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Raconter des souvenirs Invention type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2018-2019

Adapté de Liban, 2009, voie L

Un an après la noce, Copeau évoque le festin de Gervaise. Leur situation financière s'est dégradée. Ils ne mangent pas toujours à leur faim. Le personnage se souvient avec tristesse et aigreur de la débauche de nourriture et de boisson dont ils ont fait preuve ce jour-là.

Texte A : Émile Zola, L'Assommoir, chapitre 7

1877

Dans L'Assommoir, Émile Zola décrit le milieu des petits artisans parisiens. Dans ce passage, on assiste au repas de noces de Gervaise, la blanchisseuse, et de Coupeau, le couvreur.

Ah ! tonnerre ! quel trou dans la blanquette1 ! Si l'on ne parlait guère, on mastiquait ferme. Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on péchait des morceaux de veau ; et il y en avait toujours, le saladier voyageait de main en main, les visages se penchaient et cherchaient des champignons. Les grands pains, posés contre le mur, derrière les convives, avaient l'air de fondre. Entre les bouchées, on entendait les culs des verres retomber sur la table. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre. Et l'on n'eut pas le temps de souffler, l'épinée2 de cochon, montée sur un plat creux, flanquée de grosses pommes de terre rondes arrivait au milieu d'un nuage de fumée. Il y eut un cri. Sacré nom ! c'était trouvé ! Tout le monde aimait ça. Pour le coup, on allait se mettre en appétit ; et chacun suivait le plat d'un œil oblique, en essuyant son couteau sur son pain, afin d'être prêt. Puis, lorsqu'on se fut servi, on se poussa du coude, on parla, la bouche pleine. Hein ? Quel beurre, cette épinée3 ! Quelque chose de doux et solide qu'on sentait couler le long de son boyau, jusque dans ses bottes. Les pommes de terre étaient un sucre. Ce n'était pas salé ; mais, juste à cause des pommes de terre, ça demandait un coup d'arrosoir toutes les minutes. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres. Les assiettes furent si proprement torchées4 qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard. Oh ! les légumes ne tiraient pas à conséquence. On gobait5 ça à pleine cuiller, en s'amusant, de la vraie gourmandise enfin, comme qui dirait le plaisir des dames. Le meilleur, dans les pois, c'était les lardons, grillés à point, puant le sabot de cheval6. Deux litres suffirent.

1 blanquette : veau en sauce blanche.
2 épinée : morceau du dos, échine.
3 "Quel beurre, cette épinée" : expression pour dire que l'épinée fond dans la bouche.
4 proprement torchée : entièrement essuyée à coups de morceaux de pain.
5 gobait : avalait sans mâcher.
6 puant le sabot de cheval : qui sentait fort et bon l'odeur de grillé.

Quel type de texte doit être rédigé ?

Texte A : Émile Zola, L'Assommoir, chapitre 7

1877

Dans L'Assommoir, Émile Zola décrit le milieu des petits artisans parisiens. Dans ce passage, on assiste au repas de noces de Gervaise, la blanchisseuse, et de Coupeau, le couvreur.

Ah ! tonnerre ! quel trou dans la blanquette1 ! Si l'on ne parlait guère, on mastiquait ferme. Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on péchait des morceaux de veau ; et il y en avait toujours, le saladier voyageait de main en main, les visages se penchaient et cherchaient des champignons. Les grands pains, posés contre le mur, derrière les convives, avaient l'air de fondre. Entre les bouchées, on entendait les culs des verres retomber sur la table. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre. Et l'on n'eut pas le temps de souffler, l'épinée2 de cochon, montée sur un plat creux, flanquée de grosses pommes de terre rondes arrivait au milieu d'un nuage de fumée. Il y eut un cri. Sacré nom ! c'était trouvé ! Tout le monde aimait ça. Pour le coup, on allait se mettre en appétit ; et chacun suivait le plat d'un œil oblique, en essuyant son couteau sur son pain, afin d'être prêt. Puis, lorsqu'on se fut servi, on se poussa du coude, on parla, la bouche pleine. Hein ? Quel beurre, cette épinée3 ! Quelque chose de doux et solide qu'on sentait couler le long de son boyau, jusque dans ses bottes. Les pommes de terre étaient un sucre. Ce n'était pas salé ; mais, juste à cause des pommes de terre, ça demandait un coup d'arrosoir toutes les minutes. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres. Les assiettes furent si proprement torchées4 qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard. Oh ! les légumes ne tiraient pas à conséquence. On gobait5 ça à pleine cuiller, en s'amusant, de la vraie gourmandise enfin, comme qui dirait le plaisir des dames. Le meilleur, dans les pois, c'était les lardons, grillés à point, puant le sabot de cheval6. Deux litres suffirent.

1 blanquette : veau en sauce blanche.
2 épinée : morceau du dos, échine.
3 "Quel beurre, cette épinée" : expression pour dire que l'épinée fond dans la bouche.
4 proprement torchée : entièrement essuyée à coups de morceaux de pain.
5 gobait : avalait sans mâcher.
6 puant le sabot de cheval : qui sentait fort et bon l'odeur de grillé.

Quel champ lexical doit apparaître dans l'écriture d'invention ?

Texte A : Émile Zola, L'Assommoir, ch.7

1877

Dans L'Assommoir, Émile Zola décrit le milieu des petits artisans parisiens. Dans ce passage, on assiste au repas de noces de Gervaise, la blanchisseuse, et de Coupeau, le couvreur.

Ah ! tonnerre ! quel trou dans la blanquette1 ! Si l'on ne parlait guère, on mastiquait ferme. Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on péchait des morceaux de veau ; et il y en avait toujours, le saladier voyageait de main en main, les visages se penchaient et cherchaient des champignons. Les grands pains, posés contre le mur, derrière les convives, avaient l'air de fondre. Entre les bouchées, on entendait les culs des verres retomber sur la table. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre. Et l'on n'eut pas le temps de souffler, l'épinée2 de cochon, montée sur un plat creux, flanquée de grosses pommes de terre rondes arrivait au milieu d'un nuage de fumée. Il y eut un cri. Sacré nom ! c'était trouvé ! Tout le monde aimait ça. Pour le coup, on allait se mettre en appétit ; et chacun suivait le plat d'un œil oblique, en essuyant son couteau sur son pain, afin d'être prêt. Puis, lorsqu'on se fut servi, on se poussa du coude, on parla, la bouche pleine. Hein ? Quel beurre, cette épinée3 ! Quelque chose de doux et solide qu'on sentait couler le long de son boyau, jusque dans ses bottes. Les pommes de terre étaient un sucre. Ce n'était pas salé ; mais, juste à cause des pommes de terre, ça demandait un coup d'arrosoir toutes les minutes. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres. Les assiettes furent si proprement torchées4 qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard. Oh ! les légumes ne tiraient pas à conséquence. On gobait5 ça à pleine cuiller, en s'amusant, de la vraie gourmandise enfin, comme qui dirait le plaisir des dames. Le meilleur, dans les pois, c'était les lardons, grillés à point, puant le sabot de cheval6. Deux litres suffirent.

1 blanquette : veau en sauce blanche.
2 épinée : morceau du dos, échine.
3 "Quel beurre, cette épinée" : expression pour dire que l'épinée fond dans la bouche.
4 proprement torchée : entièrement essuyée à coups de morceaux de pain.
5 gobait : avalait sans mâcher.
6 puant le sabot de cheval : qui sentait fort et bon l'odeur de grillé.

Quel registre doit être utilisé dans l'écriture d'invention ?

Texte A : Émile Zola, L'Assommoir, chapitre 7

1877

Dans L'Assommoir, Émile Zola décrit le milieu des petits artisans parisiens. Dans ce passage, on assiste au repas de noces de Gervaise, la blanchisseuse, et de Coupeau, le couvreur.

Ah ! tonnerre ! quel trou dans la blanquette1 ! Si l'on ne parlait guère, on mastiquait ferme. Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on péchait des morceaux de veau ; et il y en avait toujours, le saladier voyageait de main en main, les visages se penchaient et cherchaient des champignons. Les grands pains, posés contre le mur, derrière les convives, avaient l'air de fondre. Entre les bouchées, on entendait les culs des verres retomber sur la table. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre. Et l'on n'eut pas le temps de souffler, l'épinée2 de cochon, montée sur un plat creux, flanquée de grosses pommes de terre rondes arrivait au milieu d'un nuage de fumée. Il y eut un cri. Sacré nom ! c'était trouvé ! Tout le monde aimait ça. Pour le coup, on allait se mettre en appétit ; et chacun suivait le plat d'un œil oblique, en essuyant son couteau sur son pain, afin d'être prêt. Puis, lorsqu'on se fut servi, on se poussa du coude, on parla, la bouche pleine. Hein ? Quel beurre, cette épinée3 ! Quelque chose de doux et solide qu'on sentait couler le long de son boyau, jusque dans ses bottes. Les pommes de terre étaient un sucre. Ce n'était pas salé ; mais, juste à cause des pommes de terre, ça demandait un coup d'arrosoir toutes les minutes. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres. Les assiettes furent si proprement torchées4 qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard. Oh ! les légumes ne tiraient pas à conséquence. On gobait5 ça à pleine cuiller, en s'amusant, de la vraie gourmandise enfin, comme qui dirait le plaisir des dames. Le meilleur, dans les pois, c'était les lardons, grillés à point, puant le sabot de cheval6. Deux litres suffirent.

1 blanquette : veau en sauce blanche.
2 épinée : morceau du dos, échine.
3 "Quel beurre, cette épinée" : expression pour dire que l'épinée fond dans la bouche.
4 proprement torchée : entièrement essuyée à coups de morceaux de pain.
5 gobait : avalait sans mâcher.
6 puant le sabot de cheval : qui sentait fort et bon l'odeur de grillé.

Quel temps faut-il utiliser majoritairement dans une description au passé ?

Texte A : Émile Zola, L'Assommoir, chapitre 7

1877

Dans L'Assommoir, Émile Zola décrit le milieu des petits artisans parisiens. Dans ce passage, on assiste au repas de noces de Gervaise, la blanchisseuse, et de Coupeau, le couvreur.

Ah ! tonnerre ! quel trou dans la blanquette1 ! Si l'on ne parlait guère, on mastiquait ferme. Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on péchait des morceaux de veau ; et il y en avait toujours, le saladier voyageait de main en main, les visages se penchaient et cherchaient des champignons. Les grands pains, posés contre le mur, derrière les convives, avaient l'air de fondre. Entre les bouchées, on entendait les culs des verres retomber sur la table. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre. Et l'on n'eut pas le temps de souffler, l'épinée2 de cochon, montée sur un plat creux, flanquée de grosses pommes de terre rondes arrivait au milieu d'un nuage de fumée. Il y eut un cri. Sacré nom ! c'était trouvé ! Tout le monde aimait ça. Pour le coup, on allait se mettre en appétit ; et chacun suivait le plat d'un œil oblique, en essuyant son couteau sur son pain, afin d'être prêt. Puis, lorsqu'on se fut servi, on se poussa du coude, on parla, la bouche pleine. Hein ? Quel beurre, cette épinée3 ! Quelque chose de doux et solide qu'on sentait couler le long de son boyau, jusque dans ses bottes. Les pommes de terre étaient un sucre. Ce n'était pas salé ; mais, juste à cause des pommes de terre, ça demandait un coup d'arrosoir toutes les minutes. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres. Les assiettes furent si proprement torchées4 qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard. Oh ! les légumes ne tiraient pas à conséquence. On gobait5 ça à pleine cuiller, en s'amusant, de la vraie gourmandise enfin, comme qui dirait le plaisir des dames. Le meilleur, dans les pois, c'était les lardons, grillés à point, puant le sabot de cheval6. Deux litres suffirent.

1 blanquette : veau en sauce blanche.
2 épinée : morceau du dos, échine.
3 "Quel beurre, cette épinée" : expression pour dire que l'épinée fond dans la bouche.
4 proprement torchée : entièrement essuyée à coups de morceaux de pain.
5 gobait : avalait sans mâcher.
6 puant le sabot de cheval : qui sentait fort et bon l'odeur de grillé.

Dans un texte naturaliste, à quoi l'auteur prête particulièrement attention

Texte A : Émile Zola, L'Assommoir, chapitre 7

1877

Dans L'Assommoir, Émile Zola décrit le milieu des petits artisans parisiens. Dans ce passage, on assiste au repas de noces de Gervaise, la blanchisseuse, et de Coupeau, le couvreur.

Ah ! tonnerre ! quel trou dans la blanquette1 ! Si l'on ne parlait guère, on mastiquait ferme. Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on péchait des morceaux de veau ; et il y en avait toujours, le saladier voyageait de main en main, les visages se penchaient et cherchaient des champignons. Les grands pains, posés contre le mur, derrière les convives, avaient l'air de fondre. Entre les bouchées, on entendait les culs des verres retomber sur la table. La sauce était un peu trop salée, il fallut quatre litres pour noyer cette bougresse de blanquette, qui s'avalait comme une crème et qui vous mettait un incendie dans le ventre. Et l'on n'eut pas le temps de souffler, l'épinée2 de cochon, montée sur un plat creux, flanquée de grosses pommes de terre rondes arrivait au milieu d'un nuage de fumée. Il y eut un cri. Sacré nom ! c'était trouvé ! Tout le monde aimait ça. Pour le coup, on allait se mettre en appétit ; et chacun suivait le plat d'un œil oblique, en essuyant son couteau sur son pain, afin d'être prêt. Puis, lorsqu'on se fut servi, on se poussa du coude, on parla, la bouche pleine. Hein ? Quel beurre, cette épinée3 ! Quelque chose de doux et solide qu'on sentait couler le long de son boyau, jusque dans ses bottes. Les pommes de terre étaient un sucre. Ce n'était pas salé ; mais, juste à cause des pommes de terre, ça demandait un coup d'arrosoir toutes les minutes. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres. Les assiettes furent si proprement torchées4 qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard. Oh ! les légumes ne tiraient pas à conséquence. On gobait5 ça à pleine cuiller, en s'amusant, de la vraie gourmandise enfin, comme qui dirait le plaisir des dames. Le meilleur, dans les pois, c'était les lardons, grillés à point, puant le sabot de cheval6. Deux litres suffirent.

1 blanquette : veau en sauce blanche.
2 épinée : morceau du dos, échine.
3 "Quel beurre, cette épinée" : expression pour dire que l'épinée fond dans la bouche.
4 proprement torchée : entièrement essuyée à coups de morceaux de pain.
5 gobait : avalait sans mâcher.
6 puant le sabot de cheval : qui sentait fort et bon l'odeur de grillé.

  • Il faut s'inspirer du texte de Zola.
  • L'action doit se situer un an après le texte qui sert de modèle.
  • C'est Copeau qui repense au festin de Gervaise. On attend donc une narration à la première personne du singulier, ou bien à la troisième personne du singulier, mais où le lecteur a accès aux pensées du personnage.
  • Il est précisé que la situation financière de Copeau et Gervaise s'est dégradée. Il faut insister sur ce point. Le registre pathétique doit être utilisé.
  • Si Copeau repense à ce repas, c'est parce qu'il n'a plus les moyens de manger de la même façon. Il doit y avoir une opposition entre sa situation présente et la situation passée.
  • Le texte doit être essentiellement descriptif, puisqu'il s'agit d'évoquer un repas et ce qui a été mangé ce jour-là.
  • Le personnage exprime des sentiments : tristesse et aigreur. Il aimerait revivre ce moment. On attend un champ lexical des émotions.
  • Le langage doit être le même que celui du texte : langage courant.
  • Une ponctuation expressive est également attendue.
  • L'écriture doit être imagée.

Ah ! Dieu ! quel repas cela avait été ! Copeau repensait à la blanquette qu'il avait mastiquée avec plaisir, il y avait déjà un an de cela. Comme le temps passait vite ! Comme il avait entraîné avec lui de changements ! Il se souvenait encore de la vie fastueuse qu'ils menaient à cette époque. Ces derniers temps, alors que le manque d'argent le privait même d'un bon verre d'alcool le soir au bistrot du coin, Copeau repensait souvent à ce repas de rois. Il en rêvait même la nuit, tant et si bien qu'il lui semblait parfois que le goût de la blanquette baignait sa bouche ; il croquait alors dans le vide, et réalisait que tout cela n'était qu'un songe. Oh ! comme il avait faim ! Il sentait comme un drôle d'animal qui lui grignotait le ventre, qui creusait son estomac et dévorait à sa place les quelques bouchées de pain qui ne le rassasiait jamais tout à fait. Des larmes lui montaient aux yeux tant il trouvait injuste sa situation actuelle. Il vaudrait mieux n'avoir jamais connu le goût d'une telle blanquette que de la regretter si amèrement ! Il se rappelait comme il avait plongé sa cuillère dans la sauce épaisse et jaune qui entourait la viande. Il pouvait voir danser devant ses yeux les gras morceaux de veau qui nageaient dans cette épaisse gelée dorée. Ah ! comme il aurait aimé sentir leur fondante texture sous sa langue et la sauce couler le long de son gosier ! Il se rappela soudain de la saveur parfumée des champignons qui accompagnaient la viande, leur parfum boisé et intense, leur texture juteuse et spongieuse qui glissait sous les dents.
Comme il avait faim ! Il tapa rageusement son poing sur la table. Cette injustice ! Cette injustice ! Et les grands pains qui étaient derrière lui et ses comparses lorsqu'ils goûtaient à cette délicieuse blanquette ! Les grands pains blancs posés contre les murs, il n'en avait pas mangé ! Quelle bêtise ! Il les revoyait, qui semblaient fondre, leur mie moelleuse, leur croûte craquante... Quel festin, quel festin ! Personne ne parlait alors, on était trop occupés à s'emplir la bouche, à mastiquer, à sucer, trop occupés pour échanger un mot. Aujourd'hui, impossible d'inviter des convives, on ne pourrait leur servir que des os... Quelle tristesse de repenser à ce repas ! La sauce, vraiment, semblait une crème onctueuse... Et le vin qui coulait à flots dans les verres, dont on cognait les culs contre la table quand on avait bien bu... Ah, ils avaient bien bu alors, oui, pour accompagner cette blanquette ! Du vrai vin rouge, épais, épais, si épais ! Et puis épicé ! Coupeau se sentait affamé, et il voulait pleurer tant il avait faim, tant il s'enviait lui-même d'avoir, il y a un an, mangé cette blanquette, tant il était triste de sa situation actuelle.
Mais ce n'était pas tout, ils étaient vraiment riches alors, le petit veau n'avait pas suffi, ils avaient aussi dévoré de l'épinée de cochon ! Les larmes lui montaient presque aux yeux, il pouvait sentir l'odeur doucereuse des pommes de terre bien rondes qui étaient arrivées avec le porc, dans un épais nuage de fumée qui faisait frissonner les papilles. Il entendait encore les exclamations de joie qu'on avait poussées en voyant ce plat débarquer au milieu de la table. Le cochon, vraiment, ça avait été une tuerie ! Du beurre, du bon beurre qui fond dans la bouche en l'emplissant d'une saveur inouïe ! On sentait ce cochon glisser tout le long du corps, jusqu'aux bottes même ! Et maintenant ? Maintenant rien, du pain rassis, personne avec qui le manger, personne pour s'exclamer que les pommes de terre étaient du sucre, que tout paraissait une véritable gourmandise, qu'on n'avait jamais aussi bien mangé ! Ah ! S'il avait su alors qu'il ne mangerait plus jamais aussi bien, qu'il goûtait là son dernier luxe ! S'il avait su qu'aujourd'hui il ne pourrait plus se nourrir que de souvenirs, d'images d'autrefois, de scènes de ce repas, ce festin, cette orgie qui n'était plus qu'un fantôme au fond de son esprit... Il se sentait profondément aigri, d'une amère aigreur qui l'empêchait de sombrer dans une intense tristesse.
Et les pois au lard ! Mais oui, il y avait eu des pois au lard ! Ah cette injustice ! Copeau en pleurait de rage, il tirait la langue et la rentrait, claquait des dents comme s'il espérait pouvoir manger quelque chose, mais quoi ? Il n'y avait plus rien, rien à se mettre sous la dent, les lardons avaient été gobés il y a un an déjà, et avec les frais petits pois. Tout avait été dévoré. Il pensait que jamais plus il ne pourrait s'asseoir à une telle tablée, autour d'un tel festin, et qu'il ne sentirait plus couler le long de sa gorge les saveurs divines de la cuisine de Gervaise.

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