Expliquer les différentes agricultures durables dans le monde Exercice fondamental

Si des agricultures durables tentent de concurrencer voire de remplacer l'agriculture productiviste, leur mise en œuvre diffère selon le niveau de développement des États et des priorités fixées. Les enjeux économiques, environnementaux ou sociaux ne sont pas appréhendés selon les mêmes priorités.

L'agriculture biologique est la forme d'agriculture durable qui s'oppose le plus à l'agriculture productiviste. Ses principes, très encadrés, consistent à ne pas utiliser de produits chimiques, à recycler les matières organiques, à pratiquer la rotation des cultures. Elle bénéficie d'une bonne image, mais profite surtout aux catégories sociales les plus aisées, les coûts élevés de production se répercutant sur les prix. Elle reste pour l'instant pratiquée sur peu de surfaces dans le monde (moins de 1%) et ses rendements sont très inférieurs à ceux de l'agriculture productiviste. Elle peine donc à s'imposer. Moins en rupture avec le modèle productiviste, l'agriculture raisonnée se veut durable : elle recommande la traçabilité des aliments, une irrigation et une fertilisation limitée aux besoins réels des plantes, l'entretien de la biodiversité et des paysages, la gestion des déchets de l'exploitation.

Dans les pays développés, la mise en œuvre d'une agriculture durable cible l'aspect environnemental en priorité. En effet, les consommateurs et les opinions publiques sont de plus en plus exigeants sur la qualité des productions agricoles. Voulant en finir avec la pollution des sols et des eaux par les produits phytosanitaires, ils poussent les États à s'engager vers des voies de production plus raisonnées qui remettent en cause le modèle productiviste. Les pays en voie de développement sont, quant à eux, face à un dilemme : relever le défi de nourrir leur population croissante (Inde, Chine, Brésil) en diminuant les effets négatifs de l'agriculture productiviste aux niveaux environnemental et social. Quant aux pays les moins avancés, la priorité reste la satisfaction des besoins alimentaires de base et sortir de l'insécurité alimentaire. En effet, l'abandon progressif de l'agriculture productiviste apparaît pour l'instant comme un luxe réservé aux pays les plus riches.