le Chili ou l'Argentine qui forment les "Jaguars", ou encore la Turquie. Loin de pouvoir rivaliser avec les pays du Nord, ces territoires s'avèrent économiquement dynamiques ; ils sont entrés dans une phase de rattrapage.

Les BRICS ont beaucoup fait parler d'eux au tournant des XXe et XXIe siècles tant leur croissance économique est alors forte et largement supérieure à la moyenne mondiale. C'est d'ailleurs en cela que l'on peut les qualifier de pays émergents. Très nettement, ces pays apparaissent comme des pôles dynamiques de la mondialisation. La Chine, l'Inde ou le Brésil sont particulièrement représentatifs de la recomposition géo-économique permise par la mondialisation. Ils ont su mettre en valeur leurs avantages comparatifs et s'imposer comme des pôles incontournables de la globalisation. La Chine est devenue "l'atelier du monde" et le Brésil apparaît à bien des égards comme la "ferme du monde". S'ils ont cru un temps sortir de la dépendance économique dans laquelle ils se trouvaient la crise économique et financière de 2008 a montré que les soubresauts de la Triade pouvaient encore les affecter. La croissance économique a fortement ralenti - quand la récession ne s'est pas manifestée - à la fin des années 2000 et ces pays semblent entrer dans une phase délicate de leur développement. L'exemple chinois est de ce point de vue révélateur : avec ses 7% de croissance par an, Pékin est très loin des taux à deux chiffres de la décennie précédente et craint de subir une croissance molle qui lui interdirait de sortir définitivement du mal-développement.

Quoiqu'il en soit, la géo-économie mondiale est en pleine recomposition et le déclin relatif des trois pôles historiques de la mondialisation est palpable même si les centres d'impulsion continuent de s'y trouver. Si certains territoires ont réussi à s'intégrer à la mondialisation, d'autres restent largement en marge du processus.

III

Des territoires en marge du processus de mondialisation

A

Les pays du Sud, parents pauvres de la mondialisation ?

S'il est une image d'Épinal largement répandue, c'est bien celle de pays du Sud largement marqué par le mal-développement et la pauvreté qui apparaissent aussi bien comme la cause que comme la conséquence de la marginalisation dans le processus de mondialisation. On peut néanmoins souligner d'emblée que parler du Sud comme d'un ensemble homogène n'est plus pertinent tant les recompositions à l'œuvre l'ont fragmenté. En effet, il n'y a rien de commun entre les BRICS dont l'intégration à la mondialisation est croissante comme on l'a vu, et les PMA (Pays les moins avancés) dont la marginalisation reste pendante. En 2014, on comptait 49 PMA dont 34 en Afrique, 9 en Asie, 4 en Océanie et 1 dans les Antilles. Leur niveau de développement, que l'on peut mesurer grâce au PIB/habitant et à l'IDH (Indice de développement humain), est très faible et ne semble pas progresser. Cette stagnation s'explique précisément par la marginalisation de ces pays dans le processus de mondialisation. Et cette pauvreté endémique explique elle-même la marginalisation. Le cercle vicieux est de ce point de vue terrible.

Ces pays sont souvent enclavés et ne peuvent donc pas se connecter aux routes de la mondialisation. Ils sont par ailleurs souvent marqués par une forte instabilité politique et des infrastructures défaillantes ou inadaptées. Ils ne sont pourtant pas tous des "angles morts" de la mondialisation car certains subissent la domination économique des FTN qui exploitent leurs éventuelles ressources sans que les bénéfices tirés de cette exploitation aient un impact sur leur développement. Cette économie de prédation est favorisée par l'incurie de gouvernements dont la corruption est de notoriété publique quand ces gouvernements ne sont tout simplement pas inexistants. C'est le cas des "failed states" ("États faillis" ou "en déliquescence") comme la Somalie par exemple. On comprend aisément que l'absence d'État nuit à l'attractivité de ces territoires : les FTN, on l'a vu, craignent par dessous tout l'absence de cadre législatif et de stabilité ; elles n'y investissent donc pas ou peu. Par ailleurs, un pays très pauvre n'offre aucune opportunité en terme de marchés ; or, un critère qui guide l'investissement est précisément la taille et la solvabilité du marché.

B

La marginalisation : une affaire de ruraux ?

Il est certain qu'à l'échelle des pays, on peut déceler un lien entre urbanité et mondialisation. On a déjà souligné le rôle des métropoles dans la mondialisation. Globalement, les villes sont mieux intégrées que les campagnes et ce quel que soit le pays concerné. Les villes concentrent les fonctions de commandement à toutes les échelles et les campagnes apparaissent comme des espaces dominés. L'exode rural et la transition urbaine à l'œuvre illustrent d'ailleurs cette marginalisation : si aujourd'hui près de 54% des humains vivent en ville, c'est bien qu'ils considèrent que ces territoires sont plus porteurs que les campagnes. On pourrait élargir le propos aux espaces à fortes contraintes tout en soulignant que des exceptions notables existent. Ainsi, le Larzac français peut apparaître comme un espace marginalisé alors que les Alpes sont largement intégrées, comme en témoigne le dynamisme du tourisme dont le caractère international est évident. Le Sahara pourrait de prime abord être considéré comme un "angle mort" de la mondialisation alors même qu'il y est enserré, de par les ressources qu'il recèle comme le pétrole algérien ou le fer mauritanien, sans compter les trafics illégaux qui y sont organisés.

Plus largement, les territoires intérieurs apparaissent comme moins intégrés pour les raisons évoquées plus haut. Pensons au désert de Gobie en Asie, à la Chine intérieure dont la ruralité est évidente et dont le niveau de développement et d'intégration à l'économie mondialisée n'a rien de comparable avec celui des littoraux. Mais on pourrait aussi citer les Highlands écossais. En d'autres termes, les espaces ruraux continentaux apparaissent largement en marge du processus de mondialisation même si, à l'heure du changement climatique, des espaces jugés marginaux comme l'Amazonie, l'Himalaya ou l'Arctique sont au cœur des préoccupations. D'une certaine manière donc, marginalisation économique ne signifie pas nécessairement désintérêt.

Enfin, on peut souligner le fait que certains espaces ruraux sont très largement intégrés : le dynamisme de l'économie brésilienne repose en grande partie sur ses exportations de produits agricoles ; il en va de même pour les Grandes Plaines des États-Unis ou la Beauce française. A contrario, certaines villes sont en voie de désintégration : Détroit aux États-Unis en est l'exemple type : la capitale déchue de l'automobile américaine est aujourd'hui en faillite et a perdu une part importante de sa population en même temps que son outil industriel.

C

La marginalisation à l'échelle urbaine

La marginalisation des territoires est un phénomène que l'on retrouve à toutes les échelles d'analyse. Ainsi, si globalement les villes sont mieux intégrées au processus de mondialisation que les campagnes, il n'en reste pas moins que certains quartiers sont largement laissés pour compte. Le phénomène touche aussi bien les villes du Nord que les villes du Sud. Ainsi, à New York, on peut souligner le fait que si le cœur de Manhattan est très intégré à la mondialisation dont il est même, on l'a vu, un centre d'impulsion, les quartiers périphériques comme Harlem ou le Bronx sont nettement moins intégrés : la pauvreté y est plus prégnante et les emplois qui s'y rattachent sont nettement moins en prise avec la mondialisation. On retrouve le même phénomène dans les autres villes mondiales comme l'agglomération parisienne : La Défense n'est pas Sarcelles et, à Sarcelles, tous les quartiers ne sont pas équivalents. En d'autres termes, la ségrégation est socio-spatiale. Les territoires marginalisés de ces métropoles accueillent les exclus de la mondialisation, ceux qui n'ont pas trouvé leur place dans l'économie mondialisée.

Le phénomène est encore plus marqué dans les métropoles du Sud où la pauvreté et l'exclusion sautent d'autant plus aux yeux qu'elles se manifestent par la présence de bidonvilles dont l'ampleur peut être très importante. Ainsi, à Bombay, dont on peut rappeler qu'elle est la capitale économique de l'Inde et qu'elle peut être considérée comme l'une des villes-relais de la mondialisation, le quartier informel de Dharavi abrite rien moins que 600 000 personnes et est le plus grand bidonville d'Inde. Sao Paulo ou Rio connaissent la même situation avec les favelas.

Quoiqu'il en soit donc, il est certain que la mondialisation segmente et hiérarchise à toutes les échelles d'analyse ; elle intègre les territoires et leurs habitants en fonction de leur capacité à répondre aux exigences d'un système qui valorise la performance et la compétitivité.

La mondialisation est donc un phénomène qui repose sur les inégalités territoriales ; en jouant sur les avantages comparatifs, elle met les territoires en concurrence les uns avec les autres. Si la théorie libérale considère que la concurrence peut permettre d'être bénéfique à tous, il n'en reste pas moins que la mondialisation telle qu'elle va hiérarchise et segmente les hommes comme les territoires. Si elle contribue à résorber certaines inégalités, elle en maintient ou en accentue d'autres.
Aux centres d'impulsion, auxquels se rattachent les périphéries intégrées dont le niveau de développement augmente, il faut en effet opposer les territoires marginalisés ou dominés et les "angles morts" qui ne tirent aucun bénéfice de la mondialisation. Il est certain, quoi qu'il en soit que l'intégration et la marginalisation des territoires peuvent se lire à toutes les échelles d'analyse. Mondialisation rime donc avec ségrégation, ce qui n'est pas sans susciter de vives critiques quant au processus de mondialisation. "Un autre monde est possible" pour reprendre le slogan des altermondialistes, un monde plus juste et équitable qui ne laisse aucun territoire en marge. Mais il reste à savoir comment le faire éclore.

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