À quels défis alimentaires l'Inde est-elle confrontée ?
Combien d'Indiens sont touchés par la sous-alimentation ?
Comment appelle-t-on la politique mise en place dans les années 1960 pour augmenter la production alimentaire ?
Quel est le pourcentage d'enfants indiens de moins de cinq ans souffrant de sous-nutrition ?
Quel est le pourcentage de la population active travaillant dans l'agriculture ?
Touchée par de terribles famines au milieu des années 60, l'Inde s'est lancée dans une révolution verte qui a permis au pays de devenir autosuffisant. Cependant, la sécurité alimentaire n'est pas totale aujourd'hui à cause des limites atteintes par les moyens utilisés par la révolution verte. Enfin, la mise en place d'une agriculture durable reste encore difficile dans cet État-continent.
Avec 212 millions de sous-alimentés (c'est-à-dire le même niveau qu'en 1992), l'Inde est le pays le plus durement touché au monde par la sous-alimentation, et un tiers de sa population vit sous le seuil d'extrême pauvreté. Le gouvernement indien a introduit, fin 2013, une nouvelle loi de sécurité alimentaire (National Food Security Act ou NFSA). La loi instaure une forme de droit individuel opposable à l'alimentation : 75% des individus dans les zones rurales, 50% dans les zones urbaines auront droit à une ration à bas prix de 5 kg de céréales par mois. En outre, le NFSA comprend d'autres éléments de protection : un traitement particulier des familles les plus pauvres, qui ont droit à une allocation supplémentaire pouvant aller jusqu'à 35 kg par mois. Pour les femmes, des allocations maternité et des repas gratuits durant la période de l'allaitement, des rations pour les enfants en bas âge, des déjeuners gratuits dans les écoles pour les enfants de 6 à 14 ans ainsi que pour tous les enfants sous-nourris. Cinquante ans après la révolution verte, la sécurité alimentaire reste donc très incomplète en Inde. Les systèmes agricoles indiens ont en effet vite montré leurs limites.
L'agriculture indienne est aussi caractérisée par une productivité insuffisante imputable à de multiples facteurs comme la petite taille des exploitations, la faible mécanisation, l'absence d'équipements et d'infrastructures adéquats, ainsi que les conséquences néfastes induites par la révolution verte dans les années 1970. Les exploitations indiennes ont une surface moyenne de 1,5 ha. À titre de comparaison, en France, la taille moyenne des exploitations est de 50 ha (soit plus de 30 fois supérieure). Si les autorités indiennes s'efforcent aujourd'hui de favoriser l'agrandissement des exploitations, le morcellement de la propriété foncière s'accentue néanmoins à chaque génération, en raison du droit coutumier et successoral. Cette fragmentation des exploitations contribue à la faible mécanisation des exploitations et empêche le développement d'une agriculture mieux organisée et plus productive. Enfin, l'insuffisance de l'investissement, notamment en infrastructures, est visible et il affecte directement la productivité de l'agriculture indienne. Les installations permettant le stockage et la conservation des cultures (chaîne du froid) font défaut et entraînent d'énormes pertes pouvant représenter jusqu'à 40% des récoltes dans le cas des fruits et légumes. En outre, seule 30% de la surface agricole utile bénéficie d'un système d'irrigation. Si la révolution verte a permis de dynamiser le secteur agricole en augmentant les rendements, elle a eu pour inconvénient d'accroître les coûts de production, ce qui a affecté la compétitivité indienne et a entraîné nombre de paysans dans une situation désespérée.
Face à toutes ces problématiques, la mise en place d'une agriculture durable en Inde reste le défi à relever. Au niveau économique, il faut dynamiser ses exportations de biens agricoles et ainsi réduire le déficit de sa balance commerciale. Stimuler sa croissance économique en augmentant sa part dans le commerce mondial de produits agricoles et agroalimentaires (actuellement de 1,2%) et en profitant au mieux du potentiel grandissant de la demande indienne stimulée par la pression démographique et l'augmentation du pouvoir d'achat. Au niveau social, importer à moindre coût des produits plus variés qui permettraient notamment de répondre à l'occidentalisation des modes de consommation. Les habitudes alimentaires des Indiens commencent à se modifier et seuls les produits importés étrangers sont, pour l'heure, à même de satisfaire leurs attentes et leurs nouveaux besoins, du fait de l'insuffisance des productions nationales, aussi bien en quantité qu'en diversité. Enfin, l'aspect environnemental reste négligé dans un pays où les OGM sont utilisés et les opinions peu concernées par ces problématiques.
- Malgré la révolution verte mise en place à la fin des années 1960, la sécurité alimentaire n'est toujours pas assurée en Inde.
- Le retard des systèmes agricoles indiens explique cette situation.
- La mise en place d'une agriculture durable en Inde n'en est qu'à ses débuts.