On donne le texte suivant extrait de l'article "Du droit du travail et de l'organisation du travail" de Lamartine.
Ces hommes se marient, ont des femmes et des enfants que l'industrie saisit au berceau et emploie selon leur force ; tout ce peuple vit, multiplie, consomme, prospère pendant que le salaire les rétribue. Que le salaire s'arrête ou décroisse, tout ce peuple chôme, souffre, maigrit, mendie, s'exténue et tombe en haillons et en pourriture humaine. Peuple du salaire, né du salaire, ne vivant que par le salaire, il périt avec le salaire, et s'insurge dans son cœur contre une société qui le condamne par sa condition au travail et qui lui refuse le travail. Or, le travail pour lui c'est la vie. La société impassible et égoïste, peut-elle voir tout cela et détourner les yeux en renvoyant ce peuple à la concurrence pour toute réponse et pour tout secours ? Nous disons : non ! Le dernier mot d'une société bien faite à un peuple qui périt ne peut pas être la mort ! Le dernier mot d'une société bien faite doit être du travail et du pain. Le droit au travail n'est pas dans ce cas autre chose que le droit de vivre. Si vous reconnaissez le droit de vivre, vous devez reconnaître à ce peuple le droit au travail ! L'Assemblée constituante dans tous les droits à l'homme qu'elle a proclamés, n'en a oublié qu'un seul : le droit de vivre. Mais c'est sans doute parce qu'il était d'une telle évidence qu'il n'avait pas besoin d'être écrit ! Les phénomènes, les vicissitudes, les catastrophes, les ruines soudaines, les interruptions de salaire dans une société devenue industrielle, nous imposent la nécessité d'écrire ce droit de plus.
Quelle est la thèse défendue dans le texte ?
- L'auteur de l'article en appelle à la société pour défendre le droit au travail du peuple : selon lui, c'est à la société d'assurer et garantir équitablement ce droit.
- Il s'insurge contre la concurrence qui condamne les individus à se battre pour un salaire qui leur est vital.
- Il crée une équivalence entre le droit au travail et le droit à vivre car le salaire est indispensable pour survivre dans la société de son époque.
- La phrase "Si vous reconnaissez le droit de vivre, vous devez reconnaître à ce peuple le droit au travail" peut résumer sa thèse.
L'auteur défend l'idée que la société doit garantir le droit au travail vital au peuple plutôt que d'encourager la concurrence.
Quels sont les arguments avancés par le texte ?
- Le texte s'ouvre sur l'idée de la mainmise de l'industrie sur les gens du peuple et sur la dimension indispensable du salaire.
- Cette prémisse de l'argumentation lui permet d'en arriver à son argument principal qui se résume par cette phrase : "le travail pour lui c'est la vie".
- L'argument qui s'en suit logiquement est que le rôle de la société est de pourvoir à ce droit fondamental et l'Assemblée constituante devrait le rajouter à la Constitution.
- Il illustre cette démonstration sur le registre polémique par des images frappantes comme celle d'un peuple qui "chôme, souffre, maigrit, mendie, s'exténue et tombe en haillons et en pourriture humaine" afin de susciter l'émotion de son auditoire. Il caractérise la société qui détourne les yeux par les adjectifs "impassible et égoïste" afin de donner envie à son auditoire de ne pas être comme cela et donc d'agir.
L'auteur utilise les arguments de l'industrialisation de la société qui rend le salaire indispensable et du droit de vivre comme droit fondamental et constitutionnel. Il illustre son argumentation d'un tableau pathétique du peuple qui se tue au travail.