On donne le poème "Au tribunal d'amour, après mon dernier jour" de Théodore Agrippa d'Aubigné :
Au tribunal d'amour, après mon dernier jour,
Mon cœur sera porté diffamé de brûlures,
Il sera exposé, on verra ses blessures,
Pour connaître qui fit un si étrange tour,
À la face et aux yeux de la Céleste Cour
Où se prennent les mains innocentes ou pures ;
Il saignera sur toi, et complaignant d'injures
Il demandera justice au juge aveugle Amour :
Tu diras : C'est Vénus qui l'a fait par ses ruses,
Ou bien Amour, son fils : en vain telles excuses !
N'accuse point Vénus de ses mortels brandons,
Car tu les as fournis de mèches et flammèches,
Et pour les coups de trait qu'on donne aux Cupidons
Tes yeux en sont les arcs, et tes regards les flèches.
Comment se manifeste la présence du poète ?
- Le pronom personnel de première personne du singulier s'exprime sous la forme du possessif "mon" répété plusieurs fois.
- Le pronom "tu" (et "toi") qui désigne l'être aimé est plus présent : il est mis en accusation dans le poème.
- Le champ lexical de la souffrance montre l'état intérieur du poète.
Les pronoms personnels présents dans le dialogue amoureux soulignent la présence du poète.
Quels sont les sentiments exprimés ? Justifier la réponse.
- Le poème traite de la thématique de la blessure d'amour.
- Le poète accuse l'amante cruelle : c'est le topos de la maîtresse impitoyable.
Les sentiments exprimés sont ceux du tourment amoureux.
Quelle(s) figure(s) de style le poète utilise-t-il ?
- Le poème utilise de nombreuses personnifications de l'amour comme Vénus, Cupidon ou l'allégorie de son fils "Amour". L'idée même du "tribunal d'amour", cette "Céleste cour" qui ferait payer les crimes d'amour est allégorique.
- Le poète s'efface pour accuser la maîtresse impitoyable : il n'est présent qu'à travers la métonymie de son "cœur" blessé.
- Il file la métaphore de l'ange Cupidon armé d'un arc et de flèches qui deviennent les "yeux" et les "regards" de l'amante. De même, il utilise la métaphore du feu amoureux, de la brûlure amoureuse : "brûlures", "brandons", "mèches et flammèches"
Les figures de style utilisées sont la métaphore, la métaphore filée et l'allégorie.