Métropole, 2008, voie ES
Vous ferez un commentaire du texte de Balzac (texte A).
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
Pourquoi l'ambiance fantastique qu'on trouve dans le texte est étonnante venant de Balzac ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
De quel autre art Balzac s'inspire-t-il pour écrire sa description ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
À quoi reconnaît-on que la description suivante est réaliste ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
Quel plan correspond au commentaire du texte suivant ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
Dans le texte suivant, quels points de vue sont utilisés pour faire la description du personnage ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
Quel champ lexical lié à la peinture domine le texte ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
Pourquoi peut-on dire que le texte suivant a un aspect fantastique ?
Texte A : Honoré de Balzac, "Le Chef-d'œuvre inconnu"
1832
[L'action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l'espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.]
Un vieillard vint à monter l'escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat1 de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage2 ou le protecteur ou l'ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande3 les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d'une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l'âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme. Le visage était d'ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l'âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l'âme et le corps. Les yeux n'avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades saillantes. Mettez cette tête sur un corps fluet et débile4, entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson5, jetez sur le pourpoint6 noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt7 marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre.
1 Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
2 Ce vieillard s'appelle Frenhofer.
3 Affriande : attire par sa délicatesse.
4 Débile : qui manque de force physique, faible.
5 Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson.
6 Pourpoint : partie du vêtement qui couvrait le torse jusqu'au-dessous de la ceinture.
7 Rembrandt : peintre néerlandais du XVIIe siècle. Ses toiles exploitent fréquemment la technique du clair-obscur, c'est-à-dire, les effets de contraste produits par les lumières et les ombres des objets ou des personnages représentés.
"Le Chef-d'œuvre inconnu" est une nouvelle de Balzac dans laquelle réalisme et fantastique se mêlent. L'extrait proposé à l'étude est la description du peintre Frenhofer que le jeune Nicolas Poussin rencontre sur le palier du domicile de maître Porbus. Dans cette description, Balzac propose le portrait physique et moral inquiétant d'un homme hors norme. Cette description emprunte beaucoup à la peinture, art auquel s'adonne le personnage. Si la description est réaliste car détaillée, elle devient également fantastique, le vieil homme paraissant lié au surnaturel. L'auteur crée également une atmosphère inquiétante et angoissante.
Comment Balzac fait-il de la description d'un personnage inquiétant, en empruntant à l'art de la peinture, une scène fantastique et angoissante ?
Dans une première partie, il sera montré en quoi le portrait fait par Balzac est double. Dans une seconde partie, il sera analysé la façon dont l'auteur s'inspire de la peinture pour écrire son portrait. Dans une dernière partie, l'atmosphère fantastique et angoissante de la scène sera étudiée.
Un portrait double
Le jeu sur les points de vue
- La description est d'abord itinérante, il y a du mouvement, d'où l'utilisation du passé simple, temps de l'action : "vint", "recula".
- La description est ensuite statique, Nicolas Poussin observe le vieillard qui ne bouge pas. Il cherche à percer le mystère, à sonder le caractère du vieil homme.
- La description est faite à travers deux points de vue : celui du narrateur et celui du jeune peintre Nicolas Poussin.
- Le narrateur est omniscient, on peut d'ailleurs relever des moments où il intervient directement, exprimant un jugement : "Mettez cette tête sur un corps fluet et débile... ".
- Le personnage Nicolas Poussin décrit également le vieillard, on parle alors de focalisation interne. Il observe le vieillard attentivement en prenant de la distance pour mieux le voir : "il se recula sur le palier pour lui faire place, et l'examina curieusement...".
- Le lecteur apprend que Nicolas Poussin distingue mal le vieillard, il le devine plus qu'il ne le voit : "le jeune homme devina dans ce personnage...". Cela signifie que la description n'est pas forcément fiable, elle est subjective.
- On relève le champ lexical de la perception : "aperçut", "examina", "jeter des regards", "image".
Un portrait physique par métonymies
- La description physique concerne surtout le visage. Elle s'arrête au niveau du col avec la "lourde chaîne d'or" qui pend sur le "pourpoint".
- Le narrateur livre de nombreux détails sur le visage du personnage. La description est très réaliste, courant littéraire dont Balzac est le chef de file. On relève de nombreux adjectifs qualificatifs, et des énumérations : "un front chauve, bombé, proéminent", "un petit nez écrasé... ", "une bouche rieuse et ridée", "un menton court...", "des yeux verts", etc.
- La silhouette du personnage n'est pas aussi bien décrite, elle est vaguement mentionnée et assez imprécise. Elle se résume à une comparaison : "une toile de Rembrandt marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère".
- Balzac utilise une autre comparaison, associant le vieillard à Socrate et Rabelais. Il s'agit d'une comparaison qui a pour but de frapper le lecteur, qui connaît des représentations des deux grands hommes. C'est également une comparaison méliorative, qui hisse le vieux peintre au même rang que ces deux écrivains.
Un portrait moral ambigu
- Le portrait physique sert à annoncer le portrait moral. On peut dire qu'il le prépare.
- Quelque chose de maléfique est associé à l'homme. Il paraît inquiétant. Le narrateur le décrit comme ayant "quelque chose de diabolique dans cette figure".
- Balzac semble faire le portrait moral des artistes en général à travers le vieil homme. Il généralise : "ce je ne sais quoi qui affriande les artistes".
- C'est Nicolas Poussin qui s'attend à trouver dans le vieillard l'archétype même de l'artiste : "à trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts".
- On constate qu'il y a donc une opposition entre l'idée que se fait Nicolas Poussin sur la moralité des artistes, sur leur nature, et la réalité.
- Toutefois, Balzac lui-même a choisi d'associer le peintre à deux grands hommes, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan moral. Le portrait moral du vieillard est donc ambigu, entre le bien et le mal, c'est un être plus mystérieux aussi bien moralement que physiquement.
Le portrait du vieillard est donc teinté de mystère. Pour réaliser cette description, Balzac s'inspire directement de la peinture.
Un portrait réaliste lié à la peinture
Le jeu sur les contrastes
- Le portrait est construit sur des jeux de contraste, comme en peinture entre l'obscurité et la lumière. On retrouve ce contraste, cette opposition, à différents niveaux.
- Dans la tenue du personnage, il y a une antithèse formée par les noms "magnificence" et la "bizarrerie ". Le terme "magnificence" rappelle la richesse du personnage avec la grande fraise en dentelle : "une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson". Mais cette grandeur est comme amoindrie par le caractère étrange de la tenue.
- On relève de nombreuses comparaisons et métaphores qui soulignent un contraste entre les couleurs : "yeux vert de mer", "dentelle étincelante de blancheur", "noire atmosphère", "le pourpoint noir", "rabat de dentelle", "lourde chaîne d'or". On relève une forte opposition entre le noir ambiant et le blanc de la dentelle.
- On retrouve cette idée d'opposition entre lumière et obscurité avec : "le jour faible de l'escalier" et la "couleur fantastique" du personnage. Balzac s'inspire ici du jeu d'ombres et de lumières appelé "clair-obscur" dont le peintre Rembrandt était un grand adepte. D'ailleurs, l'auteur fait une référence directe à l'artiste : "vous eussiez dit d'une toile de Rembrandt...".
- On peut également parler du contraste entre les formes, la grosse tête et le corps "fluet".
Une technique proche de la peinture
- Balzac choisit de mettre en scène le portait comme s'il donnait une leçon de peinture. En effet, on relève de nombreux impératifs présents adressés au lecteur : "imaginez", "mettez", "entourez". Ces indications permettent de construire le portrait du personnage, qui se dessine petit à petit. On peut aussi penser à une statue que l'on construit au fur et à mesure.
- C'est au lecteur de compléter le tableau : "mettez cette tête sur un corps fluet et débile", "jetez sur le pourpoint noir du vieillard une lourde chaîne d'or". Balzac donne quelques indications, mais il laisse le lecteur imaginer le personnage. Il précise d'ailleurs que la description n'est pas exacte : "et vous aurez une image imparfaite de ce personnage...".
- Balzac insiste sur les couleurs, on trouve de nombreux adjectifs de couleur ou noms de couleur : "une barbe grise", "des yeux vert de mer", "contraste du blanc nacré", "une dentelle étincelante de blancheur", "le pourpoint noir", "chaîne d'or".
Le portrait fait par Balzac crée chez le lecteur un sentiment de malaise et de peur. Le vieillard apparaît comme une être mystérieux et inquiétant qui évolue dans une ambiance fantastique.
Le sentiment de malaise et de peur
Un personnage proche du surnaturel
- Balzac suggère le caractère maléfique du personnage : "il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure". Il donne au lecteur l'impression qu'un monde étrange et dangereux se cache sous la tête du vieil homme.
- La description a quelque chose d'inquiétant et de fantasmagorique : "bizarrerie", "les yeux n'avaient plus de cils", "des yeux vert de mer [...] devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère et de l'enthousiasme".
- On relève aussi une touche de surnaturel, comme si Balzac décrivait un tableau de Rembrandt qui prenait vie en utilisant le plus-que-parfait du subjonctif qui a valeur d'irréel dans le passé : "vous eussiez dit une toile de Rembrandt... ".
- L'idée du tableau qui prend vie est renforcée par le groupe prépositionnel "sans cadre".
- Le caractère inquiétant du personnage est souligné par l'utilisation d'une allitération en "r", son guttural : "vert de mer", "une bouche rieuse et ridée, un menton court fièrement relevé".
- L'utilisation de l'adjectif "diabolique" ne signifie par tant que l'homme est mauvais, mais qu'il n'est pas humain. Il y a quelque chose d'infernal chez lui dans le sens où c'est un artiste, un créateur, habité par des passions destructrices. Son but est de créer une œuvre, le fameux "chef-d'œuvre" du titre.
Une rencontre fantastique
- Avec cette description, Balzac crée une ambiance fantastique. C'est une scène de rencontre entre deux personnages symboliques.
- Le mystère plane sur l'identité des personnages. Ils sont indéfinis. On sait seulement qu'il y a "un vieillard" et "le jeune homme".
- Des indices sur le métier des personnages sont donnés. Les mots "artiste" et "arts" sont répétés.
- Le lieu de la rencontre est symbolique, ils sont dans l'escalier : "l'escalier", "le palier". Le vieil homme monte vers le jeune homme : "vint à monter 'l'escalier". Le jeune homme est intimidé : "recula sur le palier pour lui faire place". C'est la rencontre entre le maître et le disciple.
- Les deux personnages ne communiquent pas, on relève l'adverbe "silencieusement". La scène est perçue à travers la subjectivité du jeune homme, curieux. Il est saisi par la vision, entre admiration, étonnement et crainte. Son silence est celui de l'observateur devant un inconnu qu'il cherche à comprendre.
- L'alternance entre lumière et obscurité crée une ambiance étrange et particulière, le lecteur a l'impression qu'il s'agit d'une rencontre fantastique entre un être pas tout à fait humain (le vieillard) et un autre qui est fasciné par lui (le jeune homme).
Ainsi, Balzac parvient à créer une ambiance angoissante en proposant simplement la description d'un personnage. Fidèle aux principes du réalisme, courant littéraire auquel il appartient, il insiste sur les détails physiques du personnage, utilisant de nombreux adjectifs. Sa précision est telle qu'il cumule les énumérations. Toutefois, il s'éloigne de ce courant en proposant le portrait inquiétant et presque surnaturel d'un être hors norme. Le peintre, l'artiste, apparaît comme un être diabolique, qui cache de violentes passions. Balzac s'inspire également de la peinture, art que le vieillard pratique, pour donner plus de force à sa description. Il propose au lecteur un véritable tableau mouvant. Il insiste particulièrement sur les couleurs. Citant même Rembrandt, il propose un portrait "clair-obscur" inspiré des techniques du peintre hollandais. L'ambiance qui ressort de cette scène est angoissante et fantastique, et crée l'étonnement et la peur chez le lecteur.