L'essor de l'école naturaliste au XIXe siècle Exercice fondamental

La fin du XIXe siècle est marquée par l'essor d'un nouveau courant littéraire inspiré du réalisme, le naturalisme, qui reprend les mêmes principes que lui (peinture des caractères, de la vie humaine et des milieux sociaux), mais avec une ambition scientifique. On verra que le succès de ce courant s'appuie sur les progrès de la biologie et la naissance des sciences humaines, ainsi que sur les mutations sociales qui fournissent aux romanciers de nouveaux sujets d'inspiration.

D'une part, le mouvement naturaliste repose sur le progrès des sciences au XIXe siècle. La biologie, notamment, est marquée par la découverte de l'hérédité à travers les travaux de Darwin et de Claude Bernard. Or, la plupart des romans de Zola, qui composent la série des Rougon-Macquart, reflètent cette notion, sous une forme parfois caricaturale mais bien présente : pour cet auteur, la réussite sociale et l'échec matériel, de même que les tares et certaines maladies, se transmettent de génération en génération. De même, on peut établir un rapprochement entre les thèses de Marx, selon lesquelles l'évolution de la société est basée sur la lutte des classes, et certains romans comme Germinal, dont le personnage principal, Étienne Lantier, est un mineur militant. Enfin, il existe un rapport lointain mais réel entre la place des pulsions chez certains personnages de Zola, comme Jacques Lantier dans La Bête humaine, et la découverte de l'inconscient par Freud.

D'autre part, le naturalisme doit en partie son triomphe aux mutations de la société de son époque. En effet, la deuxième moitié du XIXe représente l'époque de l'industrialisation de la société et de la naissance d'un prolétariat industriel. Or, certains romans comme Germinal de Zola, dont l'intrigue se déroule dans les mines, en sont le reflet. C'est aussi celle de l'urbanisation et du développement des grandes villes comme Paris. Or, plusieurs romans naturalistes, comme L'Assommoir et Thérèse Raquin du même auteur ou Bel-Ami de Maupassant contiennent des descriptions précises de la capitale dont ils révèlent les caractères sale, industrieux et prolétaire. C'est enfin la période où de grandes métropoles comme Paris deviennent le siège d'une consommation de masse. Or, un roman comme Au Bonheur des Dames de Zola montre la naissance des grands magasins parisiens et des techniques de vente modernes.