Quelle est la figure d'opposition employée dans les extraits suivants ?
« Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, [...] »
Alphonse de Lamartine, « L'automne », Méditations poétiques, 1820
L'adjectif « solitaire » est attribué au nom « sentier ». Pourtant, « solitaire » caractérise le poète. On doit comprendre que le poète est seul à marcher et à rêver sur ce sentier.
Il s'agit d'un hypallage. L'hypallage est l'attribution à certains mots d'une phrase d'autres mots de cette phrase (sans qu'il soit possible de se méprendre sur le sens).
« Tout jeune Napoléon était très maigre
et officier d'artillerie
plus tard il devint empereur
alors il prit du ventre et beaucoup de pays »
Jacques Prévert, « Composition française », Paroles, Paris, © Le Point du Jour, coll. Le Calligraphe, 1946
« Tout jeune Napoléon était très maigre et officier d'artillerie » : Prévert coordonne deux éléments différents sur le plan grammatical, l'adjectif « maigre » et le nom « officier d'artillerie » sont attributs du sujet « Napoléon ».
« alors il prit du ventre et beaucoup de pays » : Prévert coordonne deux éléments différentes sur le plan sémantique, le terme corporel « ventre » et le nom « pays » qui sont tous les deux compléments d'objet du verbe « prit ».
Il s'agit de deux zeugmas. Le zeugma est la coordination de deux éléments différents sur le plan grammatical ou sémantique.
« Un médecin, un auteur, un magistrat eussent pressenti tout un drame à l'aspect de cette sublime horreur [...] »
Honoré de Balzac, Le Colonel Chabert, 1832
L'expression « sublime horreur » rattache un adjectif de la beauté, « sublime », et un nom de la laideur, « horreur ».
Il s'agit d'un oxymore. L'oxymore est une variété d'antithèse où les deux termes de sens inconciliables sont rattachés par la syntaxe.
« Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien. »
Charles Baudelaire, « Hymne à la beauté », Les Fleurs du Mal, 1857
Ici, on relève à deux reprises l'association de deux termes contraires :
- « joie » et « désastres » ;
- « tout » et « rien ».
Il s'agit de deux antithèses. L'antithèse est le rapprochement de deux termes de sens contraires.
Le Comte Almaviva, masqué, veut qu'on l'appelle Lindor et interdit à Figaro qui vient de le reconnaître de l'appeler monseigneur.
« LE COMTE.
Maraud ! si tu dis un mot…
FIGARO.
Oui, je vous reconnais ; voilà les bontés familières dont vous m'avez toujours honoré. »
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, acte I scène 2, 1775
Figaro parle de « bontés familières » alors que le Comte le menace : « si tu dis un mot... ». Le Comte ne veut pas être démasqué et, pour faire taire Figaro, il le menace de coups auxquels le valet est habitué, raison pour laquelle Figaro exprime l'habitude : « familières », « dont vous m'avez toujours honoré ». Ainsi, « bontés » est le contraire de la réalité. Figaro dénonce donc avec ironie le comportement violent de son maître.
Il s'agit d'une antiphrase. L'antiphrase est un procédé qui consiste à dire le contraire de ce que l'on pense.