Quelle figure de substitution est notée en gras dans chacun des textes suivants ?
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! »
Joachim du Bellay, « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage », Les Regrets, 1558
La comparaison est la mise en relation de deux éléments (le comparé et le comparant) qui ont un point commun, à l'aide d'un outil comparatif (« comme », « ainsi que », « semblable à », « pareil », « ressembler », etc.).
Ici, le comparé est un homme heureux et le comparant est Ulysse. L'outil comparatif utilisé est « comme ».
« Quand il tomba, lâchant le monde,
L'immense mer
Ouvrit à sa chute profonde
Le gouffre amer ;
Il y plongea, sinistre archange,
Et s'engloutit. –
Toi, tu te noieras dans la fange,
Petit, petit. »
Victor Hugo, « Chanson », Les Châtiments, 1852
La métaphore est une analogie entre un comparé et un comparant sans outil comparatif. La métaphore est filée quand elle se poursuit sur plusieurs lignes ou vers.
Ici, Victor Hugo compare la chute d'empereurs avec la noyade. La métaphore est filée, elle se poursuit sur plusieurs vers pour créer un jeu de comparaison entre la fin de Napoléon Ier et de son empire, et la fin de Napoléon III.
La métaphore de l'eau, « L'immense mer », est utilisée pour évoquer la chute de l'Empire et la fin de Napoléon. La métaphore est filée :
- d'abord il y a l'évocation d'une chute, celle de l'Empire : « ouvrit à sa chute profonde / Le gouffre amer » ;
- puis l'évocation d'un plongeon, celui de Napoléon Ier : « Il y plongea [...] Et s'engloutit. » ;
- enfin la noyade de Napoléon III : « Toi, tu te noieras ».
« Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir ! »
Alphonse de Lamartine, « Le Lac », Méditations poétiques, 1820
La personnification est un procédé qui donne des traits humains à un objet ou à un élément concret, inanimé.
Ici, le poète s'adresse aux éléments de la Nature : « Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! » et les apostrophes, comme s'ils pouvaient parler et communiquer avec lui. On relève ainsi le pronom personnel pluriel de la deuxième personne qui prouve que le poète parle aux éléments naturels (« Vous ») ainsi que le verbe conjugué à la deuxième personne du pluriel « gardez ».
« L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. »
Jean de La Fontaine, « Le Chêne et le Roseau », Fables, 1678
La périphrase est la substitution d'un terme par une expression plus développée.
Ici, « Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. » désigne l'Arbre, c'est-à-dire le Chêne.
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;
L'onde s'enfle dessous, et d'un commun effort
Les Mores et la mer montent jusques au port.
On les laisse passer ; tout leur paraît tranquille ;
Point de soldats au port, point aux murs de la ville.
Notre profond silence abusant leurs esprits,
Ils n'osent plus douter de nous avoir surpris ;
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,
Et courent se livrer aux mains qui les attendent. »
Pierre Corneille, « Tirade de Don Rodrigue à Don Fernand », Le Cid, acte IV, scène 3, 1637
La synecdoque est une variété de métonymie, elle joue sur un rapport d'inclusion. Une partie évoque un tout ou un tout évoque une partie.
Ici, on trouve deux synecdoques qui évoquent une partie pour un tout :
- « trente voiles » pour trente bateaux ;
- « mains » pour les hommes sous le commandement de Don Rodrigue.