Pourquoi certains romans naturalistes ont-ils fait scandale au XIXe siècle, lors de leur parution ?
Quel est le but de l'écrivain naturaliste ?
Dans quel but le romancier naturaliste cherche-t-il à scandaliser le lecteur ?
Comment Ferragus surnomme-t-il le roman naturaliste ?
Que dénoncent les auteurs naturalistes dans leurs romans ?
Quel roman de Zola met en scène le monde des chemins de fer ?
Au XIXe siècle, Zola est le chef de file du courant naturaliste : à travers le cycle des Rougon-Macquart, il cherche à montrer l'hérédité des vices chez les membres d'une même famille. Le succès de ses romans s'accompagnent néanmoins de nombreux scandales et de réactions violentes dans le lectorat de l'époque. On verra tout d'abord l'ambition analytique du romancier naturaliste. Puis, dans un second temps, on s'intéressera à la condamnation dont sont porteurs les personnages naturalistes.
Tout d'abord, l'ambition du romancier naturaliste est d'être un analyste : à travers les intrigues de ses romans, Zola cherche à dévoiler les mécanismes de la vie et se compare en cela aux médecins légistes qui autopsient des cadavres pour comprendre le fonctionnement du corps. Pour cela, il n'hésite pas à montrer des réalités que ses contemporains préfèreraient ignorer, tant dans le destin de ses personnages que dans la dénonciation des inégalités sociales. Des journalistes comme Ferragus dénoncent la démarche des romanciers naturalistes et réalistes : dans l'un de ses articles, il parle de "littérature putride" et critique des romans qui, selon lui, préfèrent choquer pour masquer qu'ils n'ont en réalité aucun contenu. Il pointe par là l'absence d'esthétisation du réel qui empêche selon lui les lecteurs de s'évader d'une réalité en crise à l'époque. En réponse, Zola revendique en effet son choix de dévoiler sans concession les pires aspects de l'être humain au risque de choquer. Il refuse donc l'esthétisation car il souhaite mettre à jour les mécanismes de la réalité pour faire réfléchir son lecteur. Le roman de Zola, Nana, qui suit le destin d'une prostituée sous le Second Empire, n'épargne rien au lecteur et la scène de description du cadavre du personnage cherche à le choquer pour mieux l'amener à réfléchir sur la critique dont est porteuse l'écriture : "Toute une croûte rougeâtre partait d'une joue, envahissait la bouche, qu'elle tirait dans un rire abominable. Et, sur ce masque horrible et grotesque du néant, les cheveux, les beaux cheveux, gardant leur flambée de soleil, coulaient en un ruissellement d'or. Vénus se décomposait. Il semblait que le virus pris par elle dans les ruisseaux, sur les charognes tolérées, ce ferment dont elle avait empoisonné un peuple, venait de lui remonter au visage et l'avait pourri." On voit ici qu'à travers le personnage de Nana, c'est la corruption de tout un peuple que dénonce le romancier naturaliste.
Dans cette optique, les personnages des romans naturalistes sont avant tout conçus comme des cobayes, des moyens pour le lecteur d'expérimenter les théories scientifiques qui fleurissent à l'époque. Face à ces êtres souvent caractérisés avant tout par leurs vices, par leur hérédité, par leurs "fêlures" comme les appelle Zola, l'écrivain cherche moins à susciter l'identification du lecteur qu'à créer une distance propice à la réflexion. À travers cette exploration des vices, le romancier naturaliste crée des personnages qui apparaissent comme immoraux dans leurs comportements et créent ainsi l'indignation des lecteurs : dans La Curée, Zola relate la liaison interdite et quasi incestueuse entre Renée, mariée à un homme qui ne l'aime pas, et son beau-fils, Maxime. Le roman naturaliste met ainsi en avant des personnages d'anti-héros comme Jacques Lantier dans La Bête humaine : celui-ci est en proie à des instincts meurtriers vis-à-vis des femmes qu'il désire. Le lecteur est obligé de suivre son destin sans parvenir à comprendre ce personnage victime de son hérédité. Par ailleurs, le roman naturaliste est porteur d'une forte dimension critique qui ne fait pas l'unanimité parmi le lectorat de l'époque. Dans un contexte d'essor de l'industrialisation, la société de l'époque est en effet en plein bouleversement : on voit émerger des nouvelles catégories de bourgeois enrichis rapidement alors que les prolétaires deviennent de plus en plus pauvres. Le romancier naturaliste met en avant des personnages issus de ce nouveau prolétariat, prostituées dans Nana, mineurs dans Germinal, vendeuses dans Au Bonheur des Dames, cheminots dans La Bête humaine. Le lectorat bourgeois apprécie donc peu la satire des nouveaux riches qui est faite dans ces romans d'un nouveau genre et s'identifie peu aux problématiques des personnages sur lesquelles se centre l'écriture.
- Le naturalisme est un courant du XIXe siècle dont les œuvres ont connu beaucoup de succès mais ont également suscité de nombreuses polémiques à leur parution.
- Cela est dû au choix des thèmes des romans, dont la plupart sont empruntés à la vie quotidienne et paraissent trop triviaux aux lecteurs habitués à l'esthétique romantique.
- Par ailleurs, la peinture de la misère et de la déchéance des gens du peuple dérange.
- Enfin, certains lecteurs considéraient les personnages de Zola comme immoraux.